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POINT DE VUE SUR L'ENFANT-MARTYR

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28 décembre :Les Saints Innocents, des enfants martyrs.

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        Alors que l'Eglise catholique célèbre les Saints Innocents, cette figure reste toujours au coeur de l'actualité en Centrafrique, en Syrie, dans les multiples lieux de conflits où les enfants et les nourrissons sont victimes des massacres ou des conséquences induites des conflits : froid, maladies et épidémies, soif et faim...Les infanticides de filles par meurtres à la naissance ou par manque de soin et de nourriture reste monnaie courante dans de nombreux pays de culture fortement paternaliste. 

Dado 1958 - Mass des Innocents - huile sur toile 194x259 c

Dado -1958 - "Massacre des Innocents"  - Huile sur toile 194 X 259 cm

Au 20ème s. on peut citer l’œuvre de Miodrag Djuric dit Dado (1933-2010) né en Yougoslavie au Monténégro. Il arrive à Paris en 1956. Peintre, dessinateur, graveur et sculpteur, il délaisse très vite les techniques acquises à l’Ecole des Beaux Arts de Belgrade, notamment le souci du détail au profit de grandes compositions où il privilégie le travail sur les coloris. C’est en particulier le cas d’une de ses premières œuvres datée de 1958, une grande Huile sur toile (194x260 cm) conservé au Centre Georges Pompidou, intitulée « le Massacre des innocents ou les limbes » . Nulle doute qu’on y trouve la trace des drames personnels et des horreurs vécus lors de la 2nde  Guerre mondiale en Yougoslavie avec le mouvement fascisant des Oustachis à la fois antisémite et anti-serbe. S’y ajoute la découverte après guerre des horreurs des camps de déportation nazis, de la guerre du Japon contre la Chine ou des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. 

 

Partout dans le monde se fait encore entendre la plainte de Rachel :

  "Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie : Une voix dans Rama s'est fait entendre, pleur et longue plainte : c'est Rachel pleurant ses enfants ; et ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus."  (De l'Evangile selon saint Matthieu ch.2 V.17-18 )

 

Le point sur l’enfant martyr :


http://www.hgsavinagiac.com/article-les-enfants-martyrs-une-reflexion-geopolitique-121015536.html

http://www.hgsavinagiac.com/article-point-de-vue-sur-l-enfant-martyr-121351786.html

 

http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-une-histoire-du-sacrifice-1-119673395.html

http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-2-iphigenie-119863606.html

http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-3-moloch-jephte-119863647.html

http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-4-isaac-et-abraham-119863670.html

http://www.hgsavinagiac.com/article-la-dimension-geopolitique-de-l-enfant-martyr-5-les-saints-innocents-119863687.html

 

http://www.hgsavinagiac.com/article-enfant-martyr-de-palestine-mohammed-al-dura-30-septembre-2000-119447309.html

http://www.hgsavinagiac.com/article-enfant-martyr-l-affaire-mohammed-al-dura-a-travers-le-prisme-de-l-histoire-119446588.html

 

PHOTO ET HISTOIRE : L’IMAGE-CHOC, Phan Thi Kim Phùc, « l’enfant symbole du Viet Nam » :

 

 



DES ARGUMENTS FACE AUX NEGATIONNISTES ET AUX ANTISEMITES

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        ALORS QUE "L'AFFAIRE DIEUDONNE" FAIT RAGE, IL EST IMPORTANT DE FAIRE UN POINT HISTORIQUE SUR LE NEGATIONNISME DE LA SHOAH  :  

 

Pour répondre aux attaques négationnistes,   faire le point sur le génocide des juifs par les Nazis:

  Negationnisme.jpg 

(1) Le bilan du génocide et la nécessité d’établir des responsabilités :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26893081.html

 

(2) Comment la mémoire de la 2ème Guerre fut en partie occultée en France ?

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26937837.html

 

(3) L’antisémitisme n’est pas mort avec la libération des camps, le négationnisme selon Rassinier et Darquier de Pellepoix.

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26946228.html

 

(4) Comment répondre au  négationnisme selon Darquier de Pellepoix ?

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26946679.html

 

(5) Comment répondre au  négationnisme selon Robert Faurisson ? Les arguments de l’historien Georges Wellers.

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26947689.html

 

(6) Les réponses de l’histoire face aux négationnistes :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26954914.html

 

(7) Les contre-vérités de Garaudy et Le Pen à propos du négationnisme :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26955324.html

 

(8) La réponse de l’ONU au président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui soutient les négationnistes :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26955495.html

 

(9) Le soutien de l’humoriste Dieudonné au négationniste Faurisson :

 http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26955705.html

 

 

  Et aussi :

    hitler-ghetto-de-varsovie f © AFP

§ une statue de Hitler dans le ghetto de Varsovie : Chronique d'une controverse

Une statue d’Hitler exposée dans le ghetto de Varsovie fait scandale 80 ans après l’arrivée du dictateur au pouvoir le 30 janvier 1933

 

yasukuni_d-copie-1.jpg

 

§ un négationnisme à la façon japonaise :

LE NEGATIONNISME JAPONAIS FACE AUX CRIMES DE LA 2nde GUERRE: L'Unité 731

"AFFAIRE DIEUDONNE" : Comment argumenter face à ceux qui nient la Shoah ?

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   ALORS QUE "L'AFFAIRE DIEUDONNE" FAIT RAGE, IL EST IMPORTANT DE FAIRE UN POINT HISTORIQUE SUR LE NEGATIONNISME DE LA SHOAH  :  

 

Pour répondre aux attaques négationnistes,   faire le point sur le génocide des juifs par les Nazis:

  Negationnisme.jpg 

(1) Le bilan du génocide et la nécessité d’établir des responsabilités :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26893081.html

 

(2) Comment la mémoire de la 2ème Guerre fut en partie occultée en France ?

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26937837.html

 

(3) L’antisémitisme n’est pas mort avec la libération des camps, le négationnisme selon Rassinier et Darquier de Pellepoix.

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26946228.html

 

(4) Comment répondre au  négationnisme selon Darquier de Pellepoix ?

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26946679.html

 

(5) Comment répondre au  négationnisme selon Robert Faurisson ? Les arguments de l’historien Georges Wellers.

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26947689.html

 

(6) Les réponses de l’histoire face aux négationnistes :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26954914.html

 

(7) Les contre-vérités de Garaudy et Le Pen à propos du négationnisme :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26955324.html

 

(8) La réponse de l’ONU au président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui soutient les négationnistes :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26955495.html

 

(9) Le soutien de l’humoriste Dieudonné au négationniste Faurisson :

 http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-26955705.html

 

 

  Et aussi :

    hitler-ghetto-de-varsovie f © AFP

§ une statue de Hitler dans le ghetto de Varsovie : Chronique d'une controverse

Une statue d’Hitler exposée dans le ghetto de Varsovie fait scandale 80 ans après l’arrivée du dictateur au pouvoir le 30 janvier 1933

 

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§ un négationnisme à la façon japonaise :

LE NEGATIONNISME JAPONAIS FACE AUX CRIMES DE LA 2nde GUERRE: L'Unité 731

EUTHANASIE : débat autour du projet de mémorial des handicapés morts de faim en France sous le régime de Vichy

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Un « appel national pour la création d'un mémorial en hommage aux enfants, femmes et hommes fragilisés par la maladie et le handicap, qui furent exterminés par le régime nazi ou condamnés à mourir par celui de Vichy » a été lancé par Charles Gardou, anthropologue, professeur à l’Université Lumière Lyon 2, qui conduit un travail universitaire sur  le handicap. Il s’est associé à la députée européenne Sylvie Guillaume et à Jean-Marc Maillet-Contoz, directeur de Handirect.

 

Le Programme Aktion T 4 nazi 

 

Lancé au début de la 2nde Guerre mondiale en Allemagne nazie le Programme Aktion T 4  conduisit à l’extermination deEuth handicapes 275 000 personnes handicapées physiques ou mentales – selon les chiffres du Tribunal Militaire International de Nuremberg - soit asphyxiés par des gaz d’échappement de camion ou dans des chambres à gaz expérimentales, soit par privation de nourriture, soit à la suite d’injections mortelles. Au nom de l'"hygiène raciale", le Programme T4 fut appliqué à la façon d’une "ordonnance médicale", pour protéger le peuple de la "gangrène ou de la tumeur cancéreuse", que représentaient ceux que l'on jugeait "génétiquement inférieurs".

Ce plan d'extermination fut précédé et accompagné de stérilisations contraintes, pratiquées à partir de l'une des toutes premières législations nazies. On estime à 400 000 le nombre des personnes stérilisées entre 1934 et 1945, en incluant les territoires annexés au Reich allemand après 1937et  tenus d'appliquer la même loi. 

 

En France, si aucun programme d’extermination n’a été appliqué, cependant 40000 à 50000  malades mentaux en établissements psychiatriques sont morts de faim durant la 2ème guerre  par abandon, absence de soin, sous-alimentation et autres maltraitances.

 

1987 : « L’Extermination douce » : le débat 

 Max Lafont Ext douce 1987

En 1987 dans « l’Extermination douce » le psychiatre Max Lafont a étudié cette page oubliée de l’histoire de France dans laquelle la responsabilité du régime de Vichy est pleinement engagée.

hecatombe des fous

Vingt ans plus tard, une historienne, Isabelle von Bueltzingsloewen, éclaire différemment les faits dans son ouvrage de 2007, « l’Hécatombe des fous ». Elle dénonce  « le mode de gestion de la maladie mentale » en France à l’époque, ellefou-France parle de « phénomène de mort sociale » qui a conduit à délaisser les malades conduits à la mort par le rationnement qui est alors la règle en France. En effet les internés ne peuvent compléter, comme la plupart des Français, leur alimentation grâce au marché noir ou au système D. Ce n’est qu’en décembre 1942 qu’une circulaire attribue des suppléments de ration alors que le taux de mortalité des malades internés a doublé depuis 1940. Mais affirme-t-elle la famine « qui a décimé les internés n’a pas été voulue, encore moins planifiée. Ni par les autorités allemandes ou françaises, ni par les psychiatres ».

 

Cette position est remise en cause par Charles Gardou : « C’est parce que ces personnes handicapées étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, comme des personnes qui ne comptent pas que leur situation particulière n’a pas été prise en considération par les autorités. Cet abandon les a conduits à la mort. »

 

Un point détaillé sur de débat :

http://www.mensongepsy.com/fr/2010/01/les-%C2%AB-alienes-%C2%BB-morts-de-faim-dans-les-hopitaux-psychiatriques-francais-sous-l%E2%80%99occupation/

 

 

L’Allemagne a créé un site commémoratif du Programme T 4, et la France ?

 euthanasie-handicapes

http://www.stiftung-denkmal.de/denkmaeler/gedenk-und-informationsort-fuer-die-opfer-der-ns-euthanasie-morde.html

 

En France, une pétition a été lancée : « qui se souvient de ces victimes ? Quel acte symbolique a été posé dans notre pays pour perpétuer leur mémoire ? Aucun,  (…) Rendons-leur hommage et justice (…) parce que, ni hier, ni aujourd’hui, il n’est pas de vies minuscules méritant le mépris et l’oubli»

Les auteurs de cette pétition posent la question de l’inacceptable oubli du destin tragique des enfants, des femmes et des hommes, fragilisés par la maladie et le handicap qui exterminés par le régime nazi ou condamnés à mourir par le régime de Vichy.  

 

La France a le même devoir de mémoire et de respect pour ces victimes. Le pays des droits de l'Homme ne peut faire l’impasse sur un mémorial aussi symbolique. Pour les auteurs de la pétition la devise Liberté, Egalité, Fraternité qui donne un socle à notre République, la raison et l'éthique qui fondent notre citoyenneté, la vulnérabilité qui nous relie et nous humanise, la fragilité bafouée et persécutée, appellent, pour eux comme pour toutes les victimes de la barbarie, un devoir de connaissance et de vérité, un devoir de témoignage et d'humanité pour que plus jamais cela ne se reproduise.

 

Conclusion :

 

Sous aucun motif, la dignité et la valeur des existences humaines ne peuvent se hiérarchiser. Parce que, ni hier ni aujourd'hui, il n'est pas de vies minuscules méritant le mépris et l'oubli.

 

Pour compléter la réflexion: comment combattre les arguments des négationnistes qui nient la réalité de la Shoah ?

DES ARGUMENTS FACE AUX NEGATIONNISTES ET AUX ANTISEMITES

"AFFAIRE DIEUDONNE" : Comment argumenter face à ceux qui nient la Shoah ?

 

A l'origine de cette pétition :

Charles Gardou, professeur à l'Université Lumière Lyon 2, consacre ses travaux et ses engagements nationaux ou internationaux au handicap

Jean-Marc Maillet-Contoz, lui-même en situation de handicap, directeur d'un magazine et organisateur d'événements sur le handicap

Premiers signataires : 

Armand Ajzenberg - Auteur de L'abandon à la mort... de 76.000 fous par le régime de Vichy, nov. 2012, L'Harmattan.

Suite sur :

https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/pour-un-m%C3%A9morial-en-hommage-aux-personnes-handicap%C3%A9es-victimes-du-r%C3%A9gime-nazi-et-de-vichy

Sortie du film "Monuments Men" sur la vie de Rose Valland

QIN SHI HUANGDI : REPRESSIONS EN CHINE D'HIER A AUJOURD'HUI (1)

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J’entame aujourd'hui une réflexion sur la répression en Chine sous la forme de diaporamas Power Point rapidement introduits.

 

Les attitudes répressives apparaissent comme une des constantes de l’histoire chinoise vieille de 25 siècles.

 

On peut évoquer ces répressions chinoises à travers 16 dates-clés qui marquent la mentalité et l’imaginaire collectifs chinois. 

 

La première correspond à celui que l’on considère comme le fondateur de l’Empire de Chine vers 221 avant JC : L’empereur Qin Shi Huangdi .

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1°) Pourquoi a-t-il marqué la conception géopolitique chinoise ? En quoi est-il un personnage politique incontournable à l’époque de la Chine impériale comme de la Chine rouge. Les monuments contemporains à sa gloire.

a 2 7 Muraille Chinea 4 2 Tombeau qin-sh d

a 5 6 Monu contn First Emperor aa 5 8 Cin Shihhuang Shaanxi statue contne

 

2°) Pourtant son règne est émaillé de multiples brutalités, exactions et répressions. Il exerce sur les Chinois le mystérieux attrait du maître un peu comme Mao ou Staline.

L’épisode le plus tristement fameux est l’élimination physique des lettrés confucéens pour mettre en place la nouvelle idéologie de la monarchie, celle des Légistes.

 

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3°) Je ponctuerai cette réflexion sur la répression en Chine par des réflexions sur la mise en  place des mécanismes totalitaires dans nos sociétés contemporaines des 20ème et 21ème siècles.

 

 Voir aussi mes articles sur la destruction des livres comme mécanisme totalitaire :

MALI : LIVRES BRÛLÉS…HOMMES MENACÉS, DE L’ANTIQUITE AUX SALAFISTES DU MALI OU LIBYE … ET A RAY BRADBURY: ICONOCLASME et « BIBLIOCLASME »


MALI: TOMBOUCTOU, LA SOMALIE DE AL-SHABBAAB ET BAMIYAN ET ; OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

MALI : TOMBOUCTOU, LIBYE, SOMALIE ET BAMIYAN, LA DESTRUCTION DES MAUSOLEES SOUFIS OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

a 7 8 1933-may-10-berlin-book-burninga 8 3 060204 saccage ambessade DK Damas AFP

 

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VOIR MAINTENANT LE DIAPORAMA POWER POINT :

Qin Shi Huangdi doc ppt Qin Shi Huangdi doc ppt

Cle Diaporama

 

1900 : LA REVOLTE DES BOXERS : REPRESSIONS EN CHINE D'HIER A AUJOURD'HUI (2)

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Je poursuis ma réflexion sur la répression en Chine sous la forme de diaporamas Power Point rapidement introduits.

 

Les attitudes répressives apparaissent comme une des constantes de l’histoire chinoise vieille de 25 siècles.

 

On peut évoquer ces répressions chinoises à travers 16 dates-clés qui marquent la mentalité et l’imaginaire collectifs chinois. 

 

La 2nde, 1900, correspond à la révolte des Boxers :

b 5 1 revolte boxers

 

1°) Elle s’inscrit dans un double contexte :

a)     L’affaiblissement du vieil Empire de Chine, dirigé par l'impératrice Ci Xi (Tseu Hi), il est rongé par la stagnation économique et par la contestation de la dynastie mandchoue des Qing, considérée comme une dynastie étrangère.

b 6 1 The Ci-Xi Imperial Dowager Empress (9 2)

b)     A partir de 1842 l’Empire mis en pièces doit céder aux occidentaux et au Japon à la suite de Traités inégaux, des concessions commercialesayant le statut de territoire extra-territorial dans la plupart des grandes villes chinoises.

b 1 2 1898-Le-partage-de-la-Chine-caricatureb 1 6 Herge Conc jap Shanghai

L’architecture urbaine chinoise a gardé la trace de cette époque à travers la conservation de certains bâtiments de cette époque comme le vieux quartier des affaires de Shanghai, le « Bund », et des cités ouvrières dont certaines ont été réhabilitées  comme la « Cité Bourgogne » à Shanghai datant de 1930. L’habitat populaire naquit entre 1860 et 1939, les « lilongs » sont des "lotissements spéculatifs" utilisant le modèle rural des enceintes avec une adaptation urbaine. L’extérieur du lotissement composé de maisons mitoyennes disposées en rangées parallèles et desservis par un réseau de ruelles de 2 à 4 mètres de large est bordé de commerces sur rue. Cet espace hybride, est né du mariage réussi de la maison à cour traditionnelle chinoise et de l’habitat ouvrier nord-européen du début du 20ème siècle.

b 2 2 the-bund-shanghai eb 2 4 the-bund-shanghai b

b 4 1 Shanghai cite Bourgogne fb 4 4 Shanghai cite Bourgogne c

 

2°) Dans un sursaut d’orgueil national la société secrète des « Poings de Justice et de la Concorde », surnommés les Boxers, se soulève à la fois contre la dynastie Qing d’origine mandchoue et contre la présence étrangère.

 b 5 3 revolte-boxersb 5 5 supplice-chinois 1241809871


3°) Après un temps de victoires, la Révolte des Boxers est écrasée par le pouvoir impérial allié à la coalition des puissances étrangères (européens, russes et japonais) présentes en Chine. b 6 7 boxersb 6 9 Dessin de Hermann-Paul, Barbarie. Civilisation Le C

C’est dans ces circonstances que s’inscrit le fameux épisode des « 55 Jours de Pékin » repris par le cinéma hollywoodien.

b 6 3 1900-13-La-Revolte-des-Boxersb 5 6 fifty five days at peking

 

Voir aussi mes articles sur la destruction des livres comme mécanisme totalitaire :

 

MALI : LIVRES BRÛLÉS…HOMMES MENACÉS, DE L’ANTIQUITE AUX SALAFISTES DU MALI OU LIBYE … ET A RAY BRADBURY: ICONOCLASME et « BIBLIOCLASME »

 

  MALI : TOMBOUCTOU, LIBYE, SOMALIE ET BAMIYAN, LA DESTRUCTION DES MAUSOLEES SOUFIS OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

MALI: TOMBOUCTOU, LA SOMALIE DE AL-SHABBAAB ET BAMIYAN ET ; OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

VOIR MAINTENANT LE DIAPORAMA POWER POINT :

  REPRESSIONS EN CHINE 2 Revolte des Boxers doc ppt REPRESSIONS EN CHINE 2 Revolte des Boxers doc ppt

Cle Diaporama



1911 : FIN DE L’EMPIRE DE CHINE : LES REPRESSIONS EN CHINE D'HIER A AUJOURD'HUI (3)

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Je poursuis ma réflexion sur la répression en Chine sous la forme de diaporamas Power Point rapidement introduits.

 

Les attitudes répressives apparaissent comme une des constantes de l’histoire chinoise vieille de 25 siècles.

 

On peut évoquer ces répressions chinoises à travers 16 dates-clés qui marquent la mentalité et l’imaginaire collectifs chinois. 

 

La 3ème, 1911, marque la FIN DE L’EMPIRE DE CHINE, en 1912 la République est fondée.

 b 6 1 The Ci-Xi Imperial Dowager Empress (9 2)

On peut retenir 3 axes marquants :

 

1°)   Cette disparition s'inscrit dans le contexte de la décadence de l’Empire de Chine :

     A la  mort de l’impératrice CiXi  en 1908, la Chine impériale, écrasée depuis 1847 par les humiliations,  refuse tout changement.

Une révolte républicaine  éclate en 1911. C’est alors la  fin de cet Empire vieux de 21 siècles et l’abdication  du dernier empereur,  Pou Yi qui a 6 ans.

Cependant la République lui laisse son titre et une pension jusqu’à son expulsion de la Cité Interdite en 1924.  

b 7 1 hsuantung

2°) Le destin romanesque du DERNIER EMPEREUR 

Les Japonais accordent l’asile politique à Pou Yi et  le mettent à la tête de l’Etat fantoche du Mandchoukouo qu’ils ont créé en Mandchourie envahie en 1931 afin de donner un semblant de légalité à leur occupation.

Les Japonais le nomment empereur de Chine en 1934 pour donner une illusion de légalité à leur occupation de la Chine du Nord  puis de l’Ouest à partir de 1937 – le véritable début de la 2nde Guerre mondiale -. Pou Yi abdique à nouveau en 1945.

b 8 5 PuYi eb 8 4 Pu Yi b

Capturé, Staline le livre à Mao en 1950. Interné en « camp de rééducation pour criminels de guerre ». Il est amnistié en septembre 1959 et finit sa vie comme jardinier à Pékin puis bibliothécaire.  Il meurt en 1967.  

b 8 2 Kangde Emperor of Manchukuob 8 6 puyi

Sa vie a été le sujet du film de Bernardo Bertolucci,  Le Dernier Empereur, de 1987, film tourné en Chine avec le soutien du gouvernement chinois.

 b 7 3 last emperorb 7 2 Film Bertolucci b

b 7 9 the-last-emperorb 7 4 bernardo-bertolucci

 

3°) Les origines de LA REPUBLIQUE DE CHINE:  

La république chinoise est créée en 1912par le leader nationaliste formé à Hawaï, Sun Yat Sen (= Sūn Yìxiān),  fondateur du parti Nationaliste, le Guomindang. Il est revendiqué comme le fondateur de la Chine moderne aussi bien en Chine communiste qu’à Taiwan.

b 8 8 SunYatsenc 1 2 Sunyatsen1

 Mais l’ancien 1er Ministre de CiXi, Yuan Shikai confisqua le pouvoir et tenta de rétablir l’Empire à son profit comme dans l’un de ces multiples coups d’état que connut l’histoire bimillénaire de l’Empire de Chine.

b 9 4 Yuanshikai2b 9 2 Yuan Shikai in uniform

Sa mort en 1916 entraîna l’anarchie dans  le pays morcelé entre  les Seigneurs de la Guerre.

Misères et brutalités sont une fois encore le lot des petites gens en Chine. 

b 9 5 Tuan Chi-jui

 

Voir aussi mes articles sur la destruction des livres comme mécanisme totalitaire :

 

MALI : LIVRES BRÛLÉS…HOMMES MENACÉS, DE L’ANTIQUITE AUX SALAFISTES DU MALI OU LIBYE … ET A RAY BRADBURY: ICONOCLASME et « BIBLIOCLASME »

 

MALI : TOMBOUCTOU, LIBYE, SOMALIE ET BAMIYAN, LA DESTRUCTION DES MAUSOLEES SOUFIS OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

ICONOCLASME : DES ISLAMISTES DETRUISENT DES TEMPLES BOUDDHISTES AU BANGLADESH, LE CHOC DES CIVILISATIONS SOUS LES FEUX DE L’ACTUALITE

 

VOIR MAINTENANT LE DIAPORAMA POWER POINT :

 

1911 Fin Empire 3 - REPR EN CHINE doc ppt 1911 Fin Empire 3 - REPR EN CHINE doc ppt


Réécrire l’histoire ? Euthanasie, « mort miséricordieuse » ou « mort douce » ? Bernard Kouchner à la tâche

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f 1 2 1984 Folio Orwell Big Brotherf 1 6 Orwell1984 affiche b

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« …la petite femme rousse peinait….à rechercher dans la presse et à éliminer les noms des gens qui avaient été vaporisés et qui étaient considérés comme n'ayant jamais existé. Il y avait les immenses ateliers d'impression ... équipés pour le truquage des photographies. ….Il y avait les armées d'archivistes qui dressaient les listes des livres et des périodiques qu'il fallait retirer de la circulation.

Et quelque part, absolument anonymes, il y avait les cerveaux directeurs qui coordonnaient tous les efforts, exigeant que tel fragment du passé fût préservé, tel autre falsifié, tel autre encore anéanti.

Et le Commissariat aux Archives n'était qu'une branche du « Ministère de la Vérité »

1984 de George Orwell p.65-66

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Les Procès de Moscou en 1934, ceux de Prague en 1948 et ceux de l’ère maoïste, ont montré comment des régimes peuvent réécrire l’histoire.   

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Le commissaire du peuple  Nikolaï Yezhov, aux côtés de Staline, Vorochilov et Molotov est "gommé" après les purges de Moscou .

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"Effacement de la Bande des Quatre" après leur élimination à la suite de la mort de Mao Zedong en 1976.

 

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Le 26 juin 2014 sur France Inter, Bernard Kouchner plaidait pour l’effacement des mots, l’effacement de l’histoire ?

B Kouchner sur France Inter«N'employons plus jamais le mot euthanasie. D'abord il y a nazi dedans, ce qui n'est pas gentil » a-t-il lancé sur les ondes de la radio. «Et puis on a tout de suite l'impression qu'il y a une agression, vous voyez, qu'on va forcer les gens, comme le mot ingérence.» 

Et de plaider pour l’expression « mort douce » : «employer des mots qui sont doux. La fin de vie doit être quelque chose qu'on partage avec les siens et qui doit être un témoignage d'amour plus que de brutalité.»

A lire :

http://www.leparisien.fr/societe/fin-de-vie-kouchner-ne-veut-pas-du-mot-euthanasie-car-on-entend-nazi-26-06-2014-3955705.php

 

Voilà qui suscite de curieuses résonnances en Allemagne comme en France :

Lire mon article :

EUTHANASIE : débat autour du projet de mémorial des handicapés morts de faim en France sous le régime de Vichy

euthanasie-handicapesEuth handicapes

En 1939 est lancée sur l’ordre d’Hitler l'aktion T4, appelée aussi «programme d'euthanasie», visant, afin de réduire les dépenses de l’Etat à l’heure de l’effort de guerre – guerre contre les dépenses inutiles provoquées par des bouches inutiles sans aucun intérêt pour la nation, c’est déjà la question des déficits publics dans une Allemagne qui peine à sortir des conséquences de la crise économique des années Trente –   l’élimination des handicapés physiques et mentaux (vraiment, dirait M.Kouchner « ce n’est pas gentil » … )

 

Conçu comme un “programme humanitaire”, il prend le nom de Programm für unheilbaren Kranken, c’est-à-dire “programme pour le malade incurable”.

