Un « appel national pour la création d'un mémorial en hommage aux enfants, femmes et hommes fragilisés par la maladie et le handicap, qui furent exterminés par le régime nazi ou condamnés à mourir par celui de Vichy » a été lancé par Charles Gardou, anthropologue, professeur à l’Université Lumière Lyon 2, qui conduit un travail universitaire sur le handicap. Il s’est associé à la députée européenne Sylvie Guillaume et à Jean-Marc Maillet-Contoz, directeur de Handirect.
Le Programme Aktion T 4 nazi
Lancé au début de la 2nde Guerre mondiale en Allemagne nazie le Programme Aktion T 4 conduisit à l’extermination de 275 000 personnes handicapées physiques ou mentales – selon les chiffres du Tribunal Militaire International de Nuremberg - soit asphyxiés par des gaz d’échappement de camion ou dans des chambres à gaz expérimentales, soit par privation de nourriture, soit à la suite d’injections mortelles. Au nom de l'"hygiène raciale", le Programme T4 fut appliqué à la façon d’une "ordonnance médicale", pour protéger le peuple de la "gangrène ou de la tumeur cancéreuse", que représentaient ceux que l'on jugeait "génétiquement inférieurs".
Ce plan d'extermination fut précédé et accompagné de stérilisations contraintes, pratiquées à partir de l'une des toutes premières législations nazies. On estime à 400 000 le nombre des personnes stérilisées entre 1934 et 1945, en incluant les territoires annexés au Reich allemand après 1937et tenus d'appliquer la même loi.
En France, si aucun programme d’extermination n’a été appliqué, cependant 40000 à 50000 malades mentaux en établissements psychiatriques sont morts de faim durant la 2ème guerre par abandon, absence de soin, sous-alimentation et autres maltraitances.
1987 : « L’Extermination douce » : le débat
En 1987 dans « l’Extermination douce » le psychiatre Max Lafont a étudié cette page oubliée de l’histoire de France dans laquelle la responsabilité du régime de Vichy est pleinement engagée.
Vingt ans plus tard, une historienne, Isabelle von Bueltzingsloewen, éclaire différemment les faits dans son ouvrage de 2007, « l’Hécatombe des fous ». Elle dénonce « le mode de gestion de la maladie mentale » en France à l’époque, elle parle de « phénomène de mort sociale » qui a conduit à délaisser les malades conduits à la mort par le rationnement qui est alors la règle en France. En effet les internés ne peuvent compléter, comme la plupart des Français, leur alimentation grâce au marché noir ou au système D. Ce n’est qu’en décembre 1942 qu’une circulaire attribue des suppléments de ration alors que le taux de mortalité des malades internés a doublé depuis 1940. Mais affirme-t-elle la famine « qui a décimé les internés n’a pas été voulue, encore moins planifiée. Ni par les autorités allemandes ou françaises, ni par les psychiatres ».
Cette position est remise en cause par Charles Gardou : « C’est parce que ces personnes handicapées étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, comme des personnes qui ne comptent pas que leur situation particulière n’a pas été prise en considération par les autorités. Cet abandon les a conduits à la mort. »
Un point détaillé sur de débat :
L’Allemagne a créé un site commémoratif du Programme T 4, et la France ?
En France, une pétition a été lancée : « qui se souvient de ces victimes ? Quel acte symbolique a été posé dans notre pays pour perpétuer leur mémoire ? Aucun, (…) Rendons-leur hommage et justice (…) parce que, ni hier, ni aujourd’hui, il n’est pas de vies minuscules méritant le mépris et l’oubli. »
Les auteurs de cette pétition posent la question de l’inacceptable oubli du destin tragique des enfants, des femmes et des hommes, fragilisés par la maladie et le handicap qui exterminés par le régime nazi ou condamnés à mourir par le régime de Vichy.
La France a le même devoir de mémoire et de respect pour ces victimes. Le pays des droits de l'Homme ne peut faire l’impasse sur un mémorial aussi symbolique. Pour les auteurs de la pétition la devise Liberté, Egalité, Fraternité qui donne un socle à notre République, la raison et l'éthique qui fondent notre citoyenneté, la vulnérabilité qui nous relie et nous humanise, la fragilité bafouée et persécutée, appellent, pour eux comme pour toutes les victimes de la barbarie, un devoir de connaissance et de vérité, un devoir de témoignage et d'humanité pour que plus jamais cela ne se reproduise.
Conclusion :
Sous aucun motif, la dignité et la valeur des existences humaines ne peuvent se hiérarchiser. Parce que, ni hier ni aujourd'hui, il n'est pas de vies minuscules méritant le mépris et l'oubli.
Pour compléter la réflexion: comment combattre les arguments des négationnistes qui nient la réalité de la Shoah ?
DES ARGUMENTS FACE AUX NEGATIONNISTES ET AUX ANTISEMITES
"AFFAIRE DIEUDONNE" : Comment argumenter face à ceux
qui nient la Shoah ?
A l'origine de cette pétition :
Charles Gardou, professeur à l'Université Lumière Lyon 2, consacre ses travaux et ses engagements nationaux ou internationaux au handicap
Jean-Marc Maillet-Contoz, lui-même en situation de handicap, directeur d'un magazine et organisateur d'événements sur le handicap
Premiers signataires :
Armand Ajzenberg - Auteur de L'abandon à la mort... de 76.000 fous par le régime de Vichy, nov. 2012, L'Harmattan.
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