5 – « Sous les pavés, la plage… »1968 : CHAUSSURES PERDUES DE MANIFESTANTS DISPERSÉS
Il y avait à l’exposition de Gilles Caron qui se tint en 2013 au Musée de l’ Élysée à Lausanne une salle sur le manifestant avec en exergue la photo-icône du lanceur de mai 1968 avec la vision champ / contre-champ des manifestations.
Entamée à Nanterre dès mars 1968, l’agitation a gagné tout le monde étudiant puis le monde syndical qui prit le train en marche et fin mai le mouvement prit des allures de révolution en s’étendant au monde politique. Le 24 mai 1968 le général de Gaulle affirme à la télévision la nécessité du maintien de l’ordre public et promet l’organisation d’un référendum sur la participation, sans que ces annonces suffisent à faire retomber le soufflet. Face à l’apparente décomposition du pouvoir gaulliste, la gauche se rassembla le 27 mai au « meeting du Stade Charléty » et le 28 mai François Mitterrand et Pierre Mendès France annonçaient être prêts à former un « gouvernement provisoire ». Le 29 mai, on apprit que le général de Gaulle avait quitté l’Élysée ; tout le monde s’attendait à sa démission. En fait, il s’est rendu en RFA, à Baden Baden, pour s’assurer de la fidélité des chefs de l’armée.
Lorsque les premières barricades furent élevées, les étudiants constatèrent que les pavés avec lesquels les barricades étaient élevées, étaient posés sur un lit de sable posé par les ouvriers qui avaient réalisé ces chaussées.
Le slogan « Sous les pavés, la plage ! » résume les aspirations de Mai 68, le désir de liberté, il est scandé ou écrit sur les murs. Il a été imaginé fin mai 1968 non par des étudiants mais par de jeunes travailleurs, des publicistes, en grève à l'époque, en particulier, Bernard Cousin, lors d’un débat sur des graffitis à effectuer sur les murs.
A l'origine, il devait être: "il y a de l'herbe sous les pavés" mais le mot "herbe" pouvait créer un amalgame inadéquat avec le haschich, le mot "sable" - réellement utilisé sous les pavés dans la construction - s'imposa. Écrit au feutre rouge sur une feuille, la virgule fut ensuite rajoutée au slogan au stylo bleu. Il fut écrit pour la première fois à la place du Panthéon avant la place Edmond-Rostand. Une centaine de réalisations furent effectuées par la suite.
Bernard Cousin explique en 2008, 40 ans après mai 1968, à une journaliste de l’Express la signification du slogan célèbre, pas - comme on l’a dit trop souvent - que les étudiants après avoir arraché les pavés sont partis en vacances mais que : « le pavé représente nos constructions, les routes, le plan de roulement et ce qu'on édifie autour, si on l'arrache c'est qu'on ne comprend plus son agencement et son utilité, on ne comprend plus le plan... La plage c'est beaucoup plus ancien, c'est sous et c'est avant le pavé. Il est bien possible qu'avant de monter sur la dune explorer le vaste monde nous ayons vécu quelques millions d'années en mammifères semi-aquatiques. Le bonheur total de l'enfant pataugeant au bord de l'eau, notre évocation le soir ou nous avons crée le graffiti, pourrait bien être notre paradis perdu, cela expliquerait beaucoup de choses du corps de l'homme et de son comportement. C'est à vous, les jeunes d'explorer maintenant. »
Plus de détails sur : http://users.skynet.be/ddz/mai68/temoignages/souslespaves.html
Le 30 mai de Gaulle annonce à la télévision qu’il se maintient au pouvoir et qu’il dissout l’Assemblée Nationale. Le soir même des milliers de personnes lui manifestent leur soutien en province et à Paris, ils sont 500 000 aux Champs Elysées.
Avec la perspective de l’été, des examens à passer malgré tout pour sauver l’année d’études et des vacances qui se profilent le mouvement s’enlise dans le sable mais cette fois des plages.
La campagne électorale priva les contestataires de la possibilité d’entraîner dans une insurrection généralisée de type maoïste, trotskiste ou anarchiste, la gauche traditionnelle. Cette dernière pour ne pas effrayer son électorat rejeta toute alliance avec des extrémistes incontrôlables. Dès le 1er juin on assistait à la reprise progressive du travail et les étudiants se retrouvèrent isolés. Le 12 juin le gouvernement décida la dissolution de 12 organisations étudiantes révolutionnaires, le 16 juin l’évacuation de La Sorbonne se déroula dans l’indifférence.