 

Ce programme applique les thèses du juriste Karl Binding sur la notion de  “vie indigne d’être vécue” (dans le livre Die Freigabe der Vernichtung lebensunwerten Lebens  = L’autorisation de supprimer la vie indigne d’être vécue, écrit avec le psychiatre Alfred Hoche) : Il pose la question en y répondant par l’affirmative : Existe-t-il des vies humaines qui auraient à ce point perdu la qualité de bien juridique que leur prolongation, aussi bien pour le porteur de la vie que pour la société, serait définitivement privée de toute valeur?” ; concluant à la nécessité d’autoriser la suppression de telles vies.

   

Ces actions étaient effectuées sans avertir les proches des patients concernés (voilà encore une curieuse résonnance avec « le procès Bonnemaison »). Sans aucun contrôle judiciaire les personnes à éliminer étaient sélectionnées par les médecins et réparties en trois groupes:  celles souffrant de maladie psychologique, de sénilité ou paralysie incurable; ‚ celles hospitalisées depuis au moins cinq ans; ƒ  celles internées comme aliénés criminels, les étrangers et celles qui étaient visées par la législation raciste nationale-socialiste.

f 2 2 Orwell1984 affichePour Carl Schmitt, le “juriste du IIIe Reich”, la souveraineté ou pouvoir de l’Etat, se définit comme “pouvoir de décréter l’état d’exception” : la création d’une catégorie juridique de la “vie indigne d’être vécue” est analysée comme cet état d’exception que l’Etat peut légitimer par rapport à la loi fondamentale qu’est l’interdiction du meurtre, c’est affirmer la légitimité première et absolue de l’Etat, qui donc par essence « totalitaire » et échappe à toute norme. C’est faire de l’Etat la seule source légitime de normativité pour la société.

 

Au procès de Nuremberg (1945- 1946), on a estimé à 275 000 le nombre des victimes de Programme T4. Ce programme d’euthanasie a servi de « ballon d’essai » et d’expérimentation avant la généralisation de  l'extermination systématique des Juifs, Tziganes, résistants … mise en œuvre à partir de 1942. Les médecins Karl Brand et Viktor Brack, responsables du programme, furent condamnés à mort au procès de Nuremberg ; tous deux ont déclaré ne pas ressentir de culpabilité dans la mesure où la question de l’euthanasie ne tarderait pas à se poser à nouveau.

Max Lafont Ext douce 1987Mais les nazis étaient aussi soucieux de ménager l’opinion publique et pour qualifier l’entreprise, le führer recommanda d’utiliser un mot plus doux que celui d’euthanasie, le mot  «gnadentod» qui peut se traduire par «mort infligée par pitié» ou «mort miséricordieuse». 

a 7 1 Raoul hausmann L esprit de notre tps 1920Raoul hausmann "L'esprit de notre temps"  v.1920

L’Etat nazi n’est pas une exception, il est en réalité l’exemple extrême de l’Etat idéologique totalitaire, qui se considère comme habilité à attribuer ou non une valeur à la vie humaine et à décider de l’application ou pas de la loi en fonction de ses propres critères d’évaluation de ce qui est bon pour l’Etat ou la nation en dehors de toute obligation normative légale ou morale. En refusant l’analyse rationnelle de l’expérience nazie, on refuse de prendre en compte des mécanismes totalitaires qui peuvent gangréner n’importe quel Etat, y compris les Etats démocratiques. Les logiques économiques libérales fondée sur la seule recherche du profit peuvent conduire à des logiques d'élimination des dépenses considérées comme inutiles ( derrière le mot dépenses il y a des personnes âgées en fin de vie, des handicapés moteurs ou mentaux ...) pour lutter contre le problème des déficits publics notamment dans le secteur de la santé publique. Est-on si loin des considérations du régime nazi ?

 

 

Voir la Tribune parue dans Le Figarovox :

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/06/27/31003-20140627ARTFIG00329-aktion-t4-quand-les-nazis-pratiquaient-la-mort-misericordieuse.php?cmtpage=0

et aussi :

http://cahierslibres.fr/2014/06/euthanasie-etat-nazi/

 

G. Agamben Le pouvoir souverain et la vie nue, Homo sacer I, Paris, Seuil, 1997 (1995), partie III “Le camp comme paradigme biopolitique du moderne”, chapitre 3 “La vie qui ne mérite pas de vivre”

ICONOCLASME : LES DJIHADISTES DE L’ETAT ISLAMIQUE (E.I.) DETRUISENT LA TOMBE DU PROPHÈTE JONAS, SITE SACRE CHIITE.

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Après l’Afghanistan, la Somalie et le Mali, l’iconoclasme de l’islam radical s’abat sur l’Irak et la Syrie. 

Destr tombeau de Jonas jt 2014.capt.ecran b

  LE SITE DES BOUDDHAS DE BAMIYAN PEUT-IL RENAÎTRE ? CHRONIQUES DU VANDALISME


MALI : TOMBOUCTOU: DESTRUCTION DES MAUSOLEES HISTORIQUES; ART ET POLITIQUE : LE VANDALISME A L’ŒUVRE

 

MALI: TOMBOUCTOU, LA SOMALIE DE AL-SHABBAAB ET BAMIYAN ET ; OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

MALI : TOMBOUCTOU, LIBYE, SOMALIE ET BAMIYAN, LA DESTRUCTION DES MAUSOLEES SOUFIS OU LE RETOUR DE L’ICONOCLASME : ART ET POLITIQUE

 

MALI : LIVRES BRÛLÉS…HOMMES MENACÉS, DE L’ANTIQUITE AUX SALAFISTES DU MALI OU LIBYE … ET A RAY BRADBURY: ICONOCLASME et « BIBLIOCLASME »

 

MALI : FRANCOIS HOLLANDE DENONCE LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL DE L’HUMANITE

 

ICONOCLASME : DES ISLAMISTES DETRUISENT DES TEMPLES BOUDDHISTES AU BANGLADESH, LE CHOC DES CIVILISATIONS SOUS LES FEUX DE L’ACTUALITE

 

APPEL AU SECOURS EN AFGHANISTAN : APRES BAMIYAN, MES AYNAK, LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL BOUDDHISTE A NOUVEAU MENACE.

 

MALI: TOMBOUCTOU, LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE PAR LES ISLAMISTES S'EST POURSUIVIE JUSQU'A L'ARRIVEE DES TROUPES FRANCO-MALIENNES : Biblioclasme et iconoclasme à l'oeuvre

 

MALI -28 janvier 2013 - Réflexion des médias sur la destruction du patrimoine culturel par les Islamistes : Revue de presse

 

L’Etat islamique (E.I.) sunnite, a mis sous son contrôle une partie de la Syrie et de l’Irak.  Son chef Abou Bakr Al-Baghdadi y a restauré le califat et poursuit son entreprise de normalisation, terrorisant la population et s’en prenant à tous les lieux religieux hors de leur mouvance spirituelle.

Territoires sous controle EIIL (Co) les Echos.frSunnites & Chiites au Moy-Orient (Co) Les Echos.fr 

 

Après avoir imposé la Charia à la population de Mossoul,  au Nord de l’Irak, qu'ils contrôlent depuis juin 2014, comme au Mali, les djihadistes ont entamé dans la ville une campagne de destruction de tout le patrimoine anti-islamique, considéré « haram » (interdit), selon leurs critères (présences chiite et chrétienne).

MALI: TOMBOUCTOU, LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE PAR LES ISLAMISTES S'EST POURSUIVIE JUSQU'A L'ARRIVEE DES TROUPES FRANCO-MALIENNES : Biblioclasme et iconoclasme à l'oeuvre

Destr tombeau de Jonas jt 2014.capt.ecran cJeudi 24 juillet 2014, ils ont fait exploser – information donnée par C.N.N. et The Guardian - à Mossoul le mausolée réputé pour abriter la tombe du prophète biblique et coranique Jonas (Nabi Younès ou  Yunus en arabe). Ce lieu de pèlerinage chiite était construit sur un site archéologique très ancien  et il n’en reste qu'un tas de pierres. Le sanctuaire de cette figure religieuse a été « réduit en poussière », déplore auprès de l’AFP un officiel. Son mausolée bâti sur un site archéologique remontant à l’époque mésopotamienne (8ème s. avant Jésus-Christ) était considéré comme l’un des plus vieux vestiges historiques de Mossoul. Vêtus de cagoules et de manteaux noirs, des militants de l'E.I. ont détruit à coups de marteaux des pierres tombales veilles de plusieurs siècles. Une mosquée avait été construite sur le lieu où il aurait été enterré à Mossoul, de nombreux pèlerins venus du monde entier y convergeaient. Elle avait été rénovée dans les années 1990.

Destr tombeau de Jonas jt 2014.capt.ecran aSelon les habitants, cités par l'agence Associated Press, les militants de l’E.I. ont demandé à toutes les personnes présentes d'évacuer le lieu saint chiite, au motif que l'endroit serait devenu un lieu d'apostasie (renoncement à la vraie doctrine musulmane) et non plus de prière. Les membres ont interdit l’accès du lieu de culte avant d’y installer des explosifs et les faire exploser, ont indiqué des témoins de la scène qui préfèrent rester anonymes. Sur les images, on peut voir le bâtiment entièrement soufflé par la déflagration qui a également endommagé des maisons alentour. Cette mosquée était bâtie sur un site archéologique remontant à l’époque mésopotamienne pré-islamique du 8e siècle avant Jésus-Christ, considéré comme l'emplacement où aurait été enterré Jonas, prophète cité à la fois par le Coran et par la Bible.

Cette démolition "est encore une nouvelle démonstration de l'intention de ce groupe terroriste de détruire le patrimoine et l'identité" de l'Irak, a estimé l'envoyé de l'ONU dans le pays, Nickolay Mladenov. Le chef chiite Moqtada Sadr, dont les partisans ont pris les armes pour protéger les lieux saints menacés, a également condamné la destruction du sanctuaire de Jonas. "Il était un prophète de toutes les religions", a déclaré M. Sadr dans un communiqué. Ceux qui ont détruit le lieu saint "ne méritent pas de vivre", a-t-il affirmé.

Michel Ang Jonas (Co)Wikipedia Jonas rejete par la baleine Bible de Jean XXII (Co) Wikiped

Dans les trois religions monothéistes – juive, chrétienne et musulmane - , le prophète Jonas, figure centrale du Livre de Jonas, révéré par les Musulmans et les Chrétiens, est connu pour avoir été recueilli dans le ventre d’un gros poisson - une baleine pour certains, un cachalot pour d’autres - après avoir été jeté à la mer par des marins affolés par une tempête causée par le refus de Jonas d’obéir au plan de Dieu.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jonas

Chapiteau abbaye Mozac Jonas(Co)WikipediaLes autorités ont également indiqué dans un journal local que  le mausolée du prophète Daniel avait été bombardé, rapporte le site anglophone Al-Arabiya.

Selon un porte-parole des autorités de la ville de  Ninevah, les rebelles auraient détruit le tombeau du prophète Seth (Shayth ou Nabi Chith)Dans la tradition juive, islamique et chrétienne, Seth est le troisième fils d'Adam et Eve.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Seth_(Bible)

Seth par Zhdan Dementiyev (1630)St. Cyril-Belozersky Co WiSami al-Massoudi, directeur-adjoint de l'Office des biens religieux chiites, a confirmé la destruction du sanctuaire, et ajouté que les djihadistes avaient emporté des objets qui s'y trouvaient. "Ces gens suivent cette doctrine religieuse impossible selon laquelle ils doivent détruire ou tuer toute chose ou personne qui diffère de leurs vues", a-t-il déclaré. "Cela n'a tout simplement rien à voir avec l'islam", a-t-il insisté.

 

La religion sunnite radicale condamne la vénération des tombes et des reliques, rejette toutes les autres branches de l'islam.

Le 24 juillet 2014 un lieu de culte (la mosquée de l’imam Aoun Bin Al-Hassan) a également été détruit non loin. «Le groupe a menacé de détruire tout sanctuaire qui lui paraîtrait non-islamique» toujours selon C.N.N.

Les djihadistes ont déjà détruit plusieurs mosquées chiites ainsi que des églises chrétiennes.

C’est une façon de défier la communauté internationale tout en anéantissant tout ce qui va à l’encontre de leur religion et idéologie radicales.

Depuis juin 2014 les membres de l’EI ont détruit ou endommagé plusieurs mosquées et mausolées  chiites mais aussi sunnites à Mossoul, seconde plus grande ville d'Irak et à Tal Afar à environ 50 kilomètres de Mossoul où 7 lieux de culte ont été détruits en juin selon CNN et un rapport de Human Rights Watch.

Le palais épiscopal des Syriens catholiques de Mossoul et la cathédrale Al-Taheera ont également été incendiés et les chrétiens sont chassés de la ville

 

53 corps ont été découverts dans une zone agricole à l'extérieur de la ville de Hilla, au sud de Bagdad, le 9 juillet. Selon un officier de police et un médecin, les morts avaient tous entre 25 et 40 ans. Bien que les motifs de cette tuerie restent à déterminer, elle rappelle les bains de sang que l'Irak a connu entre 2006 et 2007 : des milices chiites et des groupes Sunnites massacraient impitoyablement les membres des autres cultes, les corps étaient abandonnés le long des routes et canaux. Or depuis 2014 tensions sectaires et assassinats ont repris à large échelle. 

 

Sur le plan sociétal l'Etat islamique en Irak a obligé les propriétaires de magasin de mode de la ville de Mossoul à voiler les mannequins en vitrines. Selon les extrémistes islamiques, une interprétation stricte de la charia interdit les statues ou les oeuvres d'art représentant la forme humaine.

L'Etat islamique (E.I) a dressé un code vestimentaire pour les femmes de Mossoul qui doivent porter un voile couvrant le visage, les contrevenantes s'exposant à un châtiment sévère. "Ce n'est pas une restriction de la liberté des femmes, il s'agit de les empêcher de tomber dans l'humiliation et la vulgarité", selon un communiqué l' E.I qui entend les protéger des regards : "Quiconque ne se tient pas à son devoir et ne cherche que la séduction devra répondre de ses actes et sera sévèrement puni afin de protéger la société de toute nuisance, maintenir les impératifs religieux et la protéger de la débauche". Un imam de Mossoul a raconté à l'agence Reuters que des hommes armés l'avaient obligé à lire cette déclaration devant les fidèles réunis à la mosquée. L'E.I. exige des femmes de Mossoul qu'elles se couvrent mains et pieds, privilégient les vêtements amples et ne se parfument pas. L'obligation de porter un voile couvrant l'ensemble du visage s'applique également aux mannequins en vitrine des boutiques de vêtements. Les femmes ont par ailleurs interdiction de marcher dans la rue sans être accompagnées par un homme.

mannequins voiles (Co)A.P.Les djihadistes entendent aussi bannir toute référence culturelle jugée non-islamique. Ils ont notamment fermé les écoles des beaux-arts et d'éducation physique de Mossoul, abattu des statues de poètes célèbres, interdit la cigarette et le narguilé.

L'E.I., d'obédience sunnite radicale, considère les chiites comme des infidèles et a ordonné aux chrétiens de Mossoul de se convertir à l'islam ou de payer un impôt religieux, les réfractaires sont menacés de mort.

 

Sitographie :

http://www.lefigaro.fr/international/2014/07/25/01003-20140725ARTFIG00328-quand-les-djihadistes-s-en-prennent-au-patrimoine-culturel.php

http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2014/07/25/irak-l-ei-pulverise-un-lieu-de-pelerinage-musulman-a-mossoul_4463135_3218.html

http://www.saphirnews.com/Irak-des-tombes-de-prophetes-detruites-par-l-Etat-islamique-video_a19367.html

http://www.atlantico.fr/pepites/irak-images-militants-etat-islamique-detruisant-pierres-tombales-dont-celle-prophete-jonas-1659244.html

http://www.slate.fr/story/90307/eiil-detruit-tombe-jonas

http://www.lorientlejour.com/article/878047/irak-les-jihadistes-de-daech-dynamitent-un-sanctuaire-chiite-a-mossoul.html

http://www.fait-religieux.com/en-bref-1/2014/07/26/en-irak-l-etat-islamique-detruit-la-tombe-du-prophete-jonas

 

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1734/Irak/article/detail/1960853/2014/07/25/L-Etat-islamique-fait-voiler-les-mannequins-en-vitrine.dhtml

http://www.romandie.com/news/Les-femmes-de-Mossoul-obligees-de-se-voiler-tout-le-visage_RP/501331.rom

 

1919 : « MOUVEMENT DU 4 MAI » et 1927 «MASSACRE DES COMMUNISTES DE SHANGHAI » : REPRESSIONS EN CHINE, HIER ET AUJOURD'HUI (4)

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 Je poursuis ma réflexion sur la répression en Chine sous la forme de diaporamas Power Point rapidement introduits.

Les attitudes répressives apparaissent comme une des constantes de l’histoire chinoise vieille de 25 siècles.

On peut évoquer ces répressions chinoises à travers 16 dates-clés qui marquent la mentalité et l’imaginaire collectifs chinois. 

 

 

La 4ème, 1919, est considérée par les Communistes de Pékin –Beijing- aussi bien que par les Nationalistes de Taiwan comme la véritable naissance de la Chine moderne :  

ce fut une manifestation d’étudiants chinois contre la décision diplomatique de transmettre au Japon les possessions de l’Allemagne en Chine confisquées à la suite du Traité de Versailles, elle a été surnommée « le Mouvement du 4 mai ». 

c 1 1 May Fourth 1919 ChineEn effet la Chine entra en guerre contre l'Allemagne en 1917. Pourtant  le  traité de Versailles refusa de reconnaître la souveraineté retrouvée de  la Chine et attribua au Japonles possessions allemandes du Shandong.

Aussi, le 4 mai 1919 3000 étudiants manifestent place Tiananmen contre la soumission de la Chine au Japon. Ils dénoncent aussi le poids des traditions confucéennes et l’oppression des femmes, s outiennent la modernité car il ne faut pas oublier que pendant 13 siècles (de 605 à 1905 – exemple unique de permanence de structures bureaucratiques -) les fonctionnaires chinois, les mandarins, ont été recrutés par concours portant sur les cinq Classiques confucéens - les Kings -.

le système des examens impériaux

j Qing Dynasty Mandarinj CHINE publication examen

  Cette modernité est incarnée par le leader nationaliste Sun Yat Sen.

c 1 2 Sunyatsen1Le Mouvement du 4 Mai marque l’émergence d'une conscience patriotique chinoise, il est célébré en Chine communiste comme  à Taiwan.

 

La 5ème est 1927 : Sun Yat Sen meurt en 1925, le Général Tchang Kai Chek (= Jiang Jieshi)  prit la tête du parti nationaliste libéral du Guomindang et  entama la réunification chinoise.

c 1 3 jiang jieshi bonIl abandonne la stratégie d’unité avec  le Parti Communiste Chinois – P.C.C. - adoptée par Sun Yat Sen en 1920. Tchang Kai Chek  décide la liquidation  des communistes, c’est en 1927  le massacre des militants communistes de Shanghai. Officiellement 300 communistes furent exécutés mais 5000 furent portés disparus.

   c 2 2 Shanghai 1927 bc 2 4 Shanghai 1927 c

 c 2 3 Shanghai 1927

C’est cette insurrection et  les ambiguïtés  de Moscou  et de l’Internationale communiste – Komintern - envers les communistes  chinois que décrit le célèbre livre d’André Malraux, « la Condition humaine ».

 c 2 6 Malrauxc 2 8 malraux condition humaine c

S’ouvre alors une longue période de GUERRE CIVILE jusqu’en 1949.

Face aux Nationalistes, Mao Zedong, nouveau secrétaire général du PCC depuis 1931, décide de se réfugier dans les montagnes de  l’intérieur de la Chine : C’est la  LONGUE  MARCHE qui dura plus d’un an en 1934 où périrent et désertèrent  plus d’1 communiste sur 2.

 c 3 5 MaoLonguemarche bc 3 4 Mao-Zedong-Longue-Marche-1934-1935-1

c 3 6 vignette Sculpture du mausole de Mao  

VOIR MAINTENANT LE DIAPORAMA POWER POINT :

1919 & 1927 Mass Shanghai 4-5 REPREN CHINE doc ppt 1919 & 1927 Mass Shanghai 4-5 REPREN CHINE doc ppt

Cle Diaporama

SUICIDES PAR LE FEU, LE FEU AU CŒUR DE L’EXPERIENCE HUMAINE :

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Comprendre les suicides  - les auto-immolations – par le feu passe par une appréhension des significations souvent multiples du feu dans la psychologie humaine. Une  brève approche ethno-historique s’impose .

Saïgon le 11 juin 1963 :

Thich Quang Duc le 11 juin 1963 à Saïgon (Photo Malcolm 

Le feu purifie, régénère et rassure

 La maîtrise du feu par Homo erectus  est une étape majeure dans l’évolution préhistorique de l’homme : alors que l’animal craint et fuit le feu, l’homme le domestique et le met à son service à la fois comme facteur technologique d’amélioration et de purification (durcissement du bois, cuisson, fonte des métaux  …), comme source de régénération   ( lutte contre le froid, amélioration de la qualité de l’alimentation, les incendies de savanes et de forêts montrent aussi la capacité de la nature à renaître, souvent avec une abondance plus grande, ce que pratiqueront les premiers agriculteurs du Néolithique et encore ceux des forêts tropicales et équatoriales actuelles, avec la culture sur brûlis ) et de protection face aux animaux sauvages.   Cette maîtrise est attestée avec certitude sur plusieurs sites européens vers  -350 000 ans, des chercheurs israéliens parlent de 790 000 sur un site proche du Jourdain, une équipe américaine parle même de 1 Million d’années[1] De nombreuses œuvres de fiction contemporaines montrent l’importance de cette étape, la plus connue est le roman La Guerre du feu de J.-H. Rosny dont l’adaptation La guerre du feu de J.H. Rosnycinématographique a été réalisée par Jean-Jacques Annaud. La guerre du feu de J.J.Annaud

Cependant cette maîtrise est imparfaite et comme les animaux, l’homme redoute - retrouvant les peurs ancestrales -  les feux de broussailles, de forêts ou de savanes provoqués par la foudre dans les périodes de sécheresse.

 

La valeur symbolique du feu

 La valeur symbolique du feu est sans doute presque aussi ancienne comme l’atteste la cosmologie des plus vieilles civilisations : la philosophie chinoise en fait un des cinq éléments naturels à côté du métal, de l’eau, du bois et de la terre ; dans le monde antique grec avec Aristote et au Moyen Age en Occident de nombreuses doctrines en font un des quatre  éléments inertes de base à côté de l’eau, de l’air et de la terre.

 

Très vite à cause de la chaleur qu’il rayonne  le feu a sans doute été associé au soleil et aux volcans assimilés au feu des forges du Dieu forgeron, Héphaïstos pour les Grecs, Vulcain pour les Romains. Très tôt des cultes y sont liés comme ceux du dieu-soleil en Egypte. Chez les anciens Perses le culte du feu considéré comme protecteur de l’Etat est au cœur de leurs cérémonies religieuses, chaque matin ils saluaient le soleil levant, symbole du feu le plus pur. Ils entretenaient en permanence dans leurs sanctuaires le feu sacré et Behram était le génie du feu.

Chez les Grecs et les Romains le feu sacré était entretenu sans cesse à Athènes et Delphes, à Rome c’était le rôle des prêtresses de Vesta, divinité italique assimilée à la déesse grecque Hestia[2], divinité du feu sacré et du foyer . Vesta Giustiniani Musee Torlonia RomeLes prêtresses de ce culte, les vestales [3](virgo vestalis), choisies entre l’âge de six et dix ans et nées des parents libres, étaient au nombre de quatre à sept selon les époques et tenues à la virginité, symbole de la pureté du feu. Toute transgression est punie de mort : la coupable est fouettée nue []puis enterrée vivante, emmurée ou condamnée au bûcher et son amant est flagellé à mort par le grand pontife ainsi que les esclaves au courant de la liaison. Elles accomplissaient un sacerdoce de trente ans où elles veillaient sur le foyer public du temple de Vesta dans le Forum de Rome. Toute extinction du feu était punie par le fouet infligé par un envoyé du grand pontife ou par ce dernier].

 

Comme lesHébreux,  Hindouistes et Bouddhistes font brûler les offrandes à la divinité dans le cadre de leur culte, le feu consume les offrandes, image de la divinité qui consomme les offrandes. Une immolation (du latin immolare « offrir un sacrifice ») est un sacrifice en général religieux, dit aussi « holocauste ». Ces mots sont devenus synonymes de «tuerie» ou « massacre » de victimes sans défense.

L'immolation a le plus souvent lieu par le feu mais elle peut aussi avoir lieu par l'eau, la terre, le bois ou le fer.

La tradition juive  ordonnait au peuple d'immoler un agneau mâle la nuit pascale en souvenir du sang de l’agneau qui avait protégé les familles juives pour protéger de l'ange exterminateur lors de la dernière plaie d’Egypte. Dans le Christianisme l'expression « agneau immolé » se rapporte au Christ. Chez les Gaulois l'immolation est un rituel de suicide des guerriers sans espoir consistant à mettre le feu à sa maison et se précipiter dans les flammes.

Dans la religion romaine l'immolation et l'abattage font partie de la deuxième phase du sacrifice. Dans cette phase accompagnée de prières on saupoudre le dos de l'animal sacrifié avec de la farine salée et on verse un peu de vin sur la tête de l'animal. ..[4]

 De nombreuses civilisations comme la « civilisation des urnes » en Europe de 1300 à 500 av.JC, l’Hindouïsme,  pratiquent la crémation des défunts.

 

Le feu est aussi symbole de la lumière

Les Juifs allument la Hanoukkia (chandelier à neuf branches) lors de la fête Hanoucca pour commémorer le miracle de la fiole d'huile se remplissant par miracle chaque jour. Chaque vendredi soir à la tombée de la nuit, on allume des bougies pour honorer l'entrée du Shabbat. L'usage de cierges pour marquer les temps liturgiques des églises catholiques et orthodoxes est hérité des usages juifs. La feu y symbolise aussi l’Esprit Saint. Certaines pratiques païennes utilisant le feu ont été récupérées dans le christianisme populaire comme les feux de la Saint Jean qui marquent l’arrivée de l’été.

 

Une signification spirituelle ambivalente

Beaucoup de rituels s’organisent autour du feu. Mais la signification de ces cultes est ambivalente, chez les Hébreux le culte de Baal souvent associé au feu incarne les forces du mal, du paganisme et de l’infidélité à Dieu. Dans la tradition chrétienne l’Enfer est vu comme des souffrances éternelles  provoquées par le feu. Le feu a aussi une connotation érotique qui le rattache encore au mal. De nombreuses métaphores amoureuses évoquent la flamme de l’amour, la passion qui consume les corps et les imaginations, l’acte sexuel expression d’une ardeur dévorante…. Dans l’Antiquité  gréco-latine,  Éros ou Cupidon est armé d’un arc pour percer les cœurs mais aussi d’une torche pour enflammer les passions. Le mythe de Prométhée explicite la façon dont le feu a été subtilisé aux dieux au profit des hommes.

