LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE : LE SACRIFICE D’ ISAAC
Les sacrifices d’enfants coexistent avec ceux des prisonniers. L’enfant, être innocent et pur, a une valeur sacrificielle qui paraît plus grande. Beaucoup de cosmogonies évoquent des dieux dévorant leurs enfants – les contes pour enfants en ont conservé la trace dans la figure de l’ogre.
On retrouve des dieux dévorant leurs enfants dans la mythologie grecque, dans la mythologie mésopotamienne qui influence tout l’Orient méditerranéen et des traces sont présentes dans la Bible.
Voir : LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DE L’ENFANT-MARTYR : UNE HISTOIRE DU SACRIFICE (1)
& La dimension géopolitique de "l'enfant-martyr" :
(2) IPHIGENIE
2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE, LE CORAN ET LE MOYEN-ORIENT PRÉ -ISLAMIQUE
La Bible conserve la trace des sacrifices d’enfants au dieu Baal pratiqués par le Cananéens, les Phéniciens et les Carthaginois. Moloch dans la Bible est le nom du dieu auquel Ammonites cananéens sacrifiaient leurs premiers-nés en les jetant dans un brasier.
VOIR : La dimension géopolitique de "l'enfant-martyr" (3) : MOLOCH, JEPHTÉ
2.2 – LES SACRIFICES D’ENFANTS DANS LA BIBLE : ABRAHAM ET LE SACRIFICE D’ISAAC
c. Abraham et Isaac
Le sacrifice interrompu d’Isaac par Abraham dans le Judéo-Christianisme et dans l’Islam – fête de l’Aïd al-Kebir – marque l'abandon du sacrifice des enfants auquel est substitué un bélier, animal reproducteur et donc de grand prix.
L’épisode du sacrifice d’Abraham ( Etude de la Bnf et recension du diocèse d’Alsace 1 ) a suscité à toute époque de nombreux commentaires marqués par la perplexité, l’incompréhension ou l’indignation : comment un Dieu d’amour peut-il avoir une exigence aussi monstrueuse ?
Dans la Genèse 22, 1-12 « Après ces événements, il arriva que Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya 2 et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai. »
Abraham se leva tôt, sella son âne et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois de l’holocauste et se mit en route pour l’endroit que Dieu lui avait dit. Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l’endroit de loin. Abraham dit à ses serviteurs : « Demeurez ici avec l’âne. Moi et l’enfant nous irons jusque là-bas, nous adorerons et nous reviendrons vers vous. »
Abraham prit le bois de l’holocauste et le chargea sur son fils Isaac, lui-même prit en main le feu et le couteau, et ils s’en allèrent tous deux ensemble. Isaac s’adressa à son père Abraham et lui dit : « Mon père ! » Il répondit : « Oui, mon fils ! » – « Eh bien, reprit-il, voilà le feu et le bois, mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » Abraham répondit : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils », et ils s’en allèrent tous deux ensemble.
Quand ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva l’autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’Ange de Yahvé l’appela du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : «Me voici. »
L’Ange dit : « N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. »
Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s’était pris les cornes dans un buisson. Abraham alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. »
Remettons l’épisode dans son contexte ; à l’époque, les sacrifices humains étaient monnaie courante, ce qui explique qu’Abraham l’entende ainsi. Il semblerait, selon la tradition du christianisme, que la substitution au dernier moment d’un bélier au fils démontre avec force le refus absolu par Dieu de tout sacrifice humain. Cet épisode du sacrifice d’Isaac serait une sorte de mise en scène pour faire comprendre à Abraham que son Dieu n’est pas un de ces dieux sanguinaires à qui l’on offre un enfant en pâture mais un dieu « autre », unique, un Dieu d’amour, bien loin des divinités anthropomorphiques d’alors.
Selon Marc-Alain Ouaknin, cet épisode signifie aux hommes qu’on ne peut désormais plus jamais se croire autorisé à porter la main sur un autre homme au nom de Dieu. Le fait que le sacrifice n’ait pas lieu est tout à fait révolutionnaire et ce message rejoint celui des dix commandements : ce Dieu est un Dieu d’amour et de justice qui refuse la violence et plus encore celle qui est faite en son nom. Au début de l’ère chrétienne, l’auteur de la Lettre aux Hébreux souligne la foi qui animait Abraham :« Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac, et c’est son fils unique qu’il offrait en sacrifice, lui qui était le dépositaire des promesses, lui à qui il avait été dit : C’est par Isaac que tu auras une postérité. Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts ; c’est pour cela qu’il recouvra son fils, et ce fut un symbole. " Épître aux Hébreux 11, 17-20
En outre l’iconographie chrétienne reprend souvent le sujet d’Isaac portant lui-même le bois pour le feu du sacrifice. Son père Abraham marche en tête, avec le feu et l’épée. Cette image est mise en regard de celle représentant Jésus portant sa croix, pour bien signifier que l’épisode du sacrifice d’Abraham n’est autre qu’une préfiguration de la crucifixion, du sacrifice de Jésus sur la Croix : « Et cette porture de la croix […] fut préfigurée jadis en Isaac fils d’Abraham… » Comme Abraham offrant son fils sur l’autel du sacrifice, Dieu livre « son fils unique, bien-aimé » pour racheter les péchés des hommes. Comme Isaac porte le bois sacrificiel, Jésus porte sa croix (Jean 19, 27). Mais alors qu’Isaac fut remplacé « in extremis » par un agneau, c’est Jésus lui-même qui se substitue à l’agneau du sacrifice. Dès les premiers temps du christianisme, la Passion (agonie et mort) du Christ est interprétée comme sacrificielle et rédemptrice. Jean le Baptiste annonce la venue du Messie dans les Évangiles en l’appelant « l’agneau de Dieu » (Jean 1, 29). Jésus lui-même se désigne souvent comme « l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». En s’offrant comme victime consentante et en s’affirmant fils de Dieu, Jésus accomplit le « non-sacrifice » d’Isaac. Cependant, ce n’est plus l’homme qui offre un sacrifice à Dieu mais Dieu qui offre son fils, en le substituant une fois pour toutes à la multitude des hommes pécheurs. Le sacrifice acquiert une amplitude inégalée : il est universel et définitif.