Le parti gaulliste, l’U.D.R. - Union pour la Défense de la République -, orienta sa propagande sur « la menace de la révolution » et la condamnation des désordres. Les élections des 23 et 30 juin 1968 furent un « raz de marée » gaulliste car l’UDR eut à elle seule la majorité absolue avec 294 députés (auxquels s’ajoutent les 64 députés Républicains Indépendants, leurs alliés) soit ¾ des 487 députés se réclamant du gaullisme (contre 24 au PCF, 57 à la FGDS, 36 aux centristes). Pour les uns, c’est le sursaut national, pour les autres ce sont les « élections de la peur ».
Si les libertaires avaient perdu la bataille politique, ils avaient gagné la bataille sociétale. Le général de Gaulle tenta de relancer le régime en mettant Georges Pompidou « en réserve de la république » en juillet 1968 ; en appelant Maurice Couve de Murville comme 1er Ministre et en désignant Edgar Faure comme ministre de l'Education nationale. Il fit voter en octobre 1968 une loi sur l’autonomie des universités désormais gérées par les étudiants et les professeurs.
6 – 1969 : Traces de chaussures sur le sable … les unes s’effacent, les autres s’impriment dans la mémoire des hommes … de Gaulle, Armstrong.
Pour le général de Gaulle la relance du régime de la 5ème République reposait sur la « participation » de toutes les forces socio–économiques à la gestion des régions dans le cadre de la décentralisation. Le référendum du 27 avril 1969 – procédure qui lui avait jusque là bien réussi - porta donc sur la participation et la transformation du Sénat en « Assemblée des Régions ».
En fait, la campagne électorale fut l’occasion pour les adversaires de de Gaulle d’exprimer leurs griefs, même à droite, car Georges Pompidou a fait savoir qu’il serait candidat à la présidence en cas de démission de de Gaulle. Toute la gauche, les milieux d’affaires (favorables à une dévaluation, refusée par de Gaulle, pour annuler une part des hausses de salaires accordées en mai 1968), les Centristes et les notables locaux hostiles à la transformation du Sénat où ils sont très influents, les Républicains Indépendants de Valéry Giscard d'Estaing qui refusent leur rôle secondaire face à l’UDR, firent campagne en faveur du non au référendum. Le projet du référendum fut rejeté par 53,2% de non. Le 29 avril 1969 à midi le général de Gaulle annonça sa démission et se retira dans sa maison de Colombey les Deux Eglises – où il mourut le 9 novembre 1970 - ; le président du Sénat Alain Poher assura l’intérim.
Le vieux chêne avait été abattu par la tempête selon le mot d’André Malraux .
« Oh! Quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule ! »
Victor Hugo
André Malraux va revoir le général de Gaulle retiré à Colombey.
De telles rencontres n’ont guère existé dans l’histoire, Voltaire a oublié sa conversation avec Frédéric, Diderot celle qu’il eut avec Catherine II, Napoléon se contentait de dicter ses « Mémoires de Sainte Hélène » à des secrétaires. Voilà l’homme qui a infléchi le sens de l'Histoire en dialogue avec l’écrivain qui maîtrise au plus haut point l’art de la plume. Malraux vient avec acuité questionner un destin et il découvre une interrogation. De Staline à saint Bernard, tout est questionnement et éclaire de Gaulle de l'intérieur.
Le 17 mars 1971 Malraux publie « Les chênes qu'on abat... » : « Ce livre est une interview comme la Condition humaine était un reportage- dit-il dans sa préface -.
Je découvre aussi, avec surprise que nous ne connaissons aucun dialogue d’un homme de l’Histoire avec un grand artiste : peintre, écrivain, musicien… Même lorsque l’homme de l’Histoire a des témoins, il n’a pas d’entretien…J’ai tenu à montrer un général de Gaulle qui n’est pas seulement celui de l’Histoire.»