 

Cette ambivalence se retrouve sur le plan moral : au Moyen  Âge les ordalies[5] sont des épreuves judiciaires souvent liée au feu ( marcher sur des charbons ardents …). C’est un mode de preuve en justice de nature religieuse, le mot vient du latin médiéval ordalium = jugement de Dieu. Les plaidants sont soumis à une épreuve dont l'issue, déterminée par Dieu, désigne la personne bien-fondée. Son résultat peut être orienté par les juges qui décident le type d'ordalie plus ou moins risquée et les circonstances de son exécution. L'ordalie par le fer rouge (ferrum candens) L'Épreuve du feu, de Dirk Bouts (Musées royaux des beaux-consistait à porter une barre de fer rougie sur neuf pas (ou marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc). La main était par la suite bandée dans un sac de cuir scellé par le juge. On regardait trois jours plus tard la plaie, si elle était « belle », bien cicatrisée, cela prouvait l'innocence, le contraire prouvait la culpabilité, la sentence étant proportionnelle à l’état. L’expression « mettre sa main au feu » pour exprimer une certitude viendrait de cette pratique. L'ordalie par l'eau bouillante (aqua fervens),  en est une variante. L'accusé devait plonger son bras dans un chaudron  bouillant pour un anneau béni puis on bandait le bras brûlé. Dans l'ordalie par le feu, l'accusé devait traverser deux bûchers entrecroisés sans se brûler.

 

La condamnation pénale au bûcher est fréquente, elle durera jusqu’à l’époque moderne.

Cette peine du bûcher peut s’appliquer aux idées condamnées avec la destruction des livres interdits, on parle d’autodafés – cet acte étant qualifié de « biblioclaste », expression du « biblioclasme ».

  MALI : LIVRES BRÛLÉS…HOMMES MENACÉS, DE L’ANTIQUITE AUX SALAFISTES DU MALI OU LIBYE … ET A RAY BRADBURY: ICONOCLASME et « BIBLIOCLASME »

MALI: TOMBOUCTOU, LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE PAR LES ISLAMISTES S'EST POURSUIVIE JUSQU'A L'ARRIVEE DES TROUPES FRANCO-MALIENNES : Biblioclasme et iconoclasme à l'oeuvre


Dans ces applications judiciaires on retrouve la signification de purification. Dès l’Antiquité l’incendie volontaire d’un bien, d’une maison et a fortiori d’une ville ( l’incendie de Rome par Néron qui en accuse les Chrétiens) est sévèrement puni.

A l’opposé le feu peut aussi avoir une signification positive. Le feu apparaît aussi comme le symbole de la famille, ne parle-t-on pas de « foyer » [6].  La flamme du foyer est soigneusement entretenue, elle est divinisée.

 

En conclusion

Le suicide par le feu, l’auto-immolation, est parfois perçue comme un acte de sacrifice [7] suprême face à l’injustice des hommes. On perçoit le lien qui peut exister entre cet acte et les notions de protection, de renaissance ou de régénération – la culture sur brûlis régénère la production agricole et la fertilité des terres -.

 



[vi] Le terme feu (du latin focus, le foyer) désigne au Moyen Âge le foyer, d'abord au sens strict (« endroit où brûle le feu ») puis figuré : le logement familial (cf. l'expression « sans feu ni lieu »), puis la famille elle-même. Très rapidement, il est utilisé comme unité de base pour l'assiette, le calcul et la perception de l'impôt,  on parle alors de feu fiscal.

[vii] Selon le dictionnaire Larousse, l'action d'immoler revient à sacrifier quelque chose ou quelqu'un pour satisfaire une exigence (morale, professionnelle, etc.) A l'origine, ce geste vient de la religion juive, qui ordonnait au peuple d'immoler un agneau mâle par famille, pour protéger de l'ange exterminateur lors de la nuit pascale. Aujourd'hui, l'immolation est souvent pratiquée par le feu, mais elle peut avoir lieu aussi par l'eau, la terre, le bois, ou le fer.

 

LE SUICIDE PAR LE FEU ( 2) : PRATIQUE ANCESTRALE ET UNIVERSELLE

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L’article 1 a montré la place du feu dans l’imaginaire de l’humanité.

 

Il s’agit maintenant de montrer que les suicides  - les auto-immolations – par le feu sont une pratique fort ancienne et largement répandue. Les acteurs contemporains de ces psychodrames fondent leurs actes sur un substrat culturel divers et remontant parfois à de lointaines origines.

 

 

1 - Le feu une réponse à des situations extrêmes :

 

Chez les Gaulois l'immolation1 est un rituel de suicide des guerriers sans espoir consistant à mettre le feu à sa maison et se précipiter dans les flammes.

 

L'auto-immolation est tolérée par le bouddhisme du Mahayana et par l'hindouisme et elle est pratiquée depuis des siècles dans la péninsule indienne pour de multiples causes : Sati, protestations politiques, dévotion et renoncement.

Certaines cultures guerrières, comme les Charans 2 et les Rajputs, l'ont aussi pratiquée. Les CharansSati Burning of a Widow (Co) Wikimedia sont une sous-caste vivant dans deux Etats de l’Union Indienne actuelle, le Rajasthan et le Gujarat. Ils étaient réputés pour leur loyauté, leur courage au combat et leur sens épique. Pour faire face à une offense il allaient jusqu’à l’auto-immolation et cette attitude était hautement respectée. Les grèves de la faim non-violentes de Gandhi et de ses amis face au colonisateur anglais s’inspirent de cette attitude des Charans. D'ailleurs Gandhi était né et avait grandi dans une partie où les Charans étaient nombreux.  Les Rajputs 3, nombreux dans le Nord de l’Inde étaient des guerriers réputés et beaucoup servirent dans l’Armée des Indes britannique. Ils pratiquaient aussi la sati,  l’immolation des veuves avec leurs maris.

 

2 - La pratique de la Satî en Indes et l'attitude du colonisateur

 

Le récit épique dit du Mahâbhârata  conte que Satī 4, fille aînée de Daksha aimait Shiva  mais son père qui s'était disputé avec lui interdit le mariage. Elle passa outre l’interdiction de son père qui se vengea en invitant tous les dieux sauf Shiva à un yagna, une cérémonie du feu avec un sacrifice dédié à Vishnou.  Pour laver l'affront fait à son époux, Satī se jeta dans le feu sacrificiel.5 Shiva, l'ayant appris, déboula au palais où il tua un grand nombre d'invités et décapita Daksha, remplaçant ensuite sa tête par celle d'un bouc. Satî renaquit ensuite sous la forme dePârvatî et retrouva son époux.

La satī, parfois appelée le sutty au 19e siècle, désigne l’auto-immolation des veuves qui se jettent dans le bûcher crématoire funéraire de leur époux. Cependant Satī lors de son acte n’était pas veuve et les textes sacrés des Véda n’évoquent pas le suicide des veuves. Mains de Sati du RajahstanLe 4ème Véda indique seulement que la veuve doit monter sur le bûcher funéraire, se coucher auprès de son mari, puis redescendre avant que la crémation ne commence. La pratique de la satī est tardive  au 6ème siècle apr. J.-C. et limitée à la caste des kshatriyas.

D’autre part les épouses des guerriers rajputs étaient familières de la « satī ». Aux 15 et 16èmes siècles les Rajputs tentèrent de résister à la domination des souverains musulmans Mogols de l’Inde. A l'entrée des forts du Rajasthan on peut observer des symboles de mains >>> qui indiquent le nombre de veuves de haut rang ayant pratiqué la satī  au dieu-feu Agni lors des offensives et razzias islamiques comme dans la cité de Jodhpur,  pour échapper au viol et à l’esclavage. La « satī » était à l'époque, une façon de ne pas subir des humiliations futures par un acte d’héroïsme et de purification. Des centaines de femmes de guerriers rajputs se jetèrent ainsi dans les flammes pour échapper aux envahisseurs musulmans.

Sati Burning of a Widow (Co) Wikimedia bC’est en 1812 que pour la première fois le Gouverneur général des Indes anglaises  demande aux officiers de police de contrecarrer quand  c’est possible les contraintes de société, l’usage de drogues permettant la perpétuation de l’usage de la « satī ». En fait, l’effet de cette mesure fut plutôt inverse en créant une rejet de la prétention des britanniques à légiférer dans le domaine religieux, en 1818 on compta au Bengale 839 cas de satī. Malgré des controverses sur cette loi, les autorités britanniques firent plutôt machine arrière sur le contrôle des pratiques religieuses. Finalement en 1832 ils décident d’interdire la pratique – comme l’avaient fait plusieurs empereurs mogols aux 16 et 17èmes siècles -. Malgré tout la coutume se maintint  ( Voir : Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, J. Hetzel et Compagnie, 1873, p. 69-76) jusqu’à nos jours et on connaît des cas à l’époque contemporaine en 1987 et 2008. 6


3- L'auto-immolation chez les bouddhistes de Chine au Moyen Âge :

 

C’est l'historien des religions Jan Yiin-Hua qui évoque cela :

« Relying exclusively on authoritative Chinese Buddhist texts and, through the use of these texts, interpreting such acts exclusively in terms of doctrines and beliefs (e.g., self-immolation, much like an extreme renunciant might abstain from food until dying, could be an example of disdain for the body in favor of the life of the mind and wisdom) rather than in terms of their socio-political and historical context, the article allows its readers to interpret these deaths as acts that refer only to a distinct set of beliefs that happen to be foreign to the non-Buddhist. »          Jan Yiin-Hua, The Self-Immolation of Thich Quang Duc 

 

Dans le Vinâyâ, le suicide n’est pas clairement interdit à la différence  de l’incitation au suicide d’autrui.

L’immolation par le feu trouve une de ses sources scripturaires dans un passage du Sûtra du lotus,où le bodhisattva7 Baishajyarâja au cours d’une vie antérieure, fait offrande de son corps au Bouddha après avoir absorbé une grande quantité d’encens pour se transformer en une torche vivante. Le feu le consuma dura 1 200 ans. Suite à cet acte méritoire il put renaître à un stade supérieur de bodhisattva. Une autre source d’inspiration provient des nombreuses histoires dans lesquelles un bodhisattva se sacrifie pour le bénéfice d’autres êtres. Selon le Traité de la grande vertu de sagesse, l’« offrande supérieure » consiste à donner en aumône son sang, sa chair, ses richesses, son royaume, sa femme, et toutes ses possessions.

L’ambivalence du premier bouddhisme envers le suicide est accentuée car il apparaît sous un jour favorable dans de nombreuses notices hagiographiques de vie des saints hommes. On arrive à la conclusion que le bouddhisme interdit le suicide pour les êtres ordinaires, mais l’accepte pour ceux qui ont atteint l’Éveil, à condition d’être délivrés de tout désir même celui de disparaître. Le terme « auto-immolation » est préféré au mot « suicide » afin de  mettre en relief le caractère religieux de l’acte. Parmi les exemples les plus réputés de « don de soi » ou de suicide religieux , on cite le cas où le bodhisattva, s’étant réincarné en lièvre dans une lointaine vie antérieure, se jette dans le feu pour nourrir un ascète affamé.

 

Alors qu’en Inde, ces récits n’étaient pas reçus comme modèles à imiter. La situation changea complètement en Chine, où à partir du 5ème siècle après JC on connaît de nombreux cas d’auto-immolation 8. Les « Vies des moines éminents » rapportent plus de cinquante cas décrits avec de grands éloges. Un chapitre est  consacré à ceux qui ont « abandonné leur corps » et sont qualifiés de « défenseurs du Dharma. »

Par exemple le moine Daoji mit fin à ses jours en 574, avec sept amis, pour protester contre la répression impériale à l’encontre du bouddhisme, à l’époque de la dynastie des Zhou septentrionaux (557-581).

Le moine Dazhi (567-609) se brûla le bras et en mourut pour protester contre la décision de limiter les effectifs du clergé prise par l’empereur de la dynastie des Sui, Yangdi.

 Le moine Xuanlan, mit fin à ses jours par noyade en 644.

Certains adeptes de l’École de la Terre pure s’immolèrent également pour atteindre plus rapidement le paradis du buddha Amitâbha  (en japonais : Amida). L’un des tout premiers cas est celui du moine Jiaozhi, qui s’immole en secret en 455.

L’auto-immolation a eu un grand attrait sur les bouddhistes chinois de l’époque des Tang (618-907). Cette vogue fut sévèrement condamnée et qualifiée d’hérésie par des moines éminents. À partir de l’époque des Song (960-1279), toutefois, cette vogue a diminué. Les siècles suivants ne mentionnent que quelques cas.

Certains se brûlent simple­ment une partie du corps - les doigts, les bras, le sommet du crâne…- Le moine Fazang (643-712), le grand commentateur de l’Avatamsaka-sûtra 9 se brûla ainsi un doigt à l’âge de 16 ans devant le stûpa du monastère Famensi, où était préservée une relique du doigt du Bouddha. Un autre représentant de cette école, le maître japonais Myôe (1173-1232), se coupa l’oreille devant une statue de Bouddha. On trouve au Japon de nombreux cas de suicides collectifs où les disciples d’un maître le suivent dans la mort. À la mort de Myôe plusieurs nonnes du Zenmyôji, un couvent fondé par celui-ci, se noyèrent ainsi par désir de renaître avec lui en Terre pure.

Les exemples contemporains constituent une résurgence tardive.

 

Pour résumer l’immolation pour la paix n’est pas un acte de protestation politique mais acte fondé sur la croyance que le saint, par son action désintéressée, peut influer sur la destinée du monde qui l’entoure (guerres, catastrophes naturelles…). L'immolation par le feu est la forme la plus extrême du sacrifice de soi. Au cours des siècles, plusieurs centaines de moines, nonnes et laïcs se sacrifièrent ainsi de diverses manières et pour des raisons variées, généralement en public – il y avait parfois débat entre partisans et adversaires dans le clergé et chez les confucianistes chinois -. De nos jours encore, il est d’usage de se brûler le cuir chevelu lors de l’ordination.

  

4- Le mythe du Phénix :

 

Le phénix ou phœnix (du grec ancien phoinix), est un oiseau de légende 10 dont la vie est éternelle en raison de sa capacité à renaître après s'être consumé sous l'effet de sa propre chaleur à la fin d’une de ses vies.Phoenix-Friedrich Justin Bertuch, 1790-1830 Co Wikimedia

 Ce mythe rejoint donc les croyances asiatiques en la réincarnation et dans les cycles de mort et de renaissance.

Phénix par Friedrich Justin Bertuch, 1790-1830 >>> 

Le naturaliste Georges Cuvier (1769-1832) identifiait l’origine de cet animal légendaire au faisan doré (Chrysolophus pictus). D’autres l’ont identifié aux oiseaux de paradis et aux flamants roses.

 

Il est intéressant de noter que des oiseaux légendaires semblables au phénix se retrouvent dans des mythologies diverses comme la mythologie persane de l’ancien Iran sous le nom de Simurgh ou Rokh,  la mythologie chinoise avec Fenghuang, la mythologie amérindienne sous la forme de l’Oiseau-Tonnerre  ou celle des Aborigènes d’Australie avec l’Oiseau-Minka.

 

4- a- Le Phénix de l’Antiquité gréco-egyptienne :

 

Le Phénix viendrait d'Éthiopie et se rattache au culte du Soleil 11  dans l’Égypte pharaonique et dans l’Antiquité classique. Sa renaissance aurait lieu en Arabie et dans les pays voisins. Il était le plus souvent représenté comme une sorte de très bel aigle de grande taille au plumage rouge, bleu et or éclatant.

La tradition voulait qu’il ne vive qu’un seul phénix à la fois et il vivait au moins cinq cents ans. Etant seul et ne pouvant se reproduire, quand il pressentait la fin de sa vie, il  construisait un nid de branches aromatiques et d’encens, y mettait le feu et se consumait dans les flammes 12. Des cendres du bûcher, surgissait un nouveau phénix, qui de renaissance en renaissance contrôle toujours mieux, on retrouve ici le symbole de l’action fécondante du feu 13. Aussi le nomme-t-on aussi l’oiseau de feu dont le  bec pouvait, embraser une forêt.

 

Dans la mythologie grecque évoquepour la première fois le phénix se trouve dans un passage quelque peu énigmatique du poète Hésiode : « Lacorneille babillarde vit neuf générations d'hommes florissants de jeunesse ; le cerf vit quatre fois plus que la corneille ; le corbeau vieillit pendant trois âges de cerf ; le phénix vit neuf âges du corbeau et nous vivons dix âges de phénix, nous, Nymphes aux beaux cheveux, filles de Zeus armé de l’égide.]

C’est l’historien Hérodote qui fournit la présentation détaillée du mythe :

« On range aussi dans la même classe un autre oiseau qu'on appelle phénix. Je ne l'ai vu qu'en peinture ; on le voit rarement ; et, si l'on en croit les Héliopolitains 14, il ne se montre dans leur pays que tous les cinq cents ans, lorsque son père vient à mourir. S'il ressemble à son portrait, ses ailes sont en partie dorées et en partie rouges, et il est entièrement conforme à l'aigle quant à la figure et à la description détaillée. On en rapporte une particularité qui me paraît incroyable. Il part, disent les Égyptiens, d'Éthiopie, se rend au temple du Soleil avec le corps de son père, qu'il porte enveloppé dans de la myrrhe, et lui donne la sépulture dans ce temple. Voici de quelle manière : il fait avec de la myrrhe une masse en forme d'œuf, du poids qu'il se croit capable de porter, la soulève, et essaye si elle n'est pas trop pesante; ensuite, lorsqu'il a fini ces essais, il creuse cet œuf, y introduit son père, puis il bouche l'ouverture avec de la myrrhe : cet œuf est alors de même poids que lorsque la masse était entière. Lorsqu'il l'a, dis-je, renfermé, il le porte en Égypte dans le temple du Soleil[]. »Bestiaire d aberdeen

Hérodote trouve ses sources chez Hécatée de Milet qui le présente comme un oiseau réel confondu avec le bénou, oiseau sacré égyptien qui vit sur le saule sacré – benben – d’Héliopolis. Il est une manifestation des dieux et Osiris.. Cependant, certains points du récit d’Hérodote ne cadrent pas avec les conceptions égyptiennes. 

 

Dans la mythologie romaine le mythe du vieux Phénix qui se décompose pour renaître est évoqué par le poète Ovide, l’homme de lettres Pline et l’historien Tacite. Mais le thème du bûcher, se rapprochant des pratiques funéraires romaines n’apparaît que chez les écrivains Martial et Stace. 

On trouve l’effigie du phénix sur des monnaies de Trajan et de Constantin 1er .   

Phénix renaissant de ses cendres : enluminure du bestiaire d’Aberdeen >>> 

 

4- b- Le Phénix dans l'histoire juive

 

Un  Midrash raconte comment après que Adam et Ève aient mangé de l'arbre de la connaissance et que la mort les ait ainsi atteints, tous les animaux mangèrent aussi du fruit interdit et partagèrent le même sort sauf un seul oiseau appelé Khôl qui n’en mangea pas et vécut éternellement. Rabbi Yanay explique le déroulement de sa vie, après mille ans un feu jaillit de son nid et le consume ne laissant plus qu'un œuf d’où il renaît.

 

4- c- Le Phénix chrétien

 

Le Phénix évoque à la fois le feu destructeur et fécondant qui purifie et régénère 15.  La destruction est personnifiée par l’ange maudit, Lucifer, le « porteur de lumière », qui est jeté dans les flammes de l'enfer.

Comme dans certaines représentations syncrétiques16 chrétiennes visant à absorber les cultes païens, Jésus Christ est identifié au Dieu du soleil Hélios qui dans son cycle quotidien connaît chaque jour mort et résurrection.Jesus-Helios mosaique 3eS

Mosaïque du 3ème siècle sur la voûte du Mausolée des Julii, à l’intérieur de la nécropole vaticane, non loin de la tombe de saint Pierre [© Fabrique de Saint Pierre, Vatican]   >>> Le Christ y est représenté sous la forme du dieu du soleil Hélios - Sol Invictus  (Soleil invaincu)des Romains -. On le reconnaît grâce à l’auréole qui couronne sa tête et aux feuilles de vigne qui l'entourent, ainsi qu’à la Croix qui rappelle par quel sacrifice il a vaincu les ténèbres et la mort et qui se dessine parmi les rayons autour de la tête. Le Christ représenté sous les apparences d’Hélios monte au ciel sur son char. Cette conviction que le Christ est la lumière du monde trouve son expression la plus frappante dans les mosaïques qui entourent la tombe de saint Pierre.  

  

 De la même façon le Phénix est devenu symbole du Christ ressuscité 17. Cependant la notion de cycle de renaissances très présente dans le mythe s’oppose au caractère unique de la Résurrection dans la théologie chrétienne.

 

4- d- Le Phénix perse

 

Un conte perse en vers du 13ème siècle de  Attar Neyshaboury, La Conférence des oiseaux , est une sorte d’épopée mystique où des oiseaux sont à la recherche de leur Roi, image de l’humanité en quête du savoir et de connaissance de soi-même. Ils entament un voyage difficile qui les conduit à la cour d’un oiseau prestigieux qui pourra être leur Roi, le Simorg ou Simurgh . Une partie des oiseaux refusent de courir le risque du voyage.  Le parcours passe par  sept vallées qui sont comme les degrés initiatiques de leur ascension spirituelle - les vallées de la recherche, de l'amour, de la connaissance, de l'indépendance, de l'union, de la stupeur et du dénouement -. Longshan Temple - FenghuangLa grande majorité des oiseaux va périr alors que les survivants se voient refuser l'accès au palais de leur roi.

 

4- e- Le Phénix chinois

 

Le fenghuang >>>, oiseau de légende est le roi des oiseaux. Il est réputé pour sa sagesse et sa douceur sans équivalent. Les mâles sont dits feng et les femelles huang. Il est souvent rapproché du dragon dont il serait le père. Cet oiseau mythique était l'emblème de l'impératrice alors que celui de l'empereur était le dragon..

 

Phenix heraldique (co) Wikimedia4- f- Le Phénix slave

 

L’oiseau de feu ( littéralement « oiseau chaleur ») est dans les pays slavesFirebird (Russie, Pologne, Ukraine...) un oiseau de légende aux plumes rougeoyantes qui évoquent le feu. Il viendrait d'une terre éloignée et inconnu, il est à la fois signe de bénédiction et de malédiction pour qui le capture.  Le ballet de Serge Diaghilev et Igor Stravinski  « l’Oiseau de feu »  l’a fait connaître en Europe de l’Ouest.

Le prince Ivan rentrant sur un tapis volant  avec l'oiseau de feu capturé par Viktor Vasnetsov . >>> 

Les récits centrés sur l'oiseau de feu sont du type recherche ou quête, thème fréquent dans la littérature médiévale et en héraldique. 18

 

 

5- Le Raskol des "vieux croyants" et les suicides collectifs par le feu :


Le Raskol (= schisme en russe) 19de l’Eglise orthodoxe a été provoqué par le rejet des réformes introduites dans l’Eglise orthodoxe en 1653 par le patriarche Nikon qui voulait rapprocher les Églises de Russie et de Grèce. Il rectifia les rites et livres liturgiques russes qui avaient dévié par rapport à la tradition gréco-byzantine. Le concile de 1666-1667 à Moscou valida ces réformes. Mais de nombreux croyants s’opposèrent au changement, notamment conduit par l’archiprêtre Avvakoum Petrov. Finalement les opposants furent considérés comme des schismatiques, on les surnomma les « vieux-croyants » ou « vieux-ritualistes ». Dès 1685, avec l’appui des tsars, commencèrent des persécutions qui durèrent jusqu’en 1905, faisant des « vieux-croyants » une église clandestine. Ils venaient de toutes les couches du peuple russe : des nobles (la boyarine Morozova), des marchands, des artisans, des paysans et des cosaques.  

Fragment du tableau  « Boyarynya Morozova » du peintre Vassili Sourikov représentant l’arrestation des vieux-croyants, l’un d’entre eux  a deux doigts croisés en haut pour montrer la manière correcte de faire le signe de croix.

L’attitude du pouvoir tsariste fut variable, modérée sous Pierre Le grand -1672 – 1725 - qui se contenta de leur imposer un impôt sur le port de la barbe. Par contre Nicolas 1er -1825 – 1855 - La Khovanchtchina Opera Bastille janv 2013 grenforça la répression et ferma de nombreuses églises des Vieux-Croyants. On forma dans les séminaires des missionnaires chargés de convertir les Vieux-Croyants, ces missionnaires multiplièrent les écrits polémiques au 19ème siècle.  Pour échapper aux persécutions beaucoup de vieux-croyants migrèrent vers l'est dans l’Oural et en Sibérie où l'emprise de l'Église orthodoxe et de l’État tsariste était faible et parfois absente. Au 17ème siècle beaucoup fuirent à l’étranger, notamment dans des provinces de l’Empire austro-hongrois, en Moldavie et Roumanie à proximité de la Mer Noire. 

Beaucoup de schismatiques furent condamnés au bûcher.   Parfois face à l’armée du tsar des villages entiers pratiquaient le suicide collectif par le feu ou « Baptême de feu » ; ils se multiplièrent entre 1672 et 1691.

La Khovanchtchina Opera Bastille janv 2013 c La Khovanchtchina à l'Opéra Bastille b

Modeste Moussorgski (1839-1881) a écrit La Khovantchina, roman-historique opéra qui conte au 17ème siècle la lutte de Pierre le Grand contre les « vieux-croyants » barbus. La fresque historique se situe en 1682, un prince s’oppose à l’occidentalisation de la Russie voulue par le tsar. Elle a donné naissance à un opéra sombre et envoûtant, comme toutes les fins de monde - qui oppose ici vieux croyants orthodoxes et un tsar qui voudrait leur couper la barbe, période charnière de l'histoire et de la tragédie du peuple russe confronté à la perte des repères et au heurt féroce entre religion et rationalité -,  sa musique semble venir du fond des âges. C’est une œuvre  sauvage et singulière qui mêle audaces vocales, chants liturgiques, rythmes syncopés, requérant des chanteurs qui maîtrisent parfaitement leur art. Cette œuvre emblématique a été trop rarement donnée.

La Khovanchtchina Opera Bastille janv 2013 eA la mort de Moussorgski,  Rimski Korsakov (1844-1908), son ami,  orchestra l'œuvre mais réalisa des coupes importantes dans le texte qui a été rétabli dans les années cinquante par Chostakovitch (1906-1975).  C’est cette œuvre qui a été jouée à l’Opéra Bastille  en janvier et février  2013 dans une mise en scène sobre et vigoureuse d’Andrei Serban, metteur en scène d'origine roumaine, il a trouvé un bel équilibre entre pittoresque et stylisation, entre novateurs et traditionalistes  comme ces boyards ou ces Vieux Croyants suicidés par le feu dans une forêt  dans un troisième acte culminant avec le sacrifice des Vieux Croyants. 20

 

  Pour conclure :

Le suicide par le feu n’est donc pas au départ un acte de protestation politique mais un acte fondé sur la croyance que à l’image du phénix qui trouve une renaissance dans sa mort dans le feu, celui qui s’immole par le feu peut par son action désintéressée provoquer une inflexion de la destinée du monde, en particulier au niveau de ce qui provoque son immolation. Elle est donc une forme extrême de dévouement et d’abnégation pour un monde dont le renouveau reste une espérance majeure.



4 En langue sanskrite « véracité », de Satya, « vérité ».

5 Satī dans le Bhâgavata Pourâna (du sanskrit, IXe siècle)

« Après avoir ainsi accablé d'injures Daksha, au milieu du sacrifice, Satî s'assit par terre en silence, se tournant du côté du Nord, puis, ayant porté de l'eau à ses lèvres et s'étant enveloppée dans son vêtement de couleur jaune, elle ferma les yeux et entra dans la voie du Yôga. Ayant supprimé également toute inspiration et toute expiration, maîtresse de sa position, après avoir rappelé de la région du nombril le souffle vital nommé Vdâna, et avoir peu à peu arrêté dans son cœur à l'aide de sa pensée, ce souffle qu'elle venait de fixer dans sa poitrine, la déesse irréprochable le fit remonter jusqu'à sa gorge et de là jusqu'au milieu de ses deux sourcils. C'est ainsi que, voulant abandonner ce corps que le plus grand des êtres avait tant de fois placé par tendresse sur son sein, la vertueuse Satî, poussée par la colère de Daksha, soumit son corps à l'épreuve qui consiste à renfermer en soi-même le feu du souffle vital. Pensant ensuite au nectar du lotus des pieds de son époux, du Précepteur de l'Univers, elle ne vit plus autre chose ; et son corps, purifié de tout péché, parut tout d'un coup embrasé par le feu qu'y avait allumé la Contemplation. »

7 Bodhisattva est un mot sanskrit terme qui désigne celui qui a décidé de suivre le chemin indiqué par le Bouddha et qui respecte strictement les disciplines destinées à aider les hommes à s'éveiller tout en progressant lui-même vers son propre éveil définitif, qui est celui d'un bouddha, un « illuminé» . Il existe cinquante-deux niveaux de Bodhisattvas : dix degrés de la foi, dix degrés de la demeure, dix degrés de la pratique, dix degrés du transfert de mérites, dix terres, éveil correct et équivalent, et éveil merveilleux.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bodhisattva

8 Par l’Institut d’Etudes bouddhiques  Dossier Bouddhisme et violence http://www.bouddhismes.net/node/187

9 Il y a de nombreuses immolations dans cette tradition qui prône pourtant  l’harmonie des différents plans de réalité.

12 A rapprocher  dans le § 3 du bodhisattva Baishajyarâja qui au cours d’une vie antérieure, fait offrande de son corps au Bouddha après avoir absorbé une grande quantité d’encens pour se transformer en une torche vivante.

14 Héliopolis est la ville du Soleil.

16 Le syncrétisme : Dans la terminologie habituelle de l’histoire des religions, le syncrétisme désigne la fusion de deux ou de plusieurs religions, de deux ou de plusieurs cultes en une seule formation religieuse ou cultuelle. 

17 Le griffon était une autre représentation du Christ car cet animal terrestre par son corps de lion et aérien par ses ailes d'oiseau évoquait la double nature de Jésus Christ à la fois homme (terrestre) et Dieu (aérien).

18 En héraldique le phénix est représenté de face, tête de profil, ailes étendues, sur son bûcher, appelé «immortalité».

Ci-contre les armes des Malet de Lussart. Le Phénix est aussi l'emblème de le ville de San Francisco en Californie.

19 http://fr.wikipedia.org/wiki/Orthodoxes_vieux-croyants#Pers.C3.A9cutions_apr.C3.A8s_le_schisme

20 http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=8946

et http://www.operadeparis.fr/saison_2012_2013/operas/khovantchina-moussorgski/detail/

et http://www.huffingtonpost.fr/jeanlaurent-poli/khovantchina-opera-paris_b_2528589.html

 

 

 

 

 

 

Vous avez dit Europe ? Un peu de cartographie

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Un petit exercice pour vérifier vos connaissances cartographiques de l'Europe:

 

Le jeu paraît simple au début, mais .....

 

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En attendant le N°28 : ............... La CROATIE - dans la péninsule balkanique -.

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Quant au N°29 prévu, il vient de renoncer à sa candidature : ....... L'ISLANDE

Comment l'Islande s'est sortie de la crise

 

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Enfant- martyr : L’Affaire Mohammed Al Dura à travers le prisme de l’Histoire

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Le mythe du « crime rituel juif » réactualisé Enderlin c Mohammed al-Dura

 

Le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim, aux abords de la bande de Gaza, le petit Mohammed Al-Doura était tué par balle par un snipper israélien, dans les bras de son père Jamal, qui tentait de le protéger.

La scène bouleversante de l’agonie de ce jeune garçon filmé par le caméraman Talal Abu Ramah et commentée par Charles Enderlin – dont le version des faits est aujourd'hui remise en cause-, correspondant de France 2 à Jérusalem, fait le tour du monde et dans le contexte du déclenchement de la 2ème  IntifadaGuerre des Pierres - provoque l’indignation de l’opinion internationale.

 

1. Du côté Palestinien le martyr de Mohammed Al-Dura est la démonstration que l’Etat d’Israël est devenu un Etat Al Dura et enfant de Varsovietotalitaire analogue aux Etats fascistes de l’Entre-deux-Guerres.

La mort de M.Al-Dura gomme les persécutions contre les enfants juifs pendant la 2nde Guerre mondiale et notamment l’enfant symbole de Varsovie. Un montage associant les deux enfants s’est répandu sur le net. Les propos d’une journaliste reconnue comme Catherine Nay sur Europe 1 le montrent  : «Avec la charge symbolique de cette photo, la mort de Mohammed annule, efface celle de l’enfant juif, les mains en l’air devant les SS, dans le Ghetto de Varsovie. » 1 Enfant-martyr de Palestine, Mohammed Al-Dura : 30 septembre 2000 Ces mots illustrent ce que P.A. Taguieff appelle l’idéologie de la substitution : le « racisme anti-arabe » se substitue au « racisme antijuif » et l’islamophobie à la judéophobie.

Le Hamas a initié une opération d’endoctrinement des jeunes enfants palestiniens autour du thème « les Juifs sont Al Dura ShowImagedes tueurs d’enfants ». Chaque vendredi après-midi, sur la chaîne satellitaire du Hamas, Al-Aqsa TV, fut diffusée une émission pour enfants, intitulée "Les Pionniers de demain". La star de cette émission, très regardée par les enfants de tout le monde arabe, est une abeille géante nommée Nahoul. Benjamin Barthe, journaliste au Monde présente ainsi cette émission de propagande : « Durant une demi-heure, Nahoul et la jeune présentatrice Saraa interprètent une série de sketches entrecoupés d’interventions de spectateurs par téléphone. Les scénarios mêlent devinettes, conseils pratiques (“Les bienfaits de l’ananas”) et morale familiale (“Pourquoi il faut aimer sa mère”) à une forte dose de propagande islamiste, truffée d’apologie du “martyre” et d’incitation à la haine des “Juifs”. »

 

2. Du côté juif et israélien : le mythe du « crime rituel juif » réactualisé :

 

La mort de M.Al Dura est présentée comme un parallèle des prétendus « enfants martyrs  chrétiens  » qui auraient été depuis le Moyen Age les victimes des soi-disant rites sanguinaires juifs .

 

2.1. L’historien médiéviste américain, Richard Landes,  voit dans l’affaire de « Al Dura martyr », diffusée par les media, la réactivation moderne contre l’Etat d’Israël de l’accusation d’infanticide rituel, le « premier "meurtre rituel" du XXIe siècle ». Cette réactivation se différencie par l’absence de référence à une fête juive (comme  la Pâque) ou à des actes de cannibalisme rituel. Par contre elle est très marquée par le  « martyrisme » et le culte islamiste du « chahid » (martyr).

 

2.2. Pierre-André Taguieff - directeur de recherche au CNRS, Paris - dans plusieurs ouvrages comme « la Judéophobie des modernes » 2 chez Odile Jacob ou « la nouvelle Propagande antijuive » aux PUF a analysé la légende du « crime rituel juif ».

Livre P.A. Taguieff JudeophobieLivre Taguieff Nvles propag antijuive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  La légende antisémite du crime rituel a été esquissée dans le monde antique puis répandue dans l’Europe chrétienne du milieu du 12ème au 15ème siècle créant le prétexte à de multiples massacres de Juifs. 3

La première accusation de crime rituel est mentionnée par Apion, un écrivain égyptien hellénisé  du 1er siècle, selonFlavius Josephe (Co) Wikipedia l’historien juif romanisé Flavius Josèphe. 

« 93 Il dit, continue Apion, qu'il était Grec, et que, tandis qu'il parcourait la province pour gagner sa vie, il avait été tout à coup saisi par des hommes de race étrangère et conduit dans le temple ; là on l'enferma, on ne le laissait voir de personne, mais on préparait toutes sortes de mets pour l'engraisser. 94 D'abord ce traitement qui lui apportait un bienfait inespéré lui fit plaisir ; puis vint le soupçon, ensuite la terreur ; enfin, en consultant les serviteurs qui l'approchaient, il apprit la loi ineffable des Juifs qui commandait de le nourrir ainsi ; qu'ils pratiquaient cette coutume tous les ans à une époque déterminée ; 95 qu'ils s'emparaient d'un voyageur grec, l'engraissaient pendant une année, puis conduisaient cet homme dans une certaine forêt, où ils le tuaient ; qu'ils sacrifiaient son corps suivant leurs rites, goûtaient ses entrailles et juraient, en immolant le Grec, de rester les ennemis des Grecs ; alors ils jetaient dans un fossé les restes de leur victime. »

Apion vécut sous Tibère, Caligula et Claude, l'étendue de son savoir, mais aussi de ses excès, est attestée par de nombreux témoignages. Il a écrit de nombreux ouvrages d'érudition, notamment une Histoire d'Egypte en 5 livres où il multiplie les attaques contre les juifs. Il joua un rôle actif dans l'agitation antijuive d'Alexandrie sous Caligula. Flavius Josèphe dans son ouvrage« Contre Apion » réfute les thèses de Apion : « Je vais commencer maintenant à réfuter le reste des auteurs qui ont écrit contre nous. Pourtant je me suis près à douter s'il valait la peine de combattre le grammairien Apion; car dans ses écrits, tantôt il répète les mêmes allégations que ses prédécesseurs, tantôt il ajoute de très froides inventions ; le plus souvent ses propos sont purement bouffons et, à dire vrai, témoignent d'une profonde ignorance… » (livre II 2-3). Il dénonce notamment ses « accusations injustes contre les Juifs d'Alexandrie » et au chapitre 8  une « autre légende calomnieuse : le meurtre rituel. » 4

 

L’accusation n’apparaît plus, même dans les textes opposés aux juifs jusqu’au 12ème siècle.

 

Le premier cas connu d'accusation de crime rituel au Moyen Âge  fut lancée par un moine chrétien en 1144, on parle Sandomierz katedra (Co) Wikipediade l’Affaire de Guillaume de Norwich.  Elle ne décrit que la torture et l'agonie de l'enfant, suggérant en outre que la mort de l'enfant n'a été recherchée que dans un seul but de vengeance. Il n'y est fait nulle mention du recueil du sang de Guillaume pour un culte secret.

L’antijudaïsme chrétien médiéval affirma l’existence d’une coutume juive consistant à sacrifier, chaque année, à la veille de la Pâque juive (Pessah) commémorant l’exode d’Égypte , un chrétien, un enfant de préférence, soit en le crucifiant, soit en l’égorgeant pour en recueillir le sang qui aurait servi à fabriquer la matza, le pain azyme consommé pendant la fête. Ce « crime rituel » est donc un infanticide. Ce fait est en contradiction avec la religion judaïque qui interdit le contact et à plus forte raison la consommation du sang, la pureté rituelle interdisait à un prêtre d’être dans la même pièce qu'un cadavre humain.

Les accusations se multiplièrent dans l’Occident chrétien et les disparitions inexpliquées et les meurtres d'enfants sont attribués aux pratiques juives. Thomas de Cantimpré vers 1260 prétend que le sang des chrétiens, notamment celui des enfants, est utilisé par les Juifs pour ses propriétés curatives « il est tout à fait certain que les Juifs de chaque province tirent au sort annuellement quelle est la communauté ou ville qui enverra le sang chrétien aux autres communautés. » Il prétend  en reprenant les propos d’un juif converti ( peut être Nicolas Douin de La Rochelle ) qu’un juif « jouissant de la réputation de prophète, vers la fin de sa vie » a prédit que les hémorragies dont les Juifs souffriraient depuis le temps où ils ont dit à Ponce Pilate « Que son sang soit sur nous, et sur nos enfants » ( Matthieu 27 v.25) ne peuvent être soulagées que par le sang chrétien.

Plusieurs affaires de crime rituel éclatent : en 1255 celle du Petit Saint Hugues de Lincoln âgé de 8 ans et retrouvé mort dans le puits d’un juif de la cité de Lincoln, suite à des aveux de crime rituel obtenus sous la torture, 18 juifs sont exécutés à Londres ; en 1267 au Pays de Bade, une fillette aurait été vendue aux Juifs pas sa mère pour leur crime rituel, en 1270 on trouve des accusations similaires en Alsace, et fin 13ème s. à Berne et Munich, en 1462 à Innsbrück Simon von Trient (Co) Wikipediadans le Tyrol, en 1470 en Alsace, en1475 celle Simon de Trente (voir illustration) âgé de 2 ans disparut et on accusa la communauté juive locale, quinze Juifs furent condamnés à mort et brûlés, Simon fut canonisé en 1588 mais déchu de ce statut de saint en 1965 par Paul VI pour défaut de preuves du martyr ; en 1491 en Espagne à Tolède une affaire concernant la disparition d’un enfant de 4 ans mit en cause des juifs convertis au christianisme et conduisit, avec l’appui de l’Inquisition espagnole, à l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492 ; en 1494 et 1529 des affaires éclatent en Slovaquie actuelle, les accusations sont souvent fantaisistes, par exemple on affirmait que les hommes juifs avaient des règles et  devaient boire du sang de chrétiens comme remède. À Bösing alors en Hongrie (Bazin, aujourd'hui Pezinok en Slovaquie), les Juifs sont accusés en 1529 d'avoir torturé et saigné à mort un jeune garçon de neuf ans. Trente Juifs avouent leur crime et sont brûlés en place publique. On retrouva le jeune garçon, vivant, à Vienne : son rapt avait en fait été organisé par l'accusateur, le comte Wolf de Bazin pour  se débarrasser de ses créanciers juifs. Fin 17ème s. on rencontre des affaires semblables en Biélorussie, un procès a lieu à Metz en 1669,  malgré d’effroyables tortures, Raphaël Levy, paisible marchand de bestiaux, continue de proclamer son innocence et la fidélité à sa foi. Il est brûlé vif le 17 janvier 1670.

 

Toutes ces affaires reprennent des accusations similaires (enlèvement d’un enfant chrétien non pubère, cérémonial sacrificiel de nuit, souvent lors de la Pâque juive, tortures infligées, couronne d’épine, sang s'écoulant des blessures recueilli, enfant achevé d’un coup de lance ..) Les enfants victimes sont présentés comme des martyrs. Ces accusations expliquent les déchaînement de violences contre les quartier ou les ghettos juifs d’Europe (les « pogroms » d’Europe orientale). Ces accusations sont si nombreuses et si souvent injustifiées qu’en Pologne le rois Boleslas IV en 1264 dans une charte signée avec la communauté juive pour assurer sa protection doit préciser « Il est strictement interdit d'accuser les Juifs de boire du sang humain. Cependant, si un Juif est accusé du meurtre d'un enfant chrétien, cette accusation devra être prouvée par le témoignage de trois Chrétiens et de trois Juifs avant que la condamnation du Juif puisse être prononcée. Néanmoins, si ces témoins prouvent l'innocence du Juif, le dénonciateur subira le châtiment qu'eut subi le Juif. » A plusieurs reprises les papes ont condamné ces accusations de « crime rituel » : Innocent IV dans une lettre puis une bulle pontificale en 1253, suivie des bulles semblables de Grégoire X en 1272, Martin V en 1422 et Paul III en 1540.

 

Aux 18 et 19èmes  siècles s’est élaboré le mythe moderne du crime rituel. Il a servi de base à l’une des facettes de l’antisémitisme contemporain présentant le Juif comme criminel-né, selon l’expression nazie un « criminel héréditaire ».Eszter Solymosi (Co) Wikipedia

En 1882 à Tiszaeszlár en Hongrie suite à la disparition d'Eszter Solymosi >, une jeune chrétienne de 14 ans, des Juifs sont accusés et jugés pour crime rituel.  Une vague d'agitation antisémite gagna tout le pays qui redoubla après l'annonce de l'acquittement. Le héros national Kossuth, exilé à Turin, critique le gouvernement hongrois pour son implication dans ces troubles antisémites qu’il considère comme indigne d'une nation civilisée. En 1899 en Bohême alors austro-hongroise  éclata l’Affaire Léopold  Hilsner,  vagabond juif accusé d'avoir tué une jeune chrétienne de 19 ans, Anežka Hrůzová, en lui tailladant la gorge. Malgré des preuves très incomplètes il fut condamné à mort et  ultérieurement accusé du meurtre non élucidé, d'une autre chrétienne. En 1901 la sentence fut commuée en prison à vie. Tomas Masaryk,  futur président de la Tchécoslovaquie, organisa la défense de l’accusé et on lui en fit plus tard le reproche. Finalement en mars 1918, Hilsner est gracié par l'empereur d'Autriche Charles 1er  sans avoir été disculpé et sans que les véritables coupables aient été arrêtés. Beilis arrested (Co) WikipediaEn Ukraine en 1911 à Kiev , le surintendant juif d'une fabrique de briques, < Mendel Beilis, est accusé d'avoir saigné un jeune chrétien pour préparer des matzot (pains azymes) avec son sang. Il est acquitté en 1913 lors d’un procès à sensation par un jury formé entièrement de chrétiens.Frank Lynched (Co) Wikipedia

Les Etats Unis furent aussi concernés, en 1913, Leo Frank >, directeur juif d'une fabrique de crayons à Atlanta en Géorgie est accusé du viol et du meurtre de Mary Phagan âgée de 12 ans. Bien que l'aspect rituel soit absent de l'accusation, une violente campagne de presse le décrit comme pervers et sadique. Frank est gracié par le gouverneur en 1915  mais un groupe qui donna ensuite naissance au second Ku Klux Klan – le 1er qui était né à la suite de la Guerre de Sécession avait été dissous par le gouvernement fédéral dans les années 1870 -  s’empara du prisonnier qui fut lynché aux cris de « Hang the Jew »   comme de nombreuses autres personnes à la suite des tensions racistes et politiques en Géorgie.

 

L’abbé Henri Desportes, en 1889, dans son livre Le Mystère du Sang chez les Juifs de tous les temps, décrit un meurtre rituel ordinaire, expression des « turpitudes talmudiques » : « Un pauvre petit enfant chrétien se débat dans les affres d’une mort horrible, entouré des instruments de la passion, au milieu du ricanement des bourreaux ! »

Plus tard, en 1914, Édouard Drumont 5 avance une explication racialiste de cette soi-disant criminalité juive :                 « L’existence du peuple d’Israël n’est qu’une lutte constante contre l’instinct de la race,l’instinct sémitique qui attire les Hébreux vers Moloch, le dieu mangeur d’enfants, vers les monstrueuses idoles phéniciennes. » La conclusion se veut claire : chez les Juifs, le crime rituel est dans le « sang de la race. » 

En 1946, en Pologne à Kielce, des juifs survivants de la Shoah voulurent récupérer leurs terres et biens spoliés pendant la guerre. La réponse fut une accusation de meurtre rituel et un pogrom qui empêchèrent  cette restitution. Encore en 2005 en Russie une vingtaine de membres – issus de partis ultra-nationalistes et du Parti Communistede la Douma, l’assemblée de l’'État russe accusent publiquement  les juifs d'être extrémistes et d'être « antichrétiens et inhumains avec des pratiques allant jusqu'au meurtre rituel » et  demandent au procureur général de Russie « d'interdire toutes les organisations juives ». En mars 2008 « des centaines de posters antisémites ont été placardés dans la ville de  Novosibirsk au  sud-ouest de la Sibérie et mettent en garde les parents contre les Juifs qui trempent les matzot  dans le sang d’enfants ».

 

Selon l’historien britannique Walter Laqueur – « La Face changeante de l’Antisémitisme  » 2006 - « En tout, environ 150 cas d'accusations de crimes rituels ont été répertoriés (sans compter les milliers de rumeurs) qui ont conduit à l'arrestation et au meurtre de Juifs, la plupart durant le Moyen Âge. Dans la majorité des cas, des Juifs étaient tués soit par la foule, soit après un procès précédé de tortures.» 

 

Ce mythe d’origine européenne et chrétienne a été introduit au 19ème siècle au Moyen-Orient à la suite de « l’Affaire de Damas » en 1840, les enfants « martyrs » chrétiens ont été remplacés par des enfants musulmans. A Damas le frère Tomasso et son serviteur sont retrouvés assassinés, le consul  de France à Damas en accuse les Juifs. Les suspects, dont les confessions sont obtenues sous la torture, sont libérés à la suite de l'intervention Méhémet Ali sollicitée par une délégation juive. La même année, dans l’île de Rhodes  alors rattachée à l’Empire ottoman des Juifs sont accusés du meurtre d'un garçon chrétien avec soutien du gouverneur local et des consuls européens. Plusieurs Juifs sont arrêtés et torturés. Le quartier juif est bouclé 12 jours mais l’enquête menée par le gouvernement central ottoman démontra l'innocence des Juifs. En 1910 à Chiraz en Iran un pogrom contre les Juifs de la ville éclate faisant 12 morts à la suite d’une accusation de crime rituel, les accusateurs et la victime sont musulmans.

   

Après 1947 et la création de l’État d’Israël, ce mythe a été alimenté par les  « massacres » attribués aux « sionistes » comme la tuerie de Deir Yassin, le 9 avril 1948. Aussi continue-t-on en certaines partie du monde à répandre la légende du « crime rituel juif ».  Elle continue à être internationalement un thème d’accusation contre l’État d’Israël et les « sionistes » souvent présentés comme « criminels » par nature comme le montre le slogan fréquemment entendu : « Sionistes, assassins ! ». Ogre Sharon co Independent.Co.UKDes caricatures courantes dans les pays arabes représentaient le Premier Ministre Ariel Sharon en vampire, les yeux injectés de sang, buvant du sang arabe, ou en ogre > dévorant un ou plusieurs enfants Palestiniens. Les discours de propagande « antisioniste » présentent l’armée israélienne comme une bande de tueurs assoiffés de « sang palestinien », et plus particulièrement de tueurs d’enfants palestiniens, prenant plaisir à les tirer           « comme des lapins ».

En 1986, le ministre syrien de la défense, Moustafa Tlas, dans un livre rappelle l’accusation de meurtre rituel dans l’Affaire de Damas en 1840.  Le livre fut même cité à l’ONU par le délégué syrien. En 2002 un journal saoudien évoquait les « crimes rituels » juifs. En 2005 une émission à la TV iranienne évoque des "faits horribles" dont ont été coupables des juifs dans le passé.

Ré-interprétation du « crime rituel »  une rumeur reprise par la TV iranienne circulait en Iran en 2004  assurant que des  médecins juifs prélevaient les organes des enfants palestiniens blessés ou tués dans les hôpitaux israéliens.     .

 

P.A. Taguieff explique comment on est passé de l’amalgame « sionisme = racisme » à l’équation « sionisme = palestinocide », ce dernier étant présenté comme un infanticide. Le « sionisme » est présenté comme une entreprise génocidaire. Les Palestiniens deviennent des symboles des pauvres, des humiliés et des offensés, des  victimes de « l’impérialisme d’Israël » ou du « complot américano-sioniste » mondial, ils sont en quelque sorte « les enfants- martyrs » de l’humanité..

 

3. Le culte islamiste du « chahid » (martyr) 6.

 

Dans l'islam, la taqiya autorise la dissimulation de sa foi pour échapper au danger, aussi la possibilité de se trouver dans la position du martyr chrétien est très réduite.

Par contre, à la différence de la conception chrétienne, le combattant de la Guerre sainte, le jihadiste tué au combat est un martyr. Pour les chiites, les grands martyrs sont Ali, le gendre de Mahomet, époux de Fatima, quatrième calife, assassiné par les Kharijites en 661 et son fils Husayn tué à Kerbala en 680 dans la bataille contre le calife Yazid 1er.

 

Les auteurs d’attentats-suicides sont-ils des martyrs ? Certains savants musulmans comme Mohammad Hussein Fadlallah, intellectuel du Hezbollah, répondent par la négative car le suicide est interdit dans l'islam. Ils distinguent le combattant-soldat défendant sa terre ou une idée, et le terroriste qui se suicide en semant la terreur à grande échelle pour imposer ses idées par la force.

Cependant certaines fatwas affirment le contraire, les combattants tués durant la Guerre Sainte ou Jihâd Liban 2000 - Mon fils, de ton sang, le soleil se leve - Afsont considérés comme des martyrs auxquels le Paradis est promis : « Que ceux qui veulent échanger la vie présente contre celle de l'au-delà combattent dans le chemin de Dieu ! Qu'ils succombent ou qu'ils soient vainqueurs, Nous leur accorderons une généreuse récompense. » Le Coran IV 747. C’est ce que montre le nom de la branche armée du Fatah, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa. 

 

L’exaltation du martyre (shahadat ) 8 est un  trait original du Chi‘isme duodécimain ; elle a son origine dans le récit de la mort atroce du troisième imâm des Chi‘ites, Hoseyn, tué dans des circonstances atroces par les troupes du calife omayyade Yazid, en 680, à Karbala (dans l’actuel Irak). La commémoration annuelle du supplice du « prince des martyrs » (seyyed al-shohada ) donne lieu à des processions de pénitents se flagellant avec des chaînes ou se meurtrissant le cuir chevelu avec une épée ou un sabre afin d’obtenir l’intercession du « prince des martyrs » et d’accéder ainsi, le jour de leur mort, au « jardin » (paradis). « Cette tradition martyriste et les rituels qui lui correspondent, véritable ciment de la culture populaire, ont constitué l’armature symbolique et organisationnelle des événements révolutionnaires. Le mythe de Karbala – opposant les bourreaux aux victimes, exaltant le sacrifice de soi – a été tout à la fois une grille de lecture de la réalité socio-politique et un modèle d’action pour la lutte : dans les discours des leaders religieux, comme dans les slogans des manifestants, les protagonistes du « drame » révolutionnaire étaient identifiés à ceux du drame de Karbala (le shah à Yazid, les martyrs à Hoseyn...). On se souvient que, le « vendredi noir » (8 septembre 1978), des jeunes gens présentèrent leur poitrine nue aux balles des militaires, se sacrifiant à l’image de Hoseyn. Notons enfin que les grandes manifestations qui entraînèrent le départ du shah épousèrent la forme et le rythme des processions rituelles traditionnelles (organisation, posture des participants, rythme des pas et des slogans) ; elles culminèrent au mois de moharram  (nov.-déc. 1978). »8 

Depuis l’établissement de la République islamique en Iran, le martyrisme reste un fort moyen de mobilisation et de légitimation du nouveau pouvoir islamiste. Le langage révolutionnaire fait sans cesse référence à Karbala : « Chaque jour est ‘ashura et chaque lieu est Karbala » selon un slogan officiel. L’imam, Ali Khamene‘i blessé lors d’un attentat est surnommé shahid-e zande  (« martyr vivant ») ; dans les métropoles régionales la Fondation des martyrs organise des expositions rassemblant photos, objets personnels et témoignages divers, distribue des logements, de l’argent, des privilèges aux familles des victimes des émeutes révolutionnaires contre le Shah ou de la guerre contre l’Irak (1980-1988) - pendant laquelle ont eu lieu des combats analogues à la Guerre des Tranchées en 1914-1918 nécessitant la mobilisation de dizaines de milliers de jeunes et très jeunes fantassins galvanisés par l’idéologie du martyr.