Lire sur :
http://www.babelio.com/livres/Malraux-Les-Chenes-quon-abat/68495/extraits
Les traces des pas de ce géant de l’histoire commencent à s’effacer comme sur le sable des plages d’Irlande où de Gaulle se rend en voyage privé du 10 mai au 19 juin1969 avec son épouse à la suite de sa démission. Il est accueilli à l'aérodrome de Cork par Jack Lynch, Premier ministre d'Irlande puis visite le Kerry, le Connemara, le Kenmare et Dublin. Il est reçu par Eamon De Valera, président de la République d'Irlande et participe à plusieurs dîners donnés en son honneur par Eamon de Valera et Jack Lynch. Pendant ce temps, le 15 juin Georges Pompidou est élu président de la République et de Gaulle lui envoie un télégramme de félicitations.
Presque au même moment la NASA s’apprêtait à tourner une page de l’histoire.
« Un petit pas pour un homme,
mais un pas de géant pour l'humanité »
Le programme Apollo est lancé par le président John F. Kennedy en 1961 avec comme objectif de faire atterrir un homme sur la Lune avant la fin de la décennie afin de démontrer la supériorité des États-Unis sur l'Union soviétique dans le domaine spatial dans le contexte de la Guerre froide.
L'objectif est alors ambitieux car aucun vol orbital habité américain n'a encore à l’époque été réalisé. Apollo 11 marqua la réussite d'un projet qui nécessita d’énormes moyens humains et financiers mobilisant jusqu'à 400 000 personnes et un budget de 135 milliards $ (valeur 2005).
Pour atteindre l'objectif la NASA (National Aeronautics and Space Administration) lança plusieurs programmes spatiaux destinés à préparer les futures expéditions lunaires : le programme Gemini pour les techniques de vol spatial, des programmes de reconnaissance (Programmes Surveyor, Ranger…) pour analyser les zones d'atterrissage et la consistance du sol lunaire. Pour atteindre la Lune, les responsables optent pour la méthode risquée du rendez-vous en orbite lunaire qui nécessite de disposer de deux vaisseaux spatiaux dont le module lunaire (L.E.M.) destiné à l'atterrissage sur la Lune. La fusée géante de 3 000 tonnes Saturn V est développée pour lancer les véhicules de l'expédition lunaire. L'incendie au sol du vaisseau spatial Apollo 1, dont l'équipage périt brûlé, entraîna un report de près de deux ans du calendrier. Après plusieurs missions sans équipage pour tester la fusée Saturn V et les deux vaisseaux spatiaux, la NASA lança en 7 mois quatre missions avec équipage: Apollo 7 (octobre 1968) est la première mission habitée, Apollo 8 (décembre 1968) est le premier vol habité en dehors de l’orbite terrestre.
L'équipage d'Apollo 11 est composé de Neil Armstrong, qui commande la mission et qui doit piloter le module lunaire jusqu'à la surface lunaire, Buzz Aldrin, deuxième homme à aller sur le sol lunaire et Michael Collins qui pilota du module de commande. Plusieurs phases cruciales n'ont jamais été réalisées et comportent des risques importants. Le site d'atterrissage sur la Lune devait se situer sur la face de la Lune visible depuis la Terre pour permettre les échanges radio, ne devait pas être cernée de falaises, de reliefs trop élevés ou de cratères profonds.
Le 16 juillet 1969 à 13 h 32 UTC le lanceur Saturn V, pesant plus de 3 000 tonnes, décolle de Cap Canaveral. Près d’un million de personnes ont fait le déplacement pour assister à cet événement. Après trois jours, le vaisseau Apollo se place en orbite lunaire. Le module lunaire Eagle, après treize révolutions autour de la Lune, se sépare du CSM et se pose dans la mer de la Tranquillité, le site sélectionné est dépassé de 7 km à la suite de problèmes durant la descente. Le LEM se pose le dimanche 20 juillet 1969 à 20:17:40 UTC.
Armstrong avant de poser son pied constate que le sol lunaire semble poudreux. Après avoir posé son pied tout en se tenant fermement à l'échelle, il observe que l'empreinte de sa semelle s'est parfaitement moulée dans le sol. En grattant celui-ci avec sa chaussure il constate que le matériau lunaire adhère sur celle-ci comme du charbon de bois pulvérisé. Armstrong effectue ses premiers pas sur la Lune le lundi 21 juillet 1969 à 2 h 56 min 20 s UTC devant des millions de téléspectateurs écoutant son message resté célèbre : « That's one small step for [a] man, one giant leap for mankind » (« C'est un petit pas pour [un] homme, mais un pas de géant pour l'humanité »). Après s'être éloigné de quelques mètres, il collecte rapidement un peu de régolithe et quelques petites roches lunaires au cas où un départ précipité serait nécessaire.