 

Conclusion :

Alors que la « mort atroce » de l’enfant « martyr », tué par les « sionistes », est devenue une légende, un objet de culte dans les pays arabo-musulmans. Pierre-André Taguieff compare ce phénomène de « buzz » médiatique à celui  de Che Guevara, avec aussi les mêmes implications commerciales ; Stéphane Juffa, fondateur et directeur de Metula News Agency, affirme au contraire : « Cet incident est devenu la plus grande mise en scène de l’actualité de tous les temps, depuis qu’existe la télévision. Je ne sais pas qui a tiré sur Mohammed Al-Dura, et aujourd'hui encore, je l'ignore, et je ne sais pas si on le saura un jour. Mais je sais qui n’a pas tiré sur lui : les soldats de cette position israélienne n’ont pas tiré sur l’enfant. » 

Le débat reste ouvert et le net foisonne d’interprétations contradictoires.

 

La suite de la réflexion :

Enfant-martyr de Palestine, Mohammed Al-Dura : 30 septembre 2000


 



1 http://www.hgsavinagiac.com/article-enfant-martyr-de-palestine-mohammed-al-dura-30-septembre-2000-119447309.html

4 Accusations injustes contre les Juifs d'Alexandrie.

VIII  - Autre légende calomnieuse : le meurtre rituel.

89 Il raconte encore, d'après les Grecs, une autre fable pleine de malice à notre adresse. Là-dessus, il suffira de dire que, quand on ose parler de piété, on ne doit pas ignorer qu'il y a moins d'impureté à violer l'enceinte d'un temple qu'à en calomnier les prêtres. 90 Mais ces auteurs se sont appliqués plutôt à défendre un roi sacrilège qu'à raconter des faits exacts et véridiques sur nous et sur le temple. Dans le désir de défendre Antiochus et de couvrir la déloyauté et le sacrilège qu'il a commis envers notre race par besoin d'argent, ils ont encore inventé sur notre compte la calomnie qu'on va lire. 91 Apion s'est fait le porte-parole des autres : il prétend qu'Antiochus trouva dans le temple un lit sur lequel un homme était couché, et devant lui une table chargée de mets, poissons, animaux terrestres, volatiles. L'homme restait frappé de stupeur. 92 Bientôt il salua avec un geste d'adoration l'entrée du roi comme si elle lui apportait le salut ; tombant à ses genoux, il étendit la main droite et demanda la liberté. Le roi lui dit de se rassurer, de lui raconter qui il était, pourquoi il habitait ce lieu, ce que signifiait cette nourriture. L'homme, alors, avec des gémissements et des larmes, lui raconta d'un ton lamentable son malheur. 93 Il dit, continue Apion, qu'il était Grec, et que, tandis qu'il parcourait la province pour gagner sa vie, il avait été tout à coup saisi par des hommes de race étrangère et conduit dans le temple ; là on l'enferma, on ne le laissait voir de personne, mais on préparait toutes sortes de mets pour l'engraisser. 94 D'abord ce traitement qui lui apportait un bienfait inespéré lui fit plaisir ; puis vint le soupçon, ensuite la terreur ; enfin, en consultant les serviteurs qui l'approchaient, il apprit la loi ineffable des Juifs qui commandait de le nourrir ainsi ; qu'ils pratiquaient cette coutume tous les ans à une époque déterminée ; 95 qu'ils s'emparaient d'un voyageur grec, l'engraissaient pendant une année, puis conduisaient cet homme dans une certaine forêt, où ils le tuaient ; qu'ils sacrifiaient son corps suivant leurs rites, goûtaient ses entrailles et juraient, en immolant le Grec, de rester les ennemis des Grecs ; alors ils jetaient dans un fossé les restes de leur victime. 96 Enfin, rapporte Apion, il dit que peu de jours seulement lui restaient à vivre, et supplia le roi, par pudeur pour les dieux de la Grèce et pour déjouer les embûches des Juifs contre sa race, de le délivrer des maux qui le menaçaient. 97 Une telle fable non seulement est pleine de tous les procédés dramatiques, mais encore elle déborde d'une cruelle impudence. Cependant elle n'absout pas Antiochus du sacrilège, comme l'ont imaginé ceux qui l'ont racontée en sa faveur. 98 En effet, ce n'est pas parce qu'il prévoyait cette horreur qu'il est venu au temple, mais, selon leur propre récit, il l'a rencontrée sans s'y attendre. Il fut donc en tout cas volontairement injuste et impie et athée, quel que soit l'excès du mensonge que les faits eux-mêmes montrent facilement. 99 En effet, les Grecs ne sont pas seuls, comme on sait, à avoir des lois en désaccord avec les nôtres; mais il y a surtout les Égyptiens et beaucoup d'autres peuples. Or, quel est celui de ces peuples dont les citoyens n'aient jamais eu à voyager chez nous ? Et pourquoi dès lors, par un complot sans cesse renouvelé, aurions-nous besoin, pour les Grecs seuls, de verser le sang ? 100 Et puis comment se peut-il que tous les Juifs se soient réunis pour partager cette victime annuelle et que les entrailles d'un seul aient suffi à tant de milliers d'hommes, comme le dit Apion ? Et pourquoi, après avoir découvert cet homme quel qu'il fût, Apion n'a-t-il pu enregistrer son nom[i]? 101 ou comment le roi ne l'a-t-il pas ramené dans sa patrie en grande pompe, alors qu'il pouvait par ce procédé se donner à lui-même une grande réputation de piété et de rare philhellénisme, tout en s'assurant de tous, contre la haine des Juifs, de puissants secours ? 102 Mais passons: il faut réfuter les insensés non par des raisons, mais par des faits. Tous ceux qui ont vu la construction de notre temple savent ce qu'il était, connaissent les barrières infranchissables qui défendaient sa pureté. 103 Il comprenait quatre portiques concentriques dont chacun avait une garde particulière suivant la loi. C'est ainsi que, dans le portique extérieur tout le monde avait droit d'entrer, même les étrangers ; seules les femmes pendant leur impureté mensuelle s'en voyaient interdire le passage. 104 Dans le second entraient tous les Juifs et leurs femmes, quand elles étaient pures de toutes souillures; dans le troisième les Juifs mâles, sans tache et purifiés ; dans le quatrième les prêtres revêtus de leurs robes sacerdotales. Quant au saint des saints, les chefs des prêtres y pénétraient seuls, drapés dans le vêtement qui leur est propre. 105 Le culte a été réglé d'avance si soigneusement dans tous ses détails qu'on a fixé certaines heures pour l'entrée des prêtres. En effet, le matin dès l'ouverture du temple, il leur fallait entrer pour faire les sacrifices traditionnels, puis de nouveau à midi jusqu'à la fermeture du temple. 106 Enfin il est défendu de porter dans le temple[i]même un vase ; on n'avait placé à l'intérieur qu'un autel[i], une table, un encensoir, un candélabre, tous objets mentionnés même dans la loi. 107 Il n'y a rien de plus ; il ne s'y passe point de mystères qu'on ne doive pas révéler, et à l'intérieur on ne sert aucun repas. Les détails que je viens de signaler sont attestés par le témoignage de tout le peuple et apparaissent dans les faits. 108 Car, bien qu'il y ait quatre tribus de prêtres[i], et que chacune de ces tribus comprenne plus de cinq mille personnes, cependant ils officient par fractions à des jours déterminés; une lois ces jours passés, d'autres prêtres, leur succédant, viennent aux sacrifices, et, réunis dans le temple au milieu du jour, en reçoivent les clefs de leurs prédécesseurs, ainsi que le compte exact de tous les vases, sans apporter à l'intérieur rien qui serve à la nourriture ou à la boisson. 109 Car il est interdit d'offrir même sur l'autel des objets de ce genre, sauf ceux qu'on prépare pour le sacrifice.

En conséquence que dire d'Apion sinon que, sans examiner ces faits, il a débité des propos incroyables ? Et cela est honteux, car lui, grammairien, ne s'est-il pas engagé à apporter des notions exactes sur l'histoire ? 110 Connaissant la piété observée dans notre temple, il n'en a pas tenu compte, et il a inventé cette fable d'un Grec captif secrètement nourri des mets les plus coûteux et les plus réputés, des esclaves entrant dans l'endroit dont L'accès est interdit même aux plus nobles des Juifs s'ils ne sont pas prêtres. 111 C'est donc une très coupable impiété et un mensonge volontaire destiné à séduire ceux qui n'ont pas voulu examiner la vérité, s'il est vrai qu'en débitant ces crimes et ces mystères, ils ont tenté de nous porter préjudice.

 

5 En 1886 le publiciste Édouard Drumont publia son pamphlet, La France juive , rassemblant tous les griefs de la petite bourgeoisie cléricale contre les juifs. L’ouvrage parut à l’heure où déferlait la vague nationaliste du boulangisme et il connut un énorme succès marqué par des éditions multiples (50 000 exemplaires la première année et près de 200 rééditions jusqu'à la guerre de 1914). Il développe le thème de la responsabilité des Juifs dans la misère des travailleurs. Il a unifié dans une perspective historique –  sociale, religieuse, politiqueles trois sources principales des passions anti-juives : l'antisémitisme chrétien, l'anti-capitalisme populaire et le racisme moderne.A travers le mythe juif Drumont amalgame toutes les inquiétudes de son temps : la dégénérescence de la race, la corruption du régime, la crise économique, l'exploitation du peuple par le capitalisme, le déclin des folklores et des traditions. Drumont aura toujours soin de donner à son antisémitisme une allure scientifique. En 1886, se réclamant de Ernest Renan, il systématise le couple Aryen/Sémite , par la suite son discours prendra l'allure de l'abstraction savante : " le juif est un être très particulier, organisé d'une façon distincte de la nôtre, [...] ayant des aptitudes, des conceptions, un cerveau qui le différencient absolument de nous " (Drumont, 1890). L’animosité contre les Juifs est popularisée par les moyens modernes de diffusion : la presse catholique en est le véhicule efficace (La Croix ). Nationalisme et cléricalisme trouvaient un terrain commun : la haine du juif.  En 1892 Drumont fonda un quotidien qui ne tarda pas à devenir le journal de tous les bien-pensants : La Libre Parole . Un moment ralenti, le succès de La Libre Parole  connut un renouveau avec l’affaire Dreyfus, son directeur devient le porte-drapeau adulé ou détesté d’un antisémitisme et d’un anticapitalisme qui se confondent sans pouvoir édifier vraiment une doctrine. Ainsi l'antisémitisme n'est plus le banal préjugé discriminant qu'il était en 1880 mais à l’aube du 20ème siècle avec Drumont et Barrès, assurant la fusion du boulangisme, du nationalisme et de l'antisémitisme,  le mythe antijuif est élevé « à la hauteur d'une idéologie et d'une méthode politique " (Michel Winock, 1990). Ils lui ont même donné un fondement scientifique avec Soury en s’appuyant sur les concepts de Vacher de Lapouge.

7 La Guerre Sainte fut de façon incontestable le fondement de l’expansion historique islamique à partir du VIIIème  siècle.  Cependant certains théologiens musulmans voient dans la notion de Guerre Sainte une déformation du sens du mot jihad qui serait  en fait l’expression du combat spirituel intérieur contre ses défauts, « l’effort contre ses propres passions pour suivre les voies d’Allah ».

 8 © 1996 Encyclopædia Universalis France S.A.Tous droits de propriété intellectuelle et industrielle réservés. 

 

 

 

Enfant-martyr de Palestine, Mohammed Al-Dura : 30 septembre 2000

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La « mort atroce » de l’enfant « martyr », tué par les « sionistes », est devenue une légende dans les pays arabo-musulmans, la véracité des faits dans leur totalité a été contestée.

Enfant- martyr : L’Affaire Mohammed Al Dura à travers le prisme de l’Histoire

Pierre-André Taguieff  qui a étudié ces fait compare ce « buzz » médiatique à celui  de Che Guevara. Le débat existe toujours et la toile foisonne d’interprétations contradictoires.

Enderlin b Mohammed al-DuraLe point sur cette affaire :

 

1. Les faits :

Le 30 septembre 2000, au carrefour de Netzarim, aux abords de la bande de Gaza, le petit Mohammed Al-Doura étaitEnderlin a Mohammed Al Dura Sequence Enderlin c Mohammed al-Duratué par balle par un snipper israélien, dans les bras de son père Jamal, qui tentait de le protéger.

La scène bouleversante de l’agonie de ce jeune garçon filmé par le caméraman Talal Abu Ramah et commentée par Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem, fait le tour du monde et dans le contexte du déclenchement de la 2ème  IntifadaGuerre des Pierres - provoque l’indignation de l’opinion internationale. Rappelons le commentaire fait par Charles Enderlin – qui n’était pas sur les lieux - à ces images :

Enderlin f Mohammed al-Dura« 15 heures. Tout vient de basculer près de l’implantation de Netzarim, dans la bande de Gaza. Les Palestiniens ont tiré à balles réelles, les Israéliens ripostent. Ambulanciers, journalistes, simples passants sont pris entre deux feux. Ici, Jamal et son fils sont la cible de tirs venus des positions israéliennes. Mohammed a douze ans, son père tente de le protéger. Il fait des signes (…) Mais une nouvelle rafale. Mohammed est mort, et son père gravement blessé. »

Le président français Jacques Chirac, accueillant le 4 octobre 2000 le Premier ministre israélien Ehoud Barak à Paris, Mohammed al-Dura morta cru pouvoir lui lancer : « Ce n’est pas une politique de tuer des enfants ». Au moment des fait le président Bill Clinton déclara : « La première fois que j’ai vu cela, je ne savais pas comment cela s'était terminé, et je me suis demandé s’il y avait autre chose que le père pût faire pour protéger son fils.  J’ai regardé la scène comme s’il s’agissait de quelqu’un que je connaissais, vous savez. C’était un crève-coeur. »

Des manifestations ont lieu dans le monde. Une manifestation pro-palestinienne eut lieu à Paris, place de la République, le 7 octobre 2000, à l’appel de multiples associations (l’Union générale des étudiants de Palestine en France, le MRAP et la Ligue des droits de l’homme …) et de partis politiques (les Verts, LCR). Les cris « Mort aux Juifs ! » et « Juifs assassins ! » furent lancés. Des panneaux portaient l’image du « petit Mohammed » et de son père, sous le feu des soldats israéliens assimilés à des « assassins » et à des « nazis », par exemple une affiche proclamait : « Stop au terrorisme juif hitlérien !». C’était quelque chose de nouveau depuis la Libération en 1945. Plusieurs manifestations pro-palestiniennes en Europe portaient en tête de cortège un cercueil d’enfant.

  Enfant- martyr : L’Affaire Mohammed Al Dura à travers le prisme de l’Histoire

 

Très vite les autorités israéliennes soutenues par l’extrême droite mettent en doute la véracité des images et parlent de manipulation. Les images seraient « un montage partial à but propagandiste ». L’agence de presse israélienne MENA- METULA News Agency 2produit un documentaire de 20 minutes, « AL DURA : l’enquête », qui s’appuie sur les déclarations de Nahum Shahaf, physicien qui avait participé à l’enquête de Tsahal et met en cause la réalité des scènes filmées, il conclut à « une véritable mise en scène jouée par des acteurs ». En janvier 2003 le correspondant permanent de la MENA à Paris, Gérard Huber publie « Contre-expertise d’une mise en scène », qui reprend la thèse du documentaire. Stéphane Juffa, fondateur et directeur de Metula News Agency, affirme : « Cet incident est devenu la plus grande mise en scène de l’actualité de tous les temps, depuis qu’existe la télévision. Je ne sais pas qui a tiré sur Mohammed Al-Dura, et aujourd'hui encore, je l'ignore, et je ne sais pas si on le saura un jour. Mais je sais qui n’a pas tiré sur lui : les soldats de cette position israélienne n’ont pas tiré sur l’enfant. » 

 

2. La bataille judiciaire et médiatique en France :

En France cette thèse du complot a étayée par Media-Ratings - http://www.m-r.fr/ -, agence de notation des médias,  qui avait conclu : « le correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin, a effectivement diffusé un faux reportage ce 30 septembre 2000 ». Arlette Chabot, directrice de l’information de la chaîne publique française a alors engagé une procédure judiciaire de diffamation contre Média-Ratings et de son président Philippe Karsenty.

Dessin Plantu Aff Al DuraLe 19 octobre 2006 la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris a condamné Philippe Karsenty à des dommages et intérêts en faveur de France 2 et Charles Enderlin. Suite à l’appel de cette condamnation, la 11ème chambre de la cour d’appel de Paris a décidé un supplément d’information. Les rushes filmés par le caméraman palestinien sont visionnés et commentés par les deux parties lors de l’audience du 14 novembre 2007. Mais, sur les 27 minutes de rushes annoncées, France 2 n’en présente que 18, lesquelles donnent à voir des répétitions de mise en scène de fausses fusillades, avec de faux blessés, ce qui suffit à jeter le doute sur le sérieux du reportage. La dépêche de l’AFP du 14 novembre 2007 a fort bien caractérisé le point en litige: Al Dura faux 19 05 2013« Alors que le reportage se terminait sur une image de l’enfant inerte, laissant penser qu’il était mort à la suite des tirs, dans les rushes, on voit, dans les secondes qui suivent, l’enfant relever un bras. C’est un des éléments qui poussent M. Karsenty à affirmer qu’il y a eu mise en scène » . Contrairement aux affirmations de Charles Enderlin, les rushes ne contiennent aucune « image insupportable d’agonie d’enfant ». Les experts ont visionné les images tournées par France 2 et ont constaté l’existence d’au moins 3 autres cameramen d’autres médias - images présentées devant la cour d’appel de Paris le 27 février 2008 -, ce qui rend la thèse selon laquelle la mort du jeune Mohammed était « une mise en scène tournée par des acteurs »,difficilement envisageable. Cependant Philippe Karsenty a cité le rapport d’un spécialiste de balistique, Jean-Claude Schlinger, expert en Armes et Munitions près la cour d’appel de Paris et agréé par la Cour de cassation, intitulé Examen technique et balistique. Ses conclusions infirment la version de Charles Enderlin et de son cameraman: « Si Jamal et Mohammed al-Dura ont été atteints par balles, les tirs ne pouvaient techniquement pas provenir du poste israélien, mais seulement du poste palestinien PITA, ou de tireurs placés dans le même axe. » 

Finalement le 21 mai 2008 la 11ème  chambre d’appel de Paris déboute les accusations de diffamation de France 2 Livre Mohammed al-Douraet de Charles Enderlin à l’encontre du journaliste Philippe Karsenty. Laurence Trébucq (Présidente de la Cour d’appel de Paris,) affirme le droit de celui-ci à exercer de bonne foi son « droit de libre critique ». P. Karsenty par téléphone le 27 mai 2008 déclarait : « J’appelle la France une « petite U.R.S.S. » La différence, cependant, entre l’Union Soviétique et la France, c’est que les Soviétiques savaient qu’on leur mentait, alors que les Français croient qu’ils savent la vérité. »

Dans un article intitulé « L’honneur du journalisme », paru le 7 juin 2008 dans Marianne, l’historien Élie Barnavi s’est interrogé sur le silence des médias français à propos de ce tournant dans l’affaire al-Dura : « N’est-il pas étonnant que le Monde fut le seul organe de presse national à rendre compte [le 25 mai 2008] du procès devant la 11e chambre de la cour d’appel, gagné par Philippe Karsenty… »

L’arrêt du 21 mai 2008 a par contre provoqué la publication dans Le Nouvel Observateur, le 5 juin 2008, puis dans Le Monde des 8 et 9 juin 2008, d’un « Appel pour Charles Enderlin », daté du 27 mai 2008 et signé par de très nombreux professionnels des médias, où le journaliste de France 2 est présenté en martyr de la cause journalistique « professionnelle ». L’appel dénonçait « une campagne obstinée et haineuse qui s’efforce de salir la dignité professionnelle de notre confrère Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jerusalem… tentant de présenter comme une "supercherie" et une "série de scènes jouées" , son reportage montrant la mort de Mohammed al-Doura.. » France 2 et Charles Enderlin décident d’entamer un recours en cassation.

Elie Barnavi, alors ambassadeur d’Israël en France,  reprend la thèse du complot anti-israélien et dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Marianne constate que « depuis que juifs et Arabes s’affrontent sur ce bout de terre, rien n’a eu un effet aussi dévastateur sur l’image d’Israël et de ses armes que la mort du petit Mohammed al-Doura, seule la tuerie de Deir Yassin, le 9 avril 1948, a eu des conséquences plus graves. » Selon lui Talal Abou Rahma, le cameraman d’Enderlin, serait un propagandiste au service de la cause palestinienne. Membre du Fatah, il n’a jamais caché son engagement politique. Quand il reçut un prix, au Maroc, en 2001, pour sa vidéo sur al-Dura, il a déclaré à un journaliste : « Je suis venu au journalisme afin de poursuivre la lutte en faveur de mon peuple.»

Charles Enderlin répond à l’ambassadeur d’Israël une semaine plus tard dans les colonnes de Marianne 3 que des services policiers israéliens ont certifié que le caméraman Talal Abou Rahma n’est pas un propagandiste palestinien et n’est soupçonné d’aucune activité subversive anti-israélienne. Il met en avant que la scène a également été tournée par d’autres cameramen d’Associated Press et Reuters qui se trouvaient sur place. Il ajoute avoir présenté les images à un médecin légiste qui a conclu que les mouvements de l’enfant correspondaient à ceux d’une agonie 4.

Dernier rebondissement (http://www.telerama.fr/medias/affaire-al-dura-charles-enderlin-gagne-un-nouveau-proces,99619.php ) le  26 juin 2013 la Cour d'appel de Paris a condamné Philippe Karsenty pour diffamation à verser à Charles Enderlin une indemnité de 7 000€.

« La Cour d'Appel de Paris a confirmé le jugement du Tribunal correctionnel du 19 octobre 2006. Elle a condamné Philippe Karsenty pour diffamation à l'encontre de Charles Enderlin et France Télévisions à la suite de ses accusations infondées sur le reportage effectué sur la mort de Mohamed Al-Dura », annonce France Télévisions dans un communiqué. (lire notre interview : “Dans l'affaire Al-Dura, les faits tels que je les montre sont indiscutables”) et France 2 assigne l'accusateur en justice. En 2006, Philippe Karsenty  fait appel et est relaxé en 2008, une décision annulée par la Cour de cassation en 2012, puis renvoyée une nouvelle fois devant la Cour d'appel.

Cité par Le MondePhilippe Karsenty reste « serein » et n'a pas prévu un nouveau pourvoi en cassation. « Mon seul combat, c'est la vérité … ce reportage a été bidonné du début jusqu'à la fin. On le sait, tout le monde le sait ».

De son côté, Charles Enderlin a écrit sur son blog  : « Cet arrêt de la cour d'appel est très clair : les juges n'ont pas cru en la bonne foi de Monsieur Karsenty. ils ont totalement rejeté ses affirmations. La vérité est établie et ce n'est pas la sienne. Il faut espérer que tous ceux qui préfèrent les fantasmes à la réalité et participent à de telles campagnes de harcèlement de journalistes reçoivent et comprennent bien ce message envoyé par les juges. ».


3. La bataille judiciaire et médiatique à l’étranger (Israël et Allemagne ) :

 

Pourtant le doute reste à l’ordre du jour dans de nombreux médias. La 1ère chaîne nationale israélienne "Mabat Sheni" Mort de Mohammed al-Duraa diffusé le 7 mars 2008 « l’Affaire Al-Dura », un documentaire de Yoram Schiffer 5qui a enflammé les passions en Israël en reprenant la thèse de la scène jouée et démontrant médicalement que les blessures montrées par le père d’Al Dura sont antérieures à 2000.

En Allemagne  la cinéaste Esther Schapira, après sa première enquête de 2002,  « 3 balles et un enfant mort », en consacre un second, diffusé sur la Première Chaîne allemande ARD, le 4 mars 2009,  «L’enfant, la mort, et la vérité»6 où elle affirme que « tout cela n'était qu´une mise en scène, une manipulation médiatique. » Mme Schapira y présenta des indices qui l’amènent à conclure que Mohammed al Dura n’a été tué, ni par les Israéliens, ni par les Palestiniens, et qui tendraient à indiquer qu’il est peut-être en vie. Avec l´aide de Kurt Kindermann, expert célèbre en analyse biométrique du visage, elle affirme qu’à la place de Mohammed al Dura, c’est un autre enfant qui a été enterré, probablement Rami, son cousin.

Cependant en juillet 2008 la Haute cour de justice israélienne a rejeté un appel venant d’une association juridique de droite, Shurat HaDin, qui accuse Charles Enderlin d'avoir mis en scène la mort Mohammed al-Doura et visant à retirer la carte de presse de Charles Enderlin, journaliste de France 2. En première instance, un tribunal avait rejeté cette demande. La Cour suprême, siégeant en tant que Haute cour de justice, a confirmé cette décision. "Il n'y a pas lieu d'intervenir dans la décision de ne pas retirer la carte de presse", a indiqué la présidente de la Cour suprême Dorit Beinish, dans les attendus de l'audience. La plus haute instance juridique israélienne a toutefois souligné que sa décision "n'implique pas une prise de position concernant la fiabilité du reportage. »

 

4 - 19 mai 2013 : le rapport de la Commission gouvernementale d’enquête israélienne sur l’Affaire Al-Dura

 

En Israël le 19 mai 2013 a été publié le rapport de la Commission gouvernementale d’enquête israélienne sur l’Affaire Al-Dura dirigée par Yossi Kupwasser, directeur général du ministère des Affaires stratégiques et internationales. Le Premier Ministre Benyamin Netanyahou a déclaré qu’ « il est important de se concentrer sur cet incident – qui a calomnié la réputation d’Israël. Ceci est une manifestation de la campagne mensongère en cours visant à délégitimer Israël. Il n’y a qu’une seule façon de contrer les mensonges, et c’est par la vérité. Seule la vérité peut l’emporter sur le mensonge. »
Le problème est que la commission, convaincante n’a cependant pas démontré irréfutablement la vérité et remet en cause – 13 ans après les faits – la version israélienne des évènements. En remettant en cause la version officielle des faits, en montrant les incohérences dans la narration, en démontrant des falsifications et des manipulations, le gouvernement israélien veut affaiblir la crédibilité palestinienne générale concernant les « atrocités israéliennes ». Caricature opposee a Plantu

Selon Gil Mihaely « Pour Israël, il s’agit d’un véritable revirement car dans les jours suivant la diffusion du reportage, les officiers de l’état-major et du commandement du Front Sud avaient accepté la possibilité que des balles israéliennes aient pu accidentellement atteindre le garçon. » …« Aujourd’hui, après avoir examiné de façon exhaustive les éléments liés à l’affaire al Dura, la commission constate que les faits rapportés dans le reportage de France 2 sont sans fondements. C’est désormais la position officielle du gouvernement israélien. »

Selon Freddy Eytan ce rapport pose la question de la responsabilité de la presse internationale et son rôle dans le conflit palestino-israélien. Selon lui « il apparaît, en lisant attentivement les 37 pages du rapport et ses annexes, qu’il n’y a aucune preuve que Jamal al-Doura ou son fils Mohammed aient été blessés comme le présente le reportage de France 2, et encore moins que Tsahal ait été responsable de ces prétendues blessures. Plus grave encore, ce reportage de 27 secondes a été une        « source d’inspiration » et a servi à justifier le terrorisme, l’antisémitisme, et la délégitimation de l’Etat juif. Depuis lors, « les soldats de Tsahal sont désormais des tueurs à gage et des assassins d’enfants innocents. » « Les soldats juifs se comportent comme des nazis… » Dans cette affaire « montée de toutes pièces », la désinformation, la manipulation et le mensonge ont donc gagné et les chefs palestiniens, orfèvres en la matière, se réjouissent en se frottant les mains dans l’allégresse devant la colère et la frustration compréhensives des autorités israéliennes. »

Freddy Eytan pose la question de la vérification des sources et leur croisement, ainsi que celle du respect scrupuleux des standards de l’objectivité. Il rappelle le premier principe de la Déclaration des principes de conduite des journalistes adoptée par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) : « le respect de la vérité et le droit du public à la vérité est le premier devoir du journaliste » qui « ne doit pas supprimer des éléments ou les falsifier » et doit en cas d’erreur immédiatement la rectifier. Le code éthique de la Société américaine des Journalistes professionnels souligne aussi la nécessité de croiser les sources et de les vérifier plusieurs fois. La Résolution 1003 sur l’éthique du journalisme adoptée par le Parlement du Conseil de l’Europe indique que la poursuite de la vérité doit être « faite avec les moyens appropriés de vérification et de preuve ».

Mais dans les pays démocratiques, il n’est pas nécessaire d’obtenir une licence ou un permis pour pouvoir exercer le métier de journaliste et certains tombent dans le piège de la manipulation exercée volontairement ou involontairement par les différentes sources, par des informateurs qui se trouvent sur le terrain ou par des politiques.

Selon Shmuel Trigano- à partir d’une tribune sur Radio J, le vendredi 24 mai 2013 – « Le récent rapport du Livre Taguieff Nvles propag antijuivegouvernement israélien sur l’affaire Al Dura vient confirmer, cette fois-ci de la part d’un État, que la mort de l’enfant Al Dura sous les balles de l’armée israélienne était un faux, en tout cas le produit d’une défaillance déontologique de la chaîne publique FR2. Et lorsque l’on connaît l’exigence des commissions d’enquêtes israéliennes, de telles conclusions peuvent être tenues pour crédibles. » Que cela ait pris 12 ans est un gage de crédibilité selon lui mais aussi la  démonstration de l’incapacité de la diplomatie israélienne dans la bataille de la désinformation et la guerre psychologique menée sur le plan mondial par les Palestiniens et leurs alliés. Il rappelle le rôle clé de Philippe Karsenty dans ce combat pour la vérité. Pour lui « la chose, si elle est énorme est tout à fait plausible, si l’on en juge à la lumière du passé, où il fut démontré que les chaînes de télévision françaises (et les autres !) pouvaient produire des faux… le « charnier » de Timisoara ! Mais ce faux, en l’occurrence, a engendré une histoire. Cette mort est devenue l’emblème d’une crise antisémite virulente dans le monde musulman. Ce fut le drapeau de l’Intifada et des « banlieues » d’Europe. Elle a redonné vie au mythe archaïque du crime rituel. La cruauté supposée d’Israël, accusé de « tuer des enfants » de façon préméditée, a nourri le « nouvel antisémitisme » dans le monde (rappelons nous le meurtre de Daniel Pearl au nom de Al Dura) et en Europe, jusqu’à inspirer à Merah le meurtre d’enfants juifs. » 7

 

Ces positions restent contestées,  par exemple sur son blog « PierreVX »8 publie le 20 mai 2013 un article nommé « Le mensonge: clé de voûte de l'oligarchie sioniste » dans lequel il écrit : « Dans un registre beaucoup plus grave l'affaire Al Dura, une caméra de France 2 filme par hasard en pleine rue le meurtre de sang froid du fils de Jamal Al Dura (lui même gravement blessé) par des snippers israéliens. Aujourd'hui encore des officines sionistes françaises relayées par l'essentiel de la presse française et le gouvernement israélien contestent l'évidence de cet homicide et crient au complot, sans pour autant apporter le moindre début de preuve. Depuis ce meurtre, des centaines d'autres du même type ont pourtant suivi sans jamais donné suite à des condamnations contre leurs auteurs juifs israéliens civiles ou militaires. Tuer de sang froid un arabe en Palestine est donc toléré de fait ! Le mensonge total et massif, un dénie de réalité collectif pour tenter de masquer l'abomination sioniste et le cortège d'atrocités sans fin qu'elle génère quotidiennement. »  

 

5. L’aura de Mohammed Al Dura dans le monde musulman

 

La « mort atroce » de l’enfant « martyr », tué par les « sionistes », est devenue une légende, un objet de culte dans les pays arabo-musulmans. Pierre-André Taguieff compare ce phénomène de « buzz » médiatique à celui  de Che Guevara, avec aussi les mêmes implications commerciales. La diffusion de ces images ainsi interprétées a eu des effets d’incitation au meurtre presque immédiats : Douze jours après les faits, le 12 octobre 2000 a lieu à Ramallah le lynchage de deux réservistes israéliens qui s’étaient égarés là et dont les corps ont été mis en pièces. La foule rugissait : "Vengeance pour le sang de Al-Dura!"

Dès octobre 2000 l’image-­choc du « petit Mohammed » est partout : à la télévision, dans les manuels scolaires, sur des timbres-poste - à l’effigie de M. Al Dura en Tunisie, en Égypte, en Iran et en Jordanie - ,

Timbre Jordanie Mohammed al DuraTimbre Tunisie Mohammed al Dura

des tee-shirts. Le nom d’Al Dura a été donné à des places au Maroc, au Mali – où la principale place de la capitale du Mali, Place Mohammed al-Dura Bamako capitale du Mali (Co) WikipedBamako, a été baptisée « place Mohammed al-Dura » et le gouvernement a fait ériger un monument reproduisant une image des al-Dura, le fils blotti contre le père - et à des rues dans un certain nombre de grandes villes dans le monde.

Le poète palestinien Mahmoud Darwich composa un poème engagé à la mémoire de cet « oiseau terrorisé par l’enfer tombant du ciel », qui « voudrait rentrer à la maison », mais qui « fait face à une armée » et « voit venir sa mort, inexorable ». Il affirme que le jeune garçon fut abattu par le « fusil du chasseur de sang-froid ». L’inspiration du poète est en accord total avec la propagande de l’autorité palestinienne. Le site officiel de l’université de Gaza, diffusait le message suivant: « Le meurtre du petit Mohammed al-Dura a été commis intentionnellement et de sang-froid. »

 Les représentations dessinées de la scène couvrent les murs du monde arabe.

Mohammed Al Dura dessin Mohammed Al Dura dessin Ben HeineMort De Mohamed Al dura bas-relief

Les chansons et les séquences télévisées à la gloire de Al-Dura reconstituant la scène de sa mort sous les balles israéliennes se  multiplient.

ShowImageLiban 2000 - Mon fils, de ton sang, le soleil se leve - Af

Environ un an après l’affaire, des combattants d’Al-Qaida enlevèrent le journaliste américain Daniel Pearl. Ils l’exécutèrent face à la caméra. Et tandis qu’ils l’exécutaient, était diffusée l’image de Mohammed Al-Dura. Sur la cassette on entendait  Pearl répéter mécaniquement : « Ma mère est Juive, mon père est Juif, je suis Juif, ma famille est pratiquante… » Durant l’année 2002, la vidéo de propagande réalisée par les islamistes pakistanais, ses assassins, fut Mondialement diffusée. Elle paraissait justifier l’assassinat sauvage et théâtralisé du « Juif Daniel Pearl », crime raciste, par le « martyre » du jeune musulman, Mohammed al-Dura, reconnaissable, en arrière-plan de la photo du journaliste avant son égorgement.

Exploitée par la propagande des islamistes radicaux, l’image du « petit Mohammed »-martyr Ogre Sharon co Independent.Co.UKa « sonné l’heure du Jihad mondial dans le monde musulman »  un an avant les attentats antiaméricains du 11 septembre 2001. Cette image confirmait une des affirmations clés des dirigeants d’Al-Qaida, selon laquelle les Juifs et leurs alliés américains « tuent les musulmans » et  justifiait la mis en œuvre du « Jihad défensif » obligeant tout musulman à combattre les agresseurs de musulmans, les envahisseurs des « terres musulmanes » et  tous les « ennemis de l’islam ». Dans la société de communication planétaire, les images constituent des armes redoutables 7 car elles suscitent des sentiments de vengeance et favorisent le Jihad mondial. Al Dura et enfant de Varsovie Dans une cassette pour mobiliser des combattants, Oussama Ben Laden consacre une élégie à Al-Dura. Chaque passage du texte quasi-incantatoire  est suivi d'une détonation et le nom de Mohammed répété comme un refrain :

« C’est en vain que s’est dissipé ton jeune âge

Que tout dirigeant qui abjure à tes yeux,

qui ne prend part à la guerre,

soit une réprobation et une accusation (bis)

D’une distance de mille mots, il met en garde.

Oh, enfant, mort de la main des Juifs… »

Dans l’affaire al-Dura, contrairement par exemple, à l’affaire Dreyfus, le Juif accusé n’est pas un individu mais un être collectif : l’Etat d’Israël et les Israéliens représentés par leur armée criminelle, présentée en tant que tueuse d’enfants arabo-musulmans, mais aussi les « sionistes » en général .

 

6. L’Affaire Al Dura vue à travers le prisme de l’Histoire 9

Voir article :   Enfant- martyr : L’Affaire Mohammed Al Dura à travers le prisme de l’Histoire

 

Conclusion :

Alors que la « mort atroce » de l’enfant « martyr », tué par les « sionistes », est devenue une légende, un objet de culte dans les pays arabo-musulmans. Pierre-André Taguieff compare ce phénomène de « buzz » médiatique à celui  de Che Guevara, avec aussi les mêmes implications commerciales ; Stéphane Juffa, fondateur et directeur de Metula News Agency, affirme au contraire : « Cet incident est devenu la plus grande mise en scène de l’actualité de tous les temps, depuis qu’existe la télévision. Je ne sais pas qui a tiré sur Mohammed Al-Dura, et aujourd'hui encore, je l'ignore, et je ne sais pas si on le saura un jour. Mais je sais qui n’a pas tiré sur lui : les soldats de cette position israélienne n’ont pas tiré sur l’enfant. » 

Le débat reste ouvert et le net foisonne d’interprétations contradictoires.

 



7 http://www.pn5-news.com/?p=4772

http://www.france-palestine.org/Dessin-de-Plantu-L-Affaire-Al-Dura

http://www.causeur.fr/israel-al-dura-enderlin,22567#

http://www.desinfos.com/spip.php?article35899

http://www.terredisrael.com/infos/laffaire-al-doura-un-rapport-accablant-sur-la-desinformation-et-sur-une-deontologie-bafouee-et-meurtrie/

http://www.desinfos.com/spip.php?article36094

http://www.lessakele.com/article-l-affaire-dreyfus-de-l-antisionisme-118054117.html

http://www.desinfos.com/spip.php?article36088

http://israel-chronique-en-ligne.over-blog.com/le-crif-demande-une-commission-d%E2%80%99enqu%C3%AAte-sur-l%E2%80%99affaire-al-dura

http://www.guysen.com/fil-infos/affaire-al-dura-un-appel-manifeste-au-crime-rituel-qui-a-motive-mohamed-merah-a-toulouse-ministre-israelien-de-la-defense-moshe-yaalon/

http://ambisrael.fr/6102/publication-du-rapport-du-comite-dexamen-du-gouvernement-israelien-concernant-le-reportage-al-dura-de-france-2-ses-consequences-et-implications-3

 

 

LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : UNE HISTOIRE DU SACRIFICE (1)

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Depuis la nuit des temps l’enfant est au cœur de la vie des sociétés humaines, il est porteur de leur avenir et de la perpétuation des traditions et des héritages. Comme la jeunesse il a donc une place symbolique qui peut conduire, au nom du salut de la société qu’il personnifie, à son sacrifice, contraint ou volontaire. L’enfant-martyr – qui peut être un adolescent, un jeune homme ou une jeune femme - est donc au cœur de l’expérience politique de nombreuses sociétés dans lesquelles un système social est menacéle sacrifice de l’enfant est censé éradiquer le déclin – ou naissant  - le sacrifice souvent volontaire d’un enfant pour une idée nouvelle, embelli par la tradition, la légende ou la propagande,  vient fonder, enraciner le nouveau système -.  

L’enfant-martyr revêt donc une valeur politique et même géopolitique car l’épisode – qui prend souvent l’allure dune « affaire d’Etat » - s’inscrit dans une société, un pays et un temps donnés.

 

C'est par exemple le cas de  "l'Affaire Mohammed Al Dura, enfant-martyr palestinien"

Voir : Enfant- martyr : L’Affaire Mohammed Al Dura à travers le prisme de l’Histoire

  et : Enfant-martyr de Palestine, Mohammed Al-Dura : 30 septembre 2000

 

 

- On pourrait aussi évoquer Phan Thi Kim Phùc "l'enfant-martyr de la Guerre du Vietnam" :

Mémoire et histoire PHOTO ET HISTOIRE : L’IMAGE-CHOC, Phan Thi Kim Phùc, « l’enfant symbole du Viet Nam » :

 

1 – SACRIFICE

 

Le mot sacrifice 1, « le fait de rendre sacré » (latin : sacrificium, de sacer facere) c'est à dire faire passer dans le monde du sacré un objet profane, généralement par une forme de destruction (qui n’est pas toujours nécessaire comme le montrent  les objets votifs et ex-voto divers).

En grec, thysia,le sacrifice est un mot de la même racine que thyein, brûler et thyo, encens, parfum. Le sacrifice fait monter une fumée à l’agréable odeur vers les Dieux, comme le dit aussi la Bible.

Dans le langage courant aujourd'hui le terme désigne le fait de détruire ou laisser détruire stratégiquement une partie d'un ensemble pour obtenir une amélioration globale : sacrifier un pion aux échecs,  sacrifier des hommes pour gagner une bataille... Le concept est familier à tous les amateurs de jeux électroniques.

 

À l'origine, le terme de sacrifice s'emploie pour toutes sortes d'actes : offrandes de nourriture ou de liquide, d’une part des récoltes ou des terres, d’un être vivant. Le sacrifice est un échange entre les hommes et les puissances divines. Dans les sociétés primitives, non-monétaires, tout commerce suppose un échange, dons et contre-dons. Plus une personne est puissante, plus elle est censée répondre par un contre-don de plus haute valeur. On offre aux Dieux le meilleur car on attend en retour des dons inestimables : pluie, bonnes récoltes, victoire, paix, prospérité, santé... Le sacrifice étant échange, il est partage... Il est accompagné du repas sacrificiel où la victime est consommée entre Hommes et Dieux.

 

Le sacrifice et une sorte de frontière où hommes et dieux se rencontrent.

 

Dans la Bible, en Grèce, à Rome, entre tuer un animal pour la boucherie ou le sacrifier, il n’y n'a pas de différences, la manière de le mettre à mort est toujours sacrificielle. L’offrande sanglante va s’identifier peu à peu au mot sacrifice. Cela peut concerner comme dans beaucoup de civilisations des animaux ( monde gréco-latin, monde hébreu, Orients .. ) mais aussi des êtres humains.

 

2 – SACRIFICES HUMAINS

 

L'origine des sacrifices humains semble remonter au paléolithique inférieur. Selon Vincenzo Formicola, de l'université de Pise, les sites funéraires Sunghir en Russie, de Dolní Věstonice en Moravie et de la grotte Romito en Italie semblent montrer que le sacrifice humain était pratiqué au Paléolithique (Current Anthropology, vol. 48, n°3, Juin 2007).

Le sacrifice humain était considéré comme l’ultime recours dans les situations extrêmes, le sang d'un esclave ou d’un ennemi ayant moins de valeur sacrificielle d'un enfant et a fortiori une fille ou un fils de roi. Quand  une société est stable et sans menace à ses frontières elle renonce à ces sacrifices humains qu’elle peut rétablir en cas de situation grave.

 

Le meurtre rituel semble remonter au paléolithique et paraît lié à un culte des crânes dont le cerveau était consommé  au cours d'un banquet rituel mais les témoignages archéologiques sont difficiles à interpréter. L'anthropophagie rituelle constatée par les ethnologues en Océanie, Afrique, Amérique latine et Europe s’en rapproche.

 

Les sacrifices des prisonniers étaient fréquents dans toutes les civilisations primitives (= premières au sens de artsSacrifice azteque Codex Mendoza (Co) Wikipedia premiers)  ou archaïques, une part de butin – les prisonniers de guerre - est ainsi offerte aux dieux, c’est aussi une façon de s'emparer de la force de l'ennemi

L’historien romain Tite Live 2 évoque des sacrifices humains à l'occasion de la Guerre contre les Samnites.  Ils sont attestés par exemple chez les Gaulois par les découvertes  archéologiques de puits sacrificiels.

Les sacrifices humains étaient nombreux dans les civilisations précolombiennes comme les Aztèques qui  sacrifiaient des centaines de prisonniers de guerre dont le cœur était arraché pour nourrir le soleil comme le montre le Codex Mendoza. >>>

 

3 – LE « BOUC EMISSAIRE »

 

 Le sacrifice peut avoir une connotation « martyrielle », c’est le cas du « bouc émissaire » 

 

Un « bouc émissaire »  3  est un individu choisi par son propre groupe pour endosser une responsabilité ou une fauteWilliam Holman Hunt The Scapegoat collective.  

The Scapegoat (Le bouc émissaire), tableau de William Holman Hunt >>>

Bouc a Azazel gravure de William James WebbLe terme provient de la traduction grecque de « bouc à Azazel » <<<, il porte sur lui tous les péchés d'Israël. 4 La tradition rabbinique définit Azazel  comme une vallée désertique hostile, à Alexandrie les traducteurs de la Bible en grec, « la Septante » reprennent l’étymologie « ez ozel » c'est à dire Arton bouc émissaire« bouc en partance » traduit en grec ancien  par « apodiopompaíos trágos » et en latin par « caper emissarius ».

Le concept de  bouc émissaire implique clairement la notion de sacrifice de substitution que l’on retrouve dans la théologie chrétienne, Jésus dans les Évangiles est l’agneau immolé qui expie les péchés du monde en mourant sur la croix.

En Français, l'expression avec le sens juif apparaît en 1690 dans le dictionnaire de Furetière. Par extension elle a été utilisée dès le 18ème s. à propos d’une personne qui doit porter les fautes des autres. Georges Clemenceau a repris ce sens pour l’affaire Dreyfus : « Tel est le rôle historique de l'affaire Dreyfus. Sur ce bouc émissaire du judaïsme, tous les crimes anciens se trouvent représentativement accumulés. »

 

Aujourd'hui chez les ethnologues et anthropologues le « bouc émissaire » désigne l'ensemble des rites d'expiation en usage dans une société

 

Suite de l’article sur  :      http://www.hgsavinagiac.com/


§ ( Article 2) LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : IPHIGENIE

 

1 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA MYTHOLOGIE GRECO-ROMAINE : LE MYTHE D’IPHIGÉNIE

 

§ ( Article 3) LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : MOLOCH, JEPHTÉ

 

2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE, LE CORAN  ET LE MOYEN-ORIENT PRÉ -ISLAMIQUE

 

2.1 – L’INCESTE DE LOTH DANS LA BIBLE ET LES SACRIFICES D’ENFANTS

 

2.2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE : MOLOCH, JEPHTÉ …..

 

a. Moloch

 

b. La fille de Jephté

 

§ ( Article 4) LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR  : ISAAC ET ABRAHAM

 

2.2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE : ABRAHAM ET LE SACRIFICE D’ISAAC

 

c. Abraham et Isaac

 

§ ( Article 5) LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR  : Les « SAINTS INNOCENTS »

 

2.3 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE : LES « SAINTS INNOCENTS »



4 Dans le Livre du Lévitique de la Bible au chapitre 16 : Le chapitre évoque la façon dont Aaron doit pénétrer dans la Tente de la rencontre et les rites d’expiation à mettre en place : « Aaron  revêtira une tunique de lin consacrée, il portera à même le corps un caleçon de lin, il se ceindra d'une ceinture de lin, il s'enroulera sur la tête un turban de lin. Ce sont des vêtements sacrés qu'il revêtira après s'être lavé à l'eau.

Il recevra de la communauté des Israélites deux boucs destinés à un sacrifice pour le péché et un bélier pour un holocauste.

Après avoir offert le taureau du sacrifice pour son propre péché et fait le rite d'expiation pour lui et pour sa maison, Aaron prendra ces deux boucs et les placera devant Yahvé à l'entrée de la Tente du Rendez-vous.  Il tirera les sorts pour les deux boucs, attribuant un sort à Yahvé et l'autre à Azazel. Aaron offrira le bouc sur lequel est tombé le sort " A Yahvé " et en fera un sacrifice pour le péché. Quant au bouc sur lequel est tombé le sort " A Azazel ", on le placera vivant devant Yahvé pour faire sur lui le rite d'expiation, pour l'envoyer à Azazel dans le désert. Aaron offrira le taureau du sacrifice pour son propre péché, puis il fera le rite d'expiation pour lui et pour sa maison et immolera ce taureau…

Aaron fera ainsi le rite d'expiation sur le sanctuaire pour les impuretés des Israélites, pour leurs transgressions et pour tous leurs péchés la Tente du Rendez-vous qui demeure avec eux au milieu de leurs impuretés… Une fois achevée l'expiation du sanctuaire, de la Tente du Rendez-vous et de l'autel, il fera approcher le bouc encore vivant. Aaron lui posera les deux mains sur la tête et confessera à sa charge toutes les fautes des Israélites, toutes les transgressions et tous leurs péchés. Après en avoir ainsi chargé la tête du bouc, il l'enverra au désert sous la conduite d'un homme qui se tiendra prêt, et le bouc emportera sur lui toutes leurs fautes en un lieu aride. Quand il aura envoyé le bouc au désert,  Aaron rentrera dans la Tente du Rendez-vous, retirera les vêtements de lin qu'il avait mis pour entrer au sanctuaire. Il les déposera là, et se lavera le corps avec de l'eau dans un lieu consacré. Puis il reprendra ses vêtements et sortira pour offrir son holocauste et celui du peuple. Il fera le rite d'expiation pour lui et pour le peuple …

Celui qui aura conduit le bouc à Azazel devra nettoyer ses vêtements et se laver le corps avec de l'eau, après quoi il pourra rentrer au camp. Quant au taureau et au bouc offerts en sacrifice pour le péché et dont le sang a été porté dans le sanctuaire pour faire le rite d'expiation, on les emportera hors du camp et l'on brûlera dans un feu leur peau, leur chair et leur fiente. Celui qui les aura brûlés devra nettoyer ses vêtements, se laver le corps avec de l'eau, après quoi il pourra rentrer au camp.

Cela sera pour vous une loi perpétuelle. Au septième mois, le dixième jour du mois, vous jeûnerez, et ne ferez aucun travail, pas plus le citoyen que l'étranger qui réside parmi vous. C'est en effet en ce jour que l'on fera sur vous le rite d'expiation pour vous purifier. Vous serez purs devant Yahvé de tous vos péchés. Ce sera pour vous un repos sabbatique et vous jeûnerez. C'est une loi perpétuelle. .. Cela sera pour vous une loi perpétuelle ; une fois par an se fera sur les Israélites le rite d'expiation pour tous leurs péchés. Et l'on fit comme Yahvé l'avait ordonné à Moïse. »

La dimension géopolitique de "l'enfant-martyr" : (2) IPHIGENIE

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LES SACRIFICES D’ENFANTS  DANS LA MYTHOLOGIE GRECO-ROMAINE, LE MYTHE D’IPHIGENIE

 

Les sacrifices d’enfants coexistent avec ceux des prisonniers. L’enfant, être innocent et pur, a une valeur sacrificielle Francisco de Goya, Saturno devorando a su hijo (1819-1823)qui paraît plus grande.  Beaucoup de cosmogonies évoquent des dieux dévorant leurs enfants – les contes pour enfants en ont conservé la trace dans la figure de l’ogre - : Tableau de Goya :Saturne dévorant ses fils – 1819/1823- >>> A la fin de sa vie, adulé mais tourmenté, devenu sourd, Goya s’est retiré dans sa maison proche de Madrid, « la Quinta del sordo » = « la Maison du sourd ». Il dessine directement sur les murs de sa maison, souvent la nuit. Cette fresque de 146x83cm a été transférée sur toile et est conservée au Musée du Prado à Madrid. L’expression de Saturne montre la folie mais la violence contre l’enfant de tous les temps – la nudité des deux personnages ne les rattache à aucune époque précise - est une réalité accomplie.

On retrouve des dieux dévorant leurs enfants dans la mythologie grecque, dans la mythologie mésopotamienne qui influence tout l’Orient méditerranéen et des traces sont présentes dans la Bible. 

Voir :  LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : UNE HISTOIRE DU SACRIFICE (1)

 

1 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA MYTHOLOGIE GRECO-ROMAINE : LE MYTHE D’IPHIGÉNIE

 

Rubens Saturne 1637 (Co) wikipedia Musee du Prado Madrid1.1. Dans la mythologie grecque Cronos ou Kronos 1 (en grec ancien Κρόνος / Krónos), fils d'Ouranos (le Ciel) et Gaïa (la Terre), est le roi des Titans et le père de Zeus, Poséidon, Hadès, Héra, Déméter et Hestia. Il représente la figure d'un dieu dévorant ses enfants. Il est assimilé à Saturne dans la mythologie romaine : <<< Saturne vu par Rubens. Il peint ce tableau d’assez grande taille (180x 87cm) conservé au Musée du Prado à Madrid,  en 1637. La nudité et l’expression terrorisée de l’enfant rend compte de toute l’horreur de la violence contre les enfants de tous les temps.

En 1699, le sculpteur de Louis XIV Simon Hurtrelle, qui a travaillé sur les Saturne-devorant-un-de-ses-enfants Simon Hurtrelle 1699chantiers de Marly et des Invalides, rend compte dans son Saturne dévorant un de ses enfants – >>> conservé au département des sculptures des 17 et 18èmes siècles du Musée du Louvre - de la même violence proche de la vivisection car comme chez Rubens l’enfant est dévoré vivant et se débat alors que Goya le représente mort.Detail - Saturne-devorant-un-de-ses-enfants Simon Hurtrelle

 

1.2. Les deux traditions du mythe d'Iphigénie :

 

Dans la mythologie grecque il existe deux traditions du récit du sacrifice d’Iphigénie 2.  