On estime que 500 à 600 millions de téléspectateurs et d'auditeurs ont suivi en Mondiovision l'atterrissage et la marche du premier homme sur la Lune. Trente-six chaînes de télévision sont présentes au centre de Houston, dont celle de la télévision publique roumaine, seul pays du bloc de l'Est présent. La salle de presse de Houston a accueilli 3 497 journalistes accrédités dont des délégations étrangères composés de 111 journalistes japonais, 80 italiens, 64 britanniques, 57 français, 44 allemands, 38 argentins, 38 mexicains, 32 canadiens, 21 australiens, 20 espagnols et 19 brésiliens.
La présence de ces milliers de journalistes, souvent aguerris sur les questions de manipulations médiatiques en ces temps de Guerre Froide, permet donc d’être sceptique face ceux qui aujourd'hui présentent l’expédition comme une mise en scène organisée par la NASA.
Plus de détails sur la thèse de la fausse expédition :
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20090630.OBS2579/a-t-on-vraiment-marche-sur-la-lune.html
Quinze minutes après, Buzz Aldrin descend à son tour . Sa sortie est photographiée par Armstrong. Alors qu'il pose le pied sur le sol lunaire il s'exclame « Belle vue » avant de préciser son sentiment par un « Magnifique désolation ». Armstrong lit le texte à haute voix : « Ici des hommes de la planète Terre ont pris pied pour la première fois sur la Lune, juillet 1969 ap. J.-C. Nous sommes venus dans un esprit pacifique au nom de toute l'humanité. » L'empreinte de la botte de Buzz Aldrin s'est imprimée de manière très nette sur le sol lunaire.
Armstrong déroule plante dans le sol le drapeau américain maintenu tendu par une baguette un peu courte d’où ses plis, ils ont faussement donné une impression de vent qui n’existe pas sur la lune en raison de l'absence d'atmosphère. Cet acte ne reflète pas une revendication territoriale mais veut marquer cette "victoire" américaine dans la course à l'espace.
Les astronautes ont récolté 21,7 kg d'échantillons de sol lunaire, installé plusieurs instruments scientifiques à la surface de la lune ; leur sortie a duré 2 h 31, ils ont parcouru 250 mètres. Le décollage depuis la Lune a lieu 124 h 22 min après le début de la mission. Les astronautes sont restés 21 heures et 36 minutes sur la Lune. Le vaisseau amerrit dans l'océan Pacifique 195 heures et 19 minutes après son décollage de la terre. Les trois astronautes sont mis en quarantaine pendant 21 jours, pratique qui perdura pendant les trois missions Apollo suivantes, avant que la Lune ne soit déclarée stérile et sans danger de contamination.
Le 21 juillet 1969, la sonde soviétique Luna 15, qui devait aussi ramener des échantillons de Lune, s'écrasa sur le sol lunaire après 52 révolutions autour de l'astre, témoignant de l'avance prise par les Américains.
Les astronautes ont récolté 21,7 kg d'échantillons de sol linaire, installé plusieurs instruments scientifiques à la surface de la lune ; leur sortie a duré 2 h 31, ils ont parcouru 250 mètres. Le décollage depuis la Lune a lieu 124 h 22 min après le début de la mission. Les astronautes sont restés 21 heures et 36 minutes sur la Lune. Le vaisseau amerrit dans l'océan Pacifique 195 heures et 19 minutes après son décollage de la terre. Les trois astronautes sont mis en quarantaine pendant 21 jours, pratique qui perdura pendant les trois missions Apollo suivantes, avant que la Lune ne soit déclarée stérile et sans danger de contamination.
Le 21 juillet 1969, la sonde soviétique Luna 15, qui devait aussi ramener des échantillons de Lune, s'écrasa sur le sol lunaire après 52 révolutions autour de l'astre, témoignant de l'avance prise par les Américains.
L'équipage d'Apollo 11 fut accueilli triomphalement lors de la parade dans les rues de New York le 13 août 1969.
Plus de détails sur : http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Apollo_11&oldid=110638533