  

1.2. 1. Dans la première tradition - Racine reprend cette tradition où aucune substitution n'est nécessaire -, Agamemnon est désigné par la coalition des rois grecs pour diriger les troupes grecques contre la ville de Troie et reprendre son épouse, Hélène enlevée par Pâris, fils du roi de Troie. Quand  Agamemnon veut lancer la flotte grecque réunie à Aulis contre Troie, les vents restent défavorables. Calchas le devin révèle alors qu'une offense commise par Agamemnon contre Artémis en est la cause et que seule la mort de sa fille Iphigénie apaisera la colère de la déesse. Agamemnon refuse d'abord le sacrifice, mais poussé par Ménélas et Ulysse, il s'y résigne. Il invente un stratagème afin d'attirer Iphigénie à Aulis : on fait dire à Clytemnestre, mère d’Iphigénie,  qu'Achille exige  la main d'Iphigénie avant de reprendre le combat. Arrivées à Aulis, Clytemnestre et Iphigénie apprennent le destin tragique réservé à Iphigénie. Mais celle-ci, convaincue de la nécessité du sacrifice vis-à-vis de la Grèce, accepte de mourir.

 

‚ 1.2.2. Dans la 2nde tradition, au moment du sacrifice, Artémis aurait remplacée Iphigénie in extremis par une biche – c’est Iphigenie - Le sacrifice par Sebastien Bourdon (1616-1671)ce que montre le tableau « Iphigenie - Le sacrifice »  de Sebastien Bourdon (1616-1671) >>> et en aurait fait la prêtresse de son temple en Tauride. Mais Clytemnestre, contrairement à sa fille, ne pardonna pas à Agamemnon et se vengea en le tuant au retour de la guerre de Troie. Selon une autre version , il fut assassiné par Égisthe, l'amant de sa femme Clytemnestre, avec l'aide de cette dernière. Ce crime sera vengé par Oreste, leur fils.

En Tauride, après son sacrifice inachevé, Iphigénie est prêtresse d'Artémis et a pour fonction de sacrifier tous les étrangers qui abordent la région. Bien des années plus tard, Oreste, frère d'Iphigénie qu'elle croit mort, et son ami Pylade abordent la Tauride. Ils obéissent ainsi à l'oracle de Delphes qui leur a ordonné d'emporter la statue d'Artémis. La prêtresse Iphigénie, pour sauver Oreste qu’elle refuse de tuer fit annuler le sacrifice prétextant qu'un étranger matricide ne pouvait être sacrifié avant d'avoir été purifié. Elle les aide à s'échapper avec la statue. Poursuivis, ils sont aidés par la déesse Athéna et finalement retournent tous les trois en Grèce. On dit qu'Iphigénie mourut à Mégare; mais on prétend aussi qu'Artémis avait rendu la jeune fille immortelle, l'assimilant à la déesse Hécate.

 

1.3. Analyse du mythe :

 

Marie-LaureFreyburger-Galland, Professeur à l'Université de Haute Alsace (Mulhouse), étudie le mythe d’Iphigénie 3 .

Pour les Grecs, le sacrifice humain, pratiqué chez eux dans un passé mythique, est la caractéristique des peuples barbares, égyptiens, phéniciens, celtes.

 

En dehors du cas d’Iphigénie, les sources grecques citent le sacrifice des prisonniers perses avant la bataille de Salamine, unique cas de sacrifice humain « historique », attesté chez les Grecs par Plutarque dans sa Vie de Thémistocle 13, 3. Ce récit emprunté à Phanias de Lesbos ne figure ni chez Hérodote, ni dans les Perses d’Eschyle et les historiens contemporains  le mettent en doute.  Ce sacrifice rituel aurait été accompli en l’honneur de Dionysos Omestès, c’est-à-dire « qui mange de la chair crue » 4,  pour « assurer aux Grecs le salut et la victoire ».

 

Le mythe d’Iphigénie apparaît pour la première fois dans la littérature grecque non pas chez Homère mais dans les Chants Cypriens, attribués à Stasinos de Chypre, composés sans doute vers le 7ème siècle avant J.-C. et contant la Guerre de Troie. Nous possédons quelques fragments de ce long poème et un résumé de Proclos : « Et pendant que l’expédition était concentrée à Aulis, Agamemnon, au cours d’une chasse abat une biche ; du coup, il se vante d’avoir fait mieux qu’Artémis. La déesse, irritée, pour empêcher l’appareillage, envoie des tempêtes en mer. Calchas leur dit la colère de la déesse et ordonne qu’Iphigénie soit sacrifiée à Artémis. On la fait donc venir sous prétexte d’épouser Achille et on prépare le sacrifice. Mais Artémis la dérobe, la transporte chez les Taures et la rend immortelle, après avoir remplacé la jeune fille par une biche sur l’autel. »  (Chrestomathie, 135-143, trad. A. Severyns.)

 

1.4. Les grands tragiques grecs ont traité ce mythe.


 Eschyle a écrit une Iphigénie dont les fragments sont réduits. Cependant, les nombreuses allusions de son Agamemnon indiquent chez lui une version cruelle du mythe : « Et sous son front une fois ployé au joug du destin, un revirement se fait, impur, impie, sacrilège : il (=Agamemnon) est prêt à tout oser, sa résolution désormais est prise… Il osa, lui, sacrifier son enfant – pour aider une armée à reprendre une femme, ouvrir la mer à des vaisseaux ! »

‚ De l’Iphigénie de Sophocle, il n’y a pas non plus de fragments représentatifs mais des allusions dans son Electre attestent la version d’un sacrifice humain consenti par Agamemnon sous la pression de Ménélas et de l’armée.

ƒ Euripide évoque Iphigénie dans son Electre - vers 405, 1020-1031.-, son Andromaque - vers 624-626.-, les Troyennes – vers 370-372.-. Il traite le sujet avec deux pièces, Iphigénie en Tauride, datée de 411 et Iphigénie à Aulis, jouée après la mort du poète aux Dionysies de 405. Iphigénie en Tauride confirme bien des points des Chants Cypriens :

« Le roi Agamemnon avait en ces parages assemblé l’armement hellène aux mille nefs, voulant aux Achéens conquérir la couronne du triomphe, et, pour satisfaire Ménélas, venger le déshonneur du rapt de son Hélène. Des vents funestes retenant au port la flotte, il fit interroger les victimes ardentes. Et Calchas répondit : « Agamemnon, jamais tu ne verras tes nefs quitter la rade, à moins d’immoler en offrande sur l’autel d’Artémis, ta fille Iphigénie. En effet, tu vouas naguère à la déesse porte-flambeau le plus beau produit de l’année. Or, ton épouse Clytemnestre, justement, t’avait en ton palais mis au jour une fille. Artémis la réclame »… Calchas m’attribuait ainsi, pour mon malheur, le prix de la beauté. Le perfide Ulysse sut me prendre à ma mère ; sous couleur d’épouser Achille, j’arrivai dans la terre d’Aulis ; et là, pauvre victime, soulevée par-dessus l’autel, j’allais périr frappée du glaive ; mais Artémis m’enleva, laissant aux Achéens une biche en échange. Et, par l’éther brillant, elle me transporta dans ce pays des Taures… »

 

Il y a donc une tradition littéraire grecque importante qui, négligeant la version pourtant ancienne de la substitution animale, affirme qu’il y a eu meurtre rituel exigé par une divinité. L’horreur qu’elle suscite se prolonge à l’époque romaine et Lucrèce va l’utiliser pour montrer la cruauté de la superstition : « C’est ainsi qu’à Aulis l’autel de la vierge Trivia fut honteusement souillé du sang d’Iphianassa -= Iphigénie -  par l’élite des chefs grecs, la fleur des guerriers. Quand le bandeau enroulé autour de sa coiffure virginale fut retombé en rubans égaux le long de ses joues ; quand elle aperçut, debout devant l’autel, son père accablé de douleur ; près de lui les prêtres dissimulant le fer, et tout le peuple fondant en larmes à son aspect, muette d’effroi et fléchissant sur les genoux, elle se laissa choir à terre. Malheureuse !… elle devait succomber, victime douloureuse, immolée par son père, afin d’assurer à la flotte un départ heureux et des vents favorables. Tant la religion put conseiller de crimes ! » (De la nature, I, v. 84-101, trad. A. Ernout.)

L’idée est reprise par Horace - Satires, II, 3 - pour dénoncer la folie de l’ambition humaine.

 

1.5. La dimension socio-culturelle et géopolitique du mythe d'Iphigénie 

 

L’historien contemporain René Girard - La violence et le sacré, Paris, 1972, p.146 et 401-403 –montre que la survie du groupe passe dans les sociétés primitives par l’exercice de la violence sur un bouc émissaire ( voir LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : UNE HISTOIRE DU SACRIFICE (1) ) choisi dans une catégorie sociale marginale (ici une jeune fille, femme non encore mère) et non susceptible d’être vengée (ici sacrifiée par le seul qui aurait pu la venger, son père).  

 

La raison du sacrifice varie :

§  Elle peut être expiatoire lorsqu’il y a crime ( faute commise envers Artémis quand  Agamemnon se vante de tirer à l’arc mieux que la déesse (Chants Cypriens), ou parce qu’il a tué une biche consacrée à Artémis (version de Sophocle) ou à cause d’un vœu imprudent en promettant à Artémis le plus beau produit de l’année (version d’Iphigénie en Tauride).

‚ § Elle peut être propitiatoire si la déesse demande ce sacrifice pour assurer le succès de l’expédition vers Troie et des vents favorables (version de l’Agamemnon d’Eschyle).

 AINSI : On retrouve curieusement des éléments proches dans l’épisode biblique du sacrifice d’Isaac par Abraham et dans celui de la fille de Jephté. ( voir: dimension géopolitique de l'enfant-martyr,  article 3)

 

L’autre version, plus ancienne, de la substitution animale de dernière heure - comme dans la version biblique traditionnelle du sacrifice d’Isaac - fut longtemps considérée comme une version adoucie, civilisée, par des Grecs soucieux de se démarquer de la barbarie des époques reculées. Les recherches du 20ème siècle tendent à montrer qu’il n’en est rien et que la substitution est un rite fort ancien dans de nombreux cultes (par exemple celui de Dionysos à Ténédos) et en particulier pour celui d’Artémis en trois lieux, Aulis, la Tauride et Brauron.

Dès 1915 Salomon Reinach - « Observations sur le mythe d’Iphigénie », REG, 28, p. 1-15 - a montré à partir de trois textes de Xénophon - Helléniques, III, 4, 3.-, Pausanias - III, 9, 3.- et Plutarque - Agésilas, 6. - que, si Agésilas/Agamemnon a provoqué la colère des prêtres d’Aulis en sacrifiant à Artémis pour s’assurer une traversée favorable, c’est qu’il n’a pas respecté les rites, d’abord en faisant lui-même le sacrifice, ensuite en omettant les formules permettant l’identification de la victime animale à une victime humaine. Depuis un temps reculé, Aulis est le grand port d’embarquement des migrations vers l’Est et il n’est pas étonnant que la geste troyenne y fasse s’embarquer les Achéens.

Pour la Tauride, A. Baschmakoff a montré en 1939 - « Origine tauridienne du mythe d’Iphigénie », BAGB, 1939, p. 3-21. Voir aussi Hérodote, IV, 103 et A.O. Hulton, « Euripides and the Iphigenia legend », Mnemosyne, 15, 1962, p. 364-368. -qu’il y avait dans ces régions de la Mer Noire identifiées avec la Tauride ancienne et la Crimée actuelle des nécropoles remontant au 3ème millénaire attestant des sacrifices humains et qu’ensuite le culte d’une Artémis Tauropole - c’est-à-dire « honorée en Tauride » ou « honorée par des sacrifices de taureaux ».- (d’où les noms de Taures et de Tauride) exigeait le sacrifice d’une génisse « déguisée » en jeune fille.

Pausanias, auteur d’une description de la Grèce à la fin du 2ème siècle de notre ère explique cela pour Brauron et Mégare :« À une certaine distance de Marathon se trouve Brauron, où, dit-on, débarqua Iphigénie, la fille d’Agamemnon, quand elle fuyait de Tauride, emportant la statue d’Artémis… Les Mégariens disent qu’il y a aussi (sc. à Mégare) un hérôon d’Iphigénie. Selon eux, elle est morte à Mégare. Pour moi, j’ai entendu rapporter une autre tradition qui a cours en Arcadie, et je sais qu’Hésiode dans son Catalogue des Femmes a montré qu’Iphigénie n’était pas morte, mais que par la volonté d’Artémis elle était devenue Hécate. Hérodote a écrit un récit qui s’accorde avec cette tradition : les gens de la Tauride scythique sacrifient les marins naufragés à une vierge et ils affirment que cette vierge est Iphigénie, la fille d’Agamemnon » - Description de la Grèce (trad. J. Pouilloux), I, 33, 1 et 43, 1.-

L’historien contemporain L. Séchan - « Le sacrifice d’Iphigénie », REG, 44, 1931, p. 370-371.- a montré qu’en ces trois lieux un culte à une déesse vierge dont le nom – ou le surnom – hellénisé a pu être Iphigénéia – « née dans la force » ou « qui fait naître la force » - préexistait à l’arrivée des indo-européens. Son rôle de protection des jeunes filles et des accouchements, l’associe aux domaines de la fertilité-fécondité et a permis de l’assimiler ensuite à Artémis et à Hécate. Cette ancienne divinité était peut-être honorée sous la forme animale -  qui devint ensuite objet de sacrifice : biche, génisse ou ourse -  et dans les temps reculés par des sacrifices humains. Rabaissée au rang de mortelle, prêtresse du culte d’Artémis, déesse vierge, patronne les jeunes filles dans leur futur rôle procréateur, cette fonction exige, sinon le sacrifice d’une vierge, du moins d’une victime à laquelle des rites particuliers l’assimilent.

 

Pline l’Ancien 5 rapporte que le sacrifice d’Iphigénie était le sujet d’un tableau très célèbre de Timanthe qui l’aurait peint vers 400 av JC, c'est à dire peu après la première représentation de la pièce. Ses imitations ont été très nombreuses à l’époque hellénistique et romaine, montrant la célébrité de Timanthe et de la pièce d’Euripide.

Iphigenie - bas reliefdu Musee des Offices - Florence- inspUn bas relief du Musée des Offices à Florence est une copie romaine d’ un original du 4ème siècle sans doute inspiré du tableau célèbre de Timanthe et de la pièce d’Euripide. Au centre, Iphigénie debout et digne, « debout attendant la mort près des autels », selon Pline. Près d’elle, Calchas la couronne conformément au rituel évoqué par Euripide, sur la droite, Agamemnon se détournant et se voilant la tête comme le décrit Euripide.

A l’époque de Racine, l’Abbé d’Aubignac écrit que, pour peindre le sacrifice d’Iphigénie, il faut imiter Timanthe et montrer « Agamemnon avec un voile sur son visage pour cacher sa tendresse naturelle aux chefs de son armée et néanmoins montrer par cette adresse l’excès de sa douleur ». On retrouve cette attitude dans les vers de Racine : «  Le triste Agamemnon qui n’ose l’avouer / Pour détourner les yeux des meurtres qu’il présage / Ou pour cacher ses pleurs, s’est voilé le visage. »

La célèbre fresque de la Maison du Poète tragique de Pompéi, >>> Iphigenie fresque de la Maison du Poete tragique de Pompei représente la même scène, Iphigénie est portée au supplice par deux personnages, Calchas à gauche est le sacrificateur. L’attitude d’ Iphigénie peut être différemment interprétée selon qu’on y voit la martyre déjà en extase ou la jeune fille suppliante et effrayée.

On dispose aussi du décor d’un coffret d’ivoire du South Kensington Museum, d’époque byzantine, qui représente une scène analogue, Agamemnon est sans doute le personnage, assis à gauche, très pensif, désespéré et s’apprêtant à se voiler la face.

Iphigenie - coffret d’ivoire - South Kensington Museum -L’originalité de la lecture d’Euripide est assurément la « conversion » d’Iphigénie, l’acceptation du destin : elle n’est plus sacrifiée mais se sacrifie pour la Grèce. Un tel revirement 6 a été critiqué par Aristote - Poétique, 15, 1454 a - au nom de la cohérence psychologique du personnage qui en quelques vers passe de l’émouvante supplication à son père - Iphigénie à Aulis, vers 1211-1251 - : « Si j’avais, ô mon père, l’éloquence d’Orphée… », se terminant par « Mieux vaut une vie malheureuse qu’une mort glorieuse » à l’affirmation de son dévouement : « Je livre ma personne pour ma patrie et pour la terre de Grèce tout entière : sacrifiez-moi, j’y consens, menez-moi à l’autel de la déesse, puisque l’oracle l’exige… Qu’aucun Argien ne porte la main sur moi : je tendrai ma gorge en silence, courageusement » - Iphigénie à Aulis, vers 1553-1560 -. La volonté d’Iphigénie se substitue à celle de la déesse, l’homme, assumant son destin, se libère du joug divin.

 

1.6. Le mythe d'Iphigénie vu comme préfiguration du martyr chrétien

 

L’idée du sacrifice volontaire, à travers la lecture médiévale d’Ovide « moralisé » et par le rapprochement avec le texte biblique sur la fille de Jephté, a permis de faire d’Iphigénie une préfiguration des martyres chrétiennes, une évocation du sacrifice du Christ. En effet, si l’on prend le texte d’Ovide, on lit : « … il sait et il déclare qu’il faut le sang d’une vierge pour apaiser le courroux de la déesse vierge. Lorsque l’intérêt public a vaincu la tendresse d’Agamemnon pour sa fille, lorsque le roi a vaincu le père et qu’Iphigénie, prête à donner son sang pur, a pris place devant l’autel parmi les prêtres en larmes, la déesse est vaincue à son tour ; elle étend un nuage devant tous les yeux et pendant la cérémonie, au milieu du tumulte du sacrifice, au milieu du bruit des prières, elle remplace, dit-on, par une biche, la jeune fille de Mycènes. Alors Diane ayant été désarmée par cette victime mieux faite pour elle et la colère des flots étant tombée avec celle de Phoebé, les mille vaisseaux reçoivent les vents en poupe et, après bien des épreuves, ils abordent sur la plage de la Phrygie » - Métamorphoses, XII, v. 24-38 (trad. G. Lafaye).-

Aux 16 et 17èmes siècles, des prédicateurs 7 ont utilisé la figure d’Iphigénie pour en faire un exemple de piété et d’obéissance, de femme vouée au culte et « femme forte ». Le goût pour les tragédies à sujet religieux renouvelle cet intérêt, Georges Buchanan a écrit en 1584 un Jephtes, dont la fille s’appelle Iphis. En 1641, Rotrou fait jouer à l’Hôtel de Bourgogne son Iphygénie, qu’il inscrit dans le contexte de cette interprétation chrétienne du mythe antique.

 

Racine va dans son Iphigénie à l’encontre de ce courant,  il reprend le thème d’Iphigénie à Aulis en le modifiant et en créant le personnage d’Ériphile. Reprenant à son compte les critiques d’Aristote, il modifie le comportement d’Iphigénie qui reste pendant toute sa pièce la fille soumise qui accepte de mourir pour obéir à son père. Il refuse tout ce qui chez Euripide ou Rotrou évoque la métamorphose : ni biche, ni déesse, il rationalise le mythe,

 

Au total  :

Ainsi, du 7ème siècle avant J.-C. au 17ème siècle après J.-C., le mythe d’Iphigénie a suscité toute une mise en œuvre littéraire, notamment au théâtre en raison du contenu dramatique du mythe. Les versions différentes donnent à l’auteur une liberté de création plus grande. Euripide est resté le modèle de Schiller et de Goethe au 18ème siècle, jusqu’à l’Iphigénie à Aulis de Gerhardt Hauptmann, jouée en 1942, sans compter de nombreux opéras.

Tout cela fait d’Iphigénie une figure symbolique de l’héroïsme féminin.

 

Conclusion :

Depuis la nuit des temps l’enfant est au cœur de la vie des sociétés humaines, il est porteur de leur avenir et de la perpétuation des traditions et des héritages. Comme la jeunesse il a donc une place symbolique qui peut conduire, au nom du salut de la société qu’il personnifie, à son sacrifice, contraint ou volontaire. L’enfant-martyr – qui peut être un adolescent, un jeune homme ou une jeune femme - est donc au cœur de l’expérience politique de nombreuses sociétés dans lesquelles un système social est menacéle sacrifice de l’enfant est censé éradiquer le déclin – ou naissant  - le sacrifice souvent volontaire d’un enfant pour une idée nouvelle, embelli par la tradition, la légende ou la propagande,  vient fonder, enraciner le nouveau système -.  

L’enfant-martyr revêt donc une valeur politique et même géopolitique car l’épisode – qui prend souvent l’allure dune « affaire d’Etat » - s’inscrit dans une société, un pays et un temps donnés.

 



1 Kronos est souvent confondu avec son homophone Chronos (Χρόνος / Khrónos), divinité primordiale du temps.

3 FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 18 - juillet-décembre 2009  http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fe/18/Iphigenie.htm

L'article a été repris, avec l'aimable autorisation des éditeurs, de l'ouvrage collectif Métamorphoses du mythe : réécritures anciennes et modernes des mythes antiques. Actes du colloque international, 20-23 mars 2007, Université de Haute-Alsace, édité par Peter Schnyder, Paris, Orizons, 2008, p. 379-391 (Centre de recherche sur l'Europe littéraire - Mulhouse, Haut-Rhin - Institut de recherche en langues et littératures européennes)

Déposé sur la Toile le 28 octobre 2009

4 Ce qualificatif, comme celui d’Omadios, « qui aime la chair crue » s’applique à Dionysos lorsqu’on lui offre des sacrifices humains, cf. Anthologie Palatine ,6, 237 ; Hymnes Orphiques, 29, 5 ; Porphyre, De abstinentia, 2, 55.

5 Histoire Naturelle, XXXV, 36, 12. ainsi que  d’autres auteurs latins comme Cicéron, Quintilien et Valère Maxime.

Voir à ce sujet A. Reinach, Recueil Milliet, tome I, Paris, 1921, p. 244 et suiv. ;

J.M. Croisille, « Le sacrifice d’Iphigénie dans l’art romain et la littérature latine », Latomus, 22, 1963, p. 209-225;

et F. Jouan, « Autour du sacrifice d’Iphigénie », Texte et Image, Paris, 1984, p. 61-74.

6 Sur le revirement d’Iphigénie, voir F. Jouan, Iphigénie à Aulis, CUF, p. 35-38, et Cl. Nancy, « Pharmakon sôtèrias : le mécanisme du sacrifice humain chez Euripide », dans Théâtre et spectacles dans l’Antiquité, Leyde, 1983, p. 17-30.

7 Voir par ex. Père L. Thomassin, Les méthodes d’enseigner chrétiennement les lettres classiques, Paris, 1681, p. 166-167, Cornélius Agrippa - De nobilitate et praecellentia foeminei sexus declamatio - , Anvers, 1529, Du Bosc - La femme héroïque - , Paris, 1645.

La dimension géopolitique de "l'enfant-martyr" (3) : MOLOCH, JEPHTÉ

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LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE  : LES FILLES DE LOTH, MOLOCH, LA FILLE DE JEPHTÉ

 

Les sacrifices d’enfants coexistent avec ceux des prisonniers. L’enfant, être innocent et pur, a une valeur sacrificielle qui paraît plus grande.  Beaucoup de cosmogonies évoquent des dieux dévorant leurs enfants On retrouve des dieux dévorant leurs enfants dans la mythologie grecque, dans la mythologie mésopotamienne qui influence tout l’Orient méditerranéen et des traces sont présentes dans la Bible. 

Voir :  LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : UNE HISTOIRE DU SACRIFICE (1)

  &  La dimension géopolitique de "l'enfant-martyr" : (2) IPHIGENIE


2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE, LE CORAN  ET LE MOYEN-ORIENT PRÉ -ISLAMIQUE

 

La Bible conserve la trace des sacrifices d’enfants au dieu Baal pratiqués par le Cananéens, les Phéniciens et les Carthaginois. Moloch dans la Bible est le nom du dieu auquel Ammonites cananéens sacrifiaient leurs premiers-nés en les jetant dans un brasier.

 

2.1 – L’INCESTE DE LOTH DANS LA BIBLE ET LES SACRIFICES D’ENFANTS

 

Un lien existe avec l’inceste de Loth.

Rappelons les faits : La Bible dans la Genèse au chapitre 19 rapporte la destruction de Sodome à cause de ses injustices et ses péchés. Loth, frère d’Abraham, eut la vie sauve mais en fuyant la ville où il laissait tous ses biens, sa femme malgré l’interdiction se retourna pour voir la scène et fut transformée en statue de sel. Il se retrouve seul avec ses deux filles vivant dans des grottes dans une atmosphère de fin du monde (destruction de Sodome et Gomorrhe par le feu) et d'extinction de l'humanité. Ses filles ont l'idée d’enivrer leur père et de s’unir à lui - union endogamique et incestueuse 1 afin de renouveler l'espèce humaine.

 

Le thème a beaucoup inspiré les artistes, du 16ème au 18ème siècles, ils le traitent de façons très différentes.

Cependant ces représentations de l’inceste de Loth et ses filles ont en commun la mise en scène de l'ivresse, l’atmosphère de fin du monde avec parfois l'incendie de Sodome en arrière plan ou au moins son évocation par la fumée ou l'obscurité qu’elle provoque. 

Par contre le traitement de l'attitude des deux sœurs varie : victimes soumises, abandonnées ou provocatrices – c’est la situation bien connue en justice des pères alcooliques et incestueux qui font porter sur leur victime la responsabilité de l'acte ; souvent l'aînée ose briser le silence pour protéger les) plus jeunes.  -. La plus jeune souvent spectatrice, peut servir le breuvage pour  enivrer le père. Dans le tableau d'Altdorfer elle est présentée enceinte en arrière plan.

 

Le père a des attitudes très diverses : affligé (Jan Massys) –1565 – ,

loth et ses filles - v 1565 - Jan Massys -1531 - 1575 - Musloth et ses filles - Detail - v 1565 - Jan Massys -1531 - 1 

 

 

 

 

 

 

 

 

dépendant de la boisson (Guercino et Francesco Furini)

loth et ses filles Guercino - 1591-1666 - Musee du Louvre Ploth et ses filles - FURINI Francesco -1604-1646 - Musee d

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

entreprenant (SimonVouet) –1633 -,

loth et ses filles - Simon Vouet - 1633 - Musee Bx Arts st

sous la figure de l’ivrogne incestueux (Jean-Baptiste Greuze) –1760/1769 –

loth et ses filles Jean-Baptiste Greuze - 1760 1769 - Muse

… ou carrément concupiscent, ( Bartolomeo Manfredi  ou Altdorfer – 1537 –   l'acte incestueux est symbolisé par la queue de lézard, animal impur, dans le pli de l'aine de l'aînée qui s'adonne aussi à la boisson.)

loth et ses filles attribue a MANFREDI Bartolomeo - 1580 16loth et ses filles Altdorfer - 1537 - Kunshistorishes Museu

Une des rares représentations modernes est celle de Marc Chagall –1956- qui choisit clairement le thème de l'alcoolisme familial.

lloth et ses filles Marc Chagall - 1956 - Musee National Me

 

 

Genèse 19  v.29-38 « Ainsi, lorsque Dieu détruisit les villes de la Plaine, il s'est souvenu d'Abraham et il a retiré Lot du milieu de la catastrophe, dans le renversement des villes où habitait Lot. Lot monta de Çoar et s'établit dans la montagne avec ses deux filles, car il n'osa pas rester à Çoar. Il s'installa dans une grotte, lui et ses deux filles. L'aînée dit à la cadette : Notre père est âgé et il n'y a pas d'homme dans le pays pour s'unir à nous à la manière de tout le monde. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui; ainsi, de notre père, nous susciterons une descendance. Elles firent boire, cette nuit-là, du vin à leur père, et l'aînée vint s'étendre près de son père, qui n'eut conscience ni de son coucher ni de son lever. Le lendemain, l'aînée dit à la cadette : La nuit dernière, j'ai couché avec mon père; faisons-lui boire du vin encore cette nuit et va coucher avec lui; ainsi, de notre père nous susciterons une descendance. Elles firent boire du vin à leur père encore cette nuit-là, et la cadette s'étendit auprès de lui, qui n'eut conscience ni de son coucher ni de son lever. Les deux filles de Lot devinrent enceintes de leur père. L'aînée donna naissance à un fils et elle l'appela Moab; c'est l'ancêtre des Moabites d'aujourd'hui. La cadette aussi donna naissance à un fils et elle l'appela Ben-Ammi; c'est l'ancêtre des Bené-Ammon d'aujourd'hui. »

 

Ainsi les deux filles de Lot donnent naissance à deux garçons à l'origine des deux tribus des Ammonites et des Moabites, ennemies séculaires d'Israël. La tradition veut que les enfants de Loth nés de cette union, notamment les Ammonites, vouent un culte à Moloch et s'adonnent au sacrifice d'enfants.

 

2.2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE : MOLOCH, JEPHTÉ


a. Moloch

Moloch statue a offrande © wikipediaLa littérature rabbinique du Moyen Age évoque Moloch, dieu des Ammonites, qui recevait les sacrifices d’enfants dans un lieu appelé Tophet dans le vallée de Ben-Hinnom proche de Jérusalem en référence avec le passage du 2ème livre des Rois : 2 Rois 23:10 «  Le roi Josias profana le Tophèt de la vallée de Ben-Hinnom, pour que personne ne fît plus passer son fils ou sa fille par le feu en l'honneur de Molek. »moloch statue a sacrifices © wikipedia

Certaines traditions décrivent le Tophet  comme une statue de bronze avec les bras tendus pour recevoir ses victimes dont des tambours  couvraient les cris. Les noms de Tophet et Himmon sont parfois interprétés comme dérivant respectivement de tambour et vacarme en Hébreu. Une autre source rabbinique précise qu’elle était creuse et divisée en sept compartiments >>> destinés chacun à une offrande différente : farine, tourterelles, brebis, béliers, veaux, bœufs, enfants ; les sept offrandes devaient brûler ensemble.

Des commentateurs ultérieurs s’appuyant sur les sacrifices d’enfants à Carthage évoqués par Diodore de Sicile et Plutarque ont associé Moloch à Baal Hammon et Tanit, dieux de Carthage, colonie fondée par moloch baal b © wikipediales Phéniciens, ainsi que à Cronos-Saturne, le dieu gréco-romain . Diodore demoloch baal2 © wikipedia Sicile 2 dans La Bibliothèque historique, XX, 14 écrit : « Il y avait une statue d'airain représentant Saturne, les mains étendues et inclinées vers la terre, de manière que l'enfant, qui y était placé, roulait et allait tomber dans un gouffre rempli de feu. C'est probablement à cette coutume qu'Euripide fait allusion lorsqu'il parle des cérémonies du sacrifice accompli en Tauride; le poète met dans la bouche d'Oreste, la question suivante : "Quel sera le tombeau qui me recevra lorsque je mourrai ? — Un feu sacré allumé dans  un vaste gouffre de la terre." Il paraît aussi que l'ancien mythe des Grecs, d'après lequel Saturne dévora ses propres  enfants, trouve son explication dans cette coutume des Carthaginois. »

Plutarque 3, De la superstition, XIII écrit : « Les Phéniciens, lors des grandes calamités que sont les guerres, les épidémies ou les sécheresses, sacrifiaient une victime prise parmi les êtres qu’ils chérissaient le plus et qu’ils désignaient par un vote comme victime offerte à Cronos. »

Cependant  il faut constater le silence sur cette tradition d’historiens aussi bien informés qu’Hérodote, Thucydide, Polybe ou Tite-Live. Pourtant ce dernier aurait pu évoquer cette question car il aborde aussi ce thème des sacrifices humains dans son Histoire romaine, rappelant qu’à Rome même, en 216 av. JC, on sacrifia un couple de Gaulois et de Grecs sur le Forum Boarium,   : « Cependant, sur l’indication des livres du Destin, on fit plusieurs sacrifices extraordinaires : entre autres, un Gaulois et une Gauloise, un Grec et une Grecque furent enterrés vivants au marché aux bœufs, dans un endroit clos de pierres, arrosé déjà auparavant du sang de victimes humaines, cérémonie religieuse bien peu romaine.. »

 

Flaubert dans Salammbô et à notre époque Jacques Martin, Moloch-Baal - Alix-Moloch statue a offrande - Jacques Martidessinateur de Alix, notamment dans « le Tombeau étrusque » 4 ont beaucoup participé à cette association inexacte de Moloch avec Carthage. 

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Salammbô 5 est un roman historique de Gustave Flaubert, paru en 1862 chez Michel Lévy.

Moloch contro Ercole © wikipediaIl prend pour sujet la Guerre des Mercenaires, au 3ème siècle av. J.-C., qui opposa la ville de Carthage aux mercenaires barbares récrutés lors de la première Guerre punique et révoltés de ne pas avoirreçu la solde convenue. Flaubert tout en respectant l’Histoire connue prit prétexte du peu d’informations disponibles pour peindre un Orient à sa façon, à la fois exotique, sensuel et violent.

Moloch Flaubert SalammboAux chapitres 10 à 13 : Les mercenaires fêtent à Carthage la fin de la guerre dans les jardins d’Hamilcar, leur général. Échauffés par son absence ils pillent sa propriété ; Salammbô, sa fille, descend du palais pour les calmer. Mathô un des chefs des mercenaires en tombe amoureux. Spendius, un esclave libéré, lui conseille de prendre Carthage afin d’obtenir Salammbô. Les Mercenaires coupent l’approvisionnent en eau de la ville en perçant l’aqueduc. Les Carthaginois mourant de soif offrent leurs enfants en sacrifice à Moloch 6. Hamilcar déguise l’enfant d’un esclave et l’envoie mourir à la place de son fils Hannibal. Le soir même, un orage éclate et remplit les citernes d’eau.

 

Des fouilles faites à Carthage 7 montrent que le mot « molk » désigne en fait l’acte du sacrifice et non une divinité. Mais la tradition juive et chrétienne a conservé le sens de divinité et le nom  moloch désigne aussi un démon. Dans la démonologie chrétienne  il est le démon qui tire sa joie des pleurs des mères à qui il vole leurs enfants. Moloch Tunisise Carthage Tophet Salambo © wikipedia

Le tophet de Carthage 8 rattaché au site archéologique de la ville >>> classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est aussi appelé tophet de Salammbô. C'est une ancienne aire sacrée dédiée aux divinités phéniciennes Tanit et Baal situé dans le quartier carthaginois de Salammbô, à proximité des ports puniques. Ce tophet, « hybride de sanctuaire et de nécropole » regroupe un grand nombre de tombes d’enfants qui, selon les interprétations, auraient été sacrifiés ou inhumés en ce lieu après leur mort prématurée. Cependant la thèse du sacrifice a peu de fondements archéologiques car le site semble avoir une double fonction : religieuse-votive, de nombreuses stèles portent des dédicaces à Ba'al Hammon ou à Tanit, et d’autre part funéraire (stèles funéraires).  Par contre le terme « molk » (= offrande) est très peu présent sur les stèles épigraphiées.

 

b. La fille de Jephté

 

Un autre passage biblique évoque les sacrifices humains et dans ce cas particulier celui du sacrifice d’un enfant déjà jeune fille , c’est au Livre des Jugesles Juges avaient été suscités par Dieu pour conduire le peuple d’Israël -   11 v.30-40 : Jephté  9 est  juge d’Israël :

« Et Jephté fit un vœu à Yahvé : " Si tu livres entre mes mains les Ammonites, celui qui sortira le premier des portes de ma maison pour venir à ma rencontre quand je reviendrai vainqueur du combat contre les Ammonites, celui-là appartiendra à Yahvé, et je l'offrirai en holocauste. " Jephté passa chez les Ammonites pour les attaquer et Yahvé les livra entre ses mains. Il les battit depuis Aroèr jusque vers Minnit (vingt villes) , et jusqu'à Abel-Keramim. Ce fut une très grande défaite; et les Ammonites furent abaissés devant les Israélites.

Lorsque Jephté revint à Miçpé, à sa maison, voici que sa fille sortit à sa rencontre en dansant au son des tambourins. C'était son unique enfant. En dehors d'elle il n'avait ni fils, ni fille. Dès qu'il l'eut aperçue, il déchira ses vêtements et s'écria : " Ah! ma fille, vraiment tu m'accables! Tu es de ceux qui font mon malheur! Je me suis engagé, moi, devant Yahvé, et ne puis revenir en arrière. " Elle lui répondit : " Mon père, tu t'es engagé envers Yahvé, traite-moi selon l'engagement que tu as pris, puisque Yahvé t'a accordé de te venger de tes ennemis, les Ammonites. " Puis elle dit à son père : " Que ceci me soit accordé! Laisse-moi libre pendant deux mois. Je m'en irai errer sur les montagnes et, avec mes compagnes, je pleurerai sur ma virginité. " - " Va ", lui dit-il, et il la laissa partir pour deux mois. Elle s'en alla donc, elle et ses compagnes, et elle pleura sa virginité sur les montagnes. Les deux mois écoulés, elle revint vers son père et il accomplit sur elle le vœu qu'il avait prononcé. Elle n'avait pas connu d'homme. Et de là vient cette coutume en Israël : d'année en année les filles d'Israël s'en vont se lamenter quatre jours par an sur la fille de Jephté le Galaadite. »

 

Deux interprétations de son geste sont données :

Œ Selon la première, Jephté, tenu par sa promesse, doit respecter sa parole et offre sa fille en sacrifice à Dieu 10, en holocauste à Dieu c'est à dire un sacrifice par le feu.

 

 La seconde affirme que, malgré les apparences, il ne pouvait sacrifier sa fille par le feu car Dieu a en aversion les sacrifices humains que la loi mosaïque interdisait,  au Deutéronome chapitre 18 verset 10 : "il ne se trouvera chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu". Jephté voulait dire qu’il affecterait au service exclusif de Dieu celui ou celle qui viendrait à sa rencontre. Cette analyse tardive 11 est apparue chez des exégètes juifs du Moyen Age, face à un récit moralement choquant.

 

C’est la 1ère interprétation qui a inspiré les artistes. Cependant ils traitent le sujet de façon différente privilégiant

§ tantôt la réaction du père quand  sa fille vient au devant de lui comme dans ce tableau daté entre1700 et 1725 de Giovanni Antonio Pelligrini (1675-1745 );

fille Jephte Retour de Jephte - v.1700-1725 - par Giovanni

§ tantôt l’attitude de la fille de Jephté qui se prépare à la mort: par exemple le tableau de Edouard Debat-Ponsan  (1847-1913) daté de 1890 ; et ce dessinpostéreur à 1850 – aquarelle sur papier blanc 28,5X24 cm – dessinée par Gustave Moreau (1826 -1898) qui figure dans les collections du Musee G.Moreau. La fille de Jephté apparaît sur ce dessin de G.Moreau comme une sorte d' icône de la jeune fille offrant sa vie pour  sa nation. Ce dessin a sans doute inspiré Jean Gabriel Domergue quand  il dessine près d'un siècle plus tard, en 1944, son tableau de « Marianne libérée », on y retrouve le même élan de liberté)  ;

fille Jephte Edouard Debat-Ponsan - 1847-1913 Sacrifice Defille jephte - apr1850 - Gustave Moreau -1826 -1898 - aquarfille Jephte comparee a Marianne liberee 1944 tab de Jen Ga

 

§ tantôt le moment fatidique du sacrifice:  C'est par exemple ce tableau de 1661 peint par  Antoine Coypel qui donne au sacrifice une connotation sociale, la scène a lieu au milieu de la foule des soldats vainqueurs et des habitants qui attendent l’accomplissement du vœu de Jephté ; par contre Charles Le Brun (1619 – 1690)  dans un tableau de 1656 - collections du Musée des Offices à Florence -, donne au sacrifice une dimension de drame familial, la foule est seulement suggérée par deux pleureuses et les lances brandies par l’armée victorieuse de Jephté.

  fille Jephte Le Brun, 1656 - Musee des Offices, Florencefille Jephte grand-sacrifice Coypel-antoine-1661

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le caractère dramatique de l’épisode a aussi beaucoup marqué les musiciens : On peut citer un Oratorio de Haendel en 3 actes présenté à Londres le 26 février 1752 inspiré de l’Oratorio de Giuseppe Carissimi (1605-1674)

 

Conclusion :

Depuis la nuit des temps l’enfant est au cœur de la vie des sociétés humaines, il est porteur de leur avenir et de la perpétuation des traditions et des héritages. Comme la jeunesse il a donc une place symbolique qui peut conduire, au nom du salut de la société qu’il personnifie, à son sacrifice, contraint ou volontaire - c'est le cas de Jephté ou.de Iphigénie ( La dimension géopolitique de "l'enfant-martyr" : (2) IPHIGENIE ) . L’enfant-martyr – qui peut être un adolescent, un jeune homme ou une jeune femme - est donc au cœur de l’expérience politique de nombreuses sociétés dans lesquelles un système social est menacéle sacrifice de l’enfant est censé éradiquer le déclin – ou naissant  - le sacrifice souvent volontaire d’un enfant pour une idée nouvelle, embelli par la tradition, la légende ou la propagande,  vient fonder, enraciner le nouveau système -.  

L’enfant-martyr revêt donc une valeur politique et même géopolitique car l’épisode – qui prend souvent l’allure dune « affaire d’Etat » - s’inscrit dans une société, un pays et un temps donnés.

 



 

1 Sur la représentation par les peintres de l’union incestueuse de Loth et des ses filles : http://fr.wikipedia.org/wiki/Loth

http://med2.univ-angers.fr/discipline/pedopsy/ASE/parentalite/parentalitepeinture04.htm

Recension du diocèse d’Alsace : http://cedidoca.diocese-alsace.fr/sodome-et-gomorrhe/

2  Diodore de Sicile à propos de l’attaque de Carthage par Agathocle, tyran de Syracuse écrit :

« Ils [les Carthaginois] estimèrent que Kronos aussi leur était hostile, en raison de ce qu’eux, qui auparavant sacrifiaient à ce dieu les meilleurs de leurs fils, s’étaient mis à acheter secrètement des enfants qu’ils nourrissaient puis envoyaient au sacrifice. Après enquête, on découvrit que certains des [enfants] sacrifiés avaient été substitués. Considérant ces choses et voyant l’ennemi [l’armée d’Agathocle] campé devant les murs, ils éprouvaient une crainte religieuse à l’idée d’avoir ruiné les honneurs traditionnels dus aux dieux. Brûlant du désir de réparer leurs errements, ils choisirent deux cents enfants des plus considérés et les sacrifièrent au nom de l’État. D’autres, contre qui on murmurait, se livrèrent volontairement ; ils n’étaient pas moins de trois cents. Il y avait chez eux [à Carthage] une statue de Kronos en bronze, les mains étendues, la paume en haut, et penchées vers le sol, en sorte que l’enfant qui y était placé roulait et tombait dans une fosse pleine de feu. »

3 Et aussi : Porphyre de Tyr, De l’abstinence, II, 56, 1 : « Les Phéniciens, lors des grandes calamités que sont les guerres, les épidémies ou les sécheresses, sacrifiaient une victime prise parmi les êtres qu’ils chérissaient le plus et qu’ils désignaient par un vote comme victime offerte à Cronos. » & Tertullien, Apologétique, IX, 2-3 : « Des enfants étaient immolés publiquement à Saturne, en Afrique, jusqu’au proconsulat de Tibère, qui fit exposer les prêtres mêmes de ce dieu, attachés vivants aux arbres mêmes de son temple, qui couvraient ces crimes de leur ombre, comme à autant de croix votives : je prends à témoin mon père qui, comme soldat, exécuta cet ordre du proconsul. Mais, aujourd’hui encore, ce criminel sacrifice continue en secret. »

4 Le Tombeau étrusque est le huitième album de la série Alix, écrite et dessinée par Jacques Martin. Il a été publié en 1968 aux Éditions Casterman.

Synopsis : « Dormant dans la remise d'une ferme incendiée, Alix, Enak et le jeune Octave, neveu de Jules César, sont soudain réveillés par les vociférations de cavaliers masqués qui attaquent une grosse exploitation. Une fois les habitants chassés de leurs bâtiments, les agresseurs préparent un bûcher pour y sacrifier un enfant à Moloch-Baal. Alix et ses compagnons interviennent à temps.»

6 « La vague idée d'une immolation bientôt circula dans le peuple. Pour apaiser les Baalim, il fallait sans doute leur offrir quelque chose d'une incalculable valeur, un être beau, jeune, vierge, d'antique maison, issu des Dieux, un astre humain. Tous les jours des hommes que l'on ne connaissait pas envahissaient les jardins de Mégara ; les esclaves, tremblant pour eux−mêmes, n'osaient leur résister.

Les chaleurs du mois d'Eloul, excessives cette année−là, étaient une autre calamité. Des bords du Lac, il s'élevait des odeurs nauséabondes ; elles passaient dans l'air avec les fumées des aromates tourbillonnant au coin des rues. On entendait continuellement retentir des hymnes… Un délire funèbre agitait Carthage… Les hurlements aigus des femmes emplissaient les maisons, et, s'échappant par les grillages, faisaient se retourner sur les places ceux qui causaient debout :  " Hommage à toi, Soleil ! roi des deux zones, créateur qui s'engendre, Père et Mère, Père et Fils, Dieu et Déesse, Déesse et Dieu ! " Et leur voix se perdit dans l'explosion des instruments sonnant tous à la fois, pour étouffer les cris des victimes. Les scheminith à huit cordes, les kinnor, qui en avaient dix, et les nebal, qui en avaient douze, grinçaient, sifflaient, tonnaient. …Les hiérodoules, avec un long crochet, ouvrirent les sept compartiments étagés sur le corps du Baal. Dans le plus haut, on introduisit de la farine ; dans le second, deux tourterelles ; dans le troisième, un singe ; dans le quatrième, un bélier ; dans le cinquième, une brebis ; et, comme on n'avait pas de bœufs pour le sixième, on y jeta une peau tannée prise au sanctuaire. La septième case restait béante. Avant de rien entreprendre, il était bon d'essayer les bras du Dieu. De minces chaînettes partant de ses doigts gagnaient ses épaules et redescendaient par−derrière, où des hommes, tirant dessus, faisaient monter, jusqu'à la hauteur de ses coudes, ses deux mains ouvertes qui, en se rapprochant, arrivaient contre son ventre ; elles remuèrent plusieurs fois de suite, à petits coups saccadés. Puis les instruments se turent. Le feu ronflait.  Les pontifes de Moloch se promenaient sur la grande dalle, en examinant la multitude.  Il fallait un sacrifice individuel, une oblation toute volontaire et qui était considérée comme entraînant les autres. Mais personne, jusqu'à présent, ne se montrait, et les sept allées conduisant des barrières au colosse étaient complètement vides. Alors, pour encourager le peuple, les prêtres tirèrent de leurs ceintures des poinçons et ils se balafraient le visage. On fit entrer dans l'enceinte les Dévoués, étendus sur terre, en dehors. On leur jeta un paquet d'horribles ferrailles et chacun choisit sa torture. Ils se passaient des broches entre les seins ; ils se fendaient les joues ; ils se mirent des couronnes d'épines sur la tête ; puis ils s'enlacèrent par les bras, et, entourant les enfants, ils formaient un autre grand cercle qui se contractait et s'élargissait. Ils arrivaient contre la balustrade, se rejetaient en arrière et recommençaient toujours, attirant à eux la foule par le vertige de ce mouvement tout plein de sang et de cris.  Peu à peu, des gens entrèrent jusqu'au fond des allées ; ils lançaient dans la flamme des perles, des vases d'or, des coupes, des flambeaux, toutes leurs richesses ; les offrandes, de plus en plus, devenaient splendides et multipliées. Enfin, un homme qui chancelait, un homme pâle et hideux de terreur, poussa un enfant ; puis on aperçut entre les mains du colosse une petite masse noire ; elle s'enfonça dans l'ouverture ténébreuse. Les prêtres se penchèrent au bord de la grande dalle, −− et un chant nouveau éclata, célébrant les joies de la mort et les renaissances de l'éternité.  Hamilcar, en manteau rouge comme les prêtres de Moloch, se tenait auprès du Baal, debout devant l'orteil de son pied droit. Quand on amena le quatorzième enfant, tout le monde put s'apercevoir qu'il eut un grand geste d'horreur. Mais bientôt, reprenant son attitude, il croisa ses bras et il regardait par terre. De l'autre côté de la statue, le Grand−Pontife restait immobile comme lui. Baissant sa tête chargée d'une mitre assyrienne, il observait sur sa poitrine la plaque d'or recouverte de pierres fatidiques, et où la flamme se mirant faisait des lueurs irisées. Il pâlissait, éperdu. Hamilcar inclinait son front ; et ils étaient tous les deux si près du bûcher que le bas de leurs manteaux, se soulevant, de temps à autre l'effleurait.

Les bras d'airain allaient plus vite. Ils ne s'arrêtaient plus. Chaque fois que l'on y posait un enfant, les prêtres de Moloch étendaient la main sur lui, pour le charger des crimes du peuple, en vociférant : " Ce ne sont pas des hommes, mais des boeufs ! " et la multitude à l'entour répétait : " Des boeufs ! des boeufs ! " Les dévots criaient : " Seigneur ! mange ! " et les prêtres de Proserpine, se conformant par la terreur au besoin de Carthage, marmottaient la formule éleusiaque : " Verse la pluie ! enfante ! "

Les victimes, à peine au bord de l'ouverture, disparaissaient comme une goutte d'eau sur une plaque rougie, et une fumée blanche montait dans la grande couleur écarlate.  Cependant, l'appétit du Dieu ne s'apaisait pas. Il en voulait toujours. Afin de lui en fournir davantage, on les empila sur ses mains avec une grosse chaîne par−dessus, qui les retenait. Des dévots au commencement avaient voulu les compter, pour voir si leur nombre correspondait aux jours de l'année solaire ; mais on en mit d'autres, et il était impossible de les distinguer dans le mouvement vertigineux des horribles bras. Cela dura longtemps, indéfiniment jusqu'au soir. Puis les parois intérieures prirent un éclat plus sombre. Alors, on aperçut des chairs qui brûlaient. Quelques−uns même croyaient reconnaître des cheveux, des membres, des corps entiers.  Le jour tomba ; des nuages s'amoncelèrent au−dessus du Baal. Le bûcher, sans flammes à présent, faisait une pyramide de charbons jusqu'à ses genoux ; complètement rouge comme un géant tout couvert de sang, il semblait, avec sa tête qui se renversait, chanceler sous le poids de son ivresse.  A mesure que les prêtres se hâtaient, la frénésie du peuple augmentait ; le nombre des victimes diminuant, les uns criaient de les épargner, les autres qu'il en fallait encore. On aurait dit que les murs chargés de monde s'écroulaient sous les hurlements d'épouvante et de volupté mystique. Puis des fidèles arrivèrent dans les allées, traînant leurs enfants qui s'accrochaient à eux ; et ils les battaient pour leur faire lâcher prise et les remettre aux hommes rouges. Les joueurs d'instruments quelquefois s'arrêtaient, épuisés ; alors, on entendait les cris des mères et le grésillement de la graisse qui tombait sur les charbons. Les buveurs de jusquiame, marchant à quatre pattes, tournaient autour du colosse et rugissaient comme des tigres, les Yidonim vaticinaient, les Dévoués chantaient avec leurs lèvres fendues ; on avait rompu les grillages, tous voulaient leur part du sacrifice ; et les pères dont les enfants étaient morts autrefois jetaient dans le feu leurs effigies, leurs jouets, leurs ossements conservés. »

7 On ne dispose d’aucune inscription évoquant le Dieu Moloch mais en 1921 l’archéologue Otto Eissfeldt a fouillé sur le site de Carthage une nécropole utilisée du 8ème S. à 146 av JC avec les inscriptions mlk qui ne pouvaient s’interpréter ni comme roi, ni comme le nom d’un dieu. Il en avait conclu que le mot désignait en fait le sacrifice lui-même. Aujourd'hui le mot est reconnu comme un mot sémitique désignant un sacrifice humain, dont la victime est parfois remplacée par un animal 

Jérémie 32.35 « Ils ont construit les hauts lieux de Baal dans la vallée de Ben-Hinnom pour faire passer par le feu leurs fils et leurs filles en l'honneur de Molek ce que je n'avais point ordonné, ce à quoi je n'avais jamais songé : commettre une telle abomination pour faire pécher Juda! »

Lévitique 18:21 « Tu ne livreras pas de tes enfants à faire passer à Molek, et tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu. Je suis Yahvé. » ; 20:1-5 « Yahvé parla à Moïse et dit : Tu diras aux Israélites : Quiconque, Israélite ou étranger résidant en Israël, livre de ses fils à Molek devra mourir. Les gens du pays le lapideront, je me tournerai contre cet homme et le retrancherai du milieu de son peuple, car en ayant livré l'un de ses fils à Molek il aura souillé mon sanctuaire et profané mon saint nom. Si les gens du pays veulent fermer les yeux sur cet homme quand il livre l'un de ses fils à Molek et ne le mettent pas à mort, c'est moi qui m'opposerai à cet homme et à son clan. Je les retrancherai du milieu de leur peuple, lui et tous ceux qui après lui iront se prostituer à la suite de Molek. »

2 Rois 23:10 «  Le roi Josias profana le Tophèt de la vallée de Ben-Hinnom, pour que personne ne fît plus passer son fils ou sa fille par le feu en l'honneur de Molek. »

En fait au lieu de traduire par « faire passer leurs fils et leurs filles par le feu à Moloc », il faudrait traduire : « faire passer leurs fils et leurs filles par le feu de molk, le feu du sacrifice. »

10 Le Nouveau Commentaire Biblique (éd. Emmaüs, 1978, p. 279) retient la réalité du sacrifice et établit un parallèle  avec un texte latin de Servius (commentateur latin de Virgile): " Idoménée, roi de Crète, ayant été pris dans une tempête en revenant de la guerre de Troie, fit le vœu d'offrir en sacrifice la première personne qu'il rencontrerait à son retour chez lui, à condition que les dieux le protègent pendant le voyage. Cette personne se trouva être son fils." La mythologie grecque évoque aussi les sacrifices humains d'Iphigénie (dont le fond historique serait à peu près contemporain, cf. T. Römer, Dieu obscur, Labor et Fides, 1996, pp. 65-69) et de Polyxène.  

11 On trouve une défense de cette thèse dans G. L. Archer, Encyclopedia of Bible Difficulties, Zondervan, 1982, pp. 164-165

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