1. Abondance de l'iconographie chrétienne
L’iconographie chrétienne est extrêmement abondante sur le sujet ( voir note 19), nous nous en tiendrons à quelques exemples en peinture. Le titre le plus souvent donné est « le sacrifice d’Abraham », plus rarement mais plus approprié on trouve le titre : « le sacrifice d’Isaac ».
Fresque paléochrétienne (v.320), au 15ème s. Mantegna Andrea (tableau de 1495)
Au 16ème siècle : Andrea del Sarto (tableau de 1525/1529), Pomponio Amalteo,
Le Caravage (tableaux de 1598/99 & 1603 )
Au 17ème siècle : Pedro de Orrente (tableau de 1616), Domenichino, Stomer Mathias,
Giovanni Battista Carlone, Laurent de La Hire ( tableau de 1650),
Rembrandt (tableaux de 1635 & 1655 )
Au 18ème siècle : Coypel Antoine, Giambattista Pittoni (tableau de 1720) , au 19ème s.: Moreau Gustave
2. ISAAC
§ Isaac est rarement un jeune enfant (fresque paléochrétienne, Mantegna, Pomponio), toutes les autres œuvres le figurent comme un adolescent ou un jeune homme (en unité avec la tradition juive et musulmane). Il est presque toujours représenté les mains liées à 4 exceptions près (Stomer, une œuvre de Rembrandt, Antoine Coypel, Gustave Moreau). L’absence de lien veut signifier le consentement d’Isaac à la volonté de Dieu et chaque fois Isaac est présenté comme un jeune homme. Les artistes représentent parfois Isaac, les yeux bandés – afin qu’il ne voit pas le moment où Abraham va porter le coup de poignard à la gorge (Pedro de Orrente, Carlone Giovanni Battista, Pittoni Giambattista).
Rembrandt traite Isaac avec une originalité, c’est Abraham qui couvre de sa main le visage d’Isaac.
La position de son corps varie, le plus souvent à genoux ou couché, sur le bûcher ou à proximité.
Parfois le bûcher est remplacé par un autel de pierre (Fresque paléochrétienne, Mantegna Andrea, Andrea del Sarto, Laurent de la Hire) pour signifier que la sacrifice d’Isaac préfigure la mort de Jésus en croix qui est rappelée et actualisée sur l’autel à chaque Eucharistie.
Sur le tableau d’ Andrea del Sarto la Croix apparaît dans les branches de l’arbre derrière Abraham et Isaac ).
D'ailleurs l’autel de pierre est parfois associé non pas à un bélier comme le dit le texte biblique mais à un agneau ou un mouton , car Jésus dans l’iconographie chrétienne est « l’agneau de Dieu » livré pour libérer l’homme du péché. Les expressions du visage et les attitudes du corps d’Isaac sont assez semblables, le plus souvent elles montrent la soumission, la résignation - Isaac attend le coup porté par Abraham - et parfois la peur sinon la terreur ( Le Caravage).
3. ABRAHAM
§ Abraham est presque toujours représenté avec le couteau du sacrifice à la main – prêt à obéir à l’ordre de Dieu même s’il dépasse son entendement - à trois exceptions, dans un des tableaux de Rembrandt , le couteau tombe de sa main à la suite de l’injonction de l’ange, deux autres tableaux situent la scène avant qu’Abraham se décide à accomplir le sacrifice (Antoine Coypel, Moreau Gustave).
Dans presque toutes les œuvres Abraham ne regarde jamais vers Isaac, comme s’il ne voulait pas rencontrer le regard de son fils quelques minutes avant le sacrifice fatal, soit il regarde vers le Ciel, attendant une réponse à sa supplication intérieure, soit vers l’ange qui vient d’apparaître. Seule exception dans notre échantillon, Antoine Coypel a choisi de représenter un Abraham affligé, la tête contre celle de son fils, son bras gauche sur son épaule, dans un geste ultime d’affection mais sa main droite montre le ciel d’où est venu l’ordre funeste , le poignard est encore au sol. L’expression de son visage oscille entre l’incompréhension douloureuse et la sombre résignation, mais les yeux tournés vers le ciel ou vers l’ange expriment malgré tout une attente, un espoir.
4. L'ANGE
§ L’Ange est presque toujours représenté ( dans le tableau de Gustave Moreau l’ange ressemble à un nuage or – la couleur divine - ) , à 2 exceptions près : la fresque paléochrétienne , et le tableau d’Andrea Mantegna qui montre l’intervention directe de Dieu par une main en haut à droite du tableau. Elle est aussi suggérée par un rayon venu du ciel dans une gravure de Rembrandt :
Les attitudes de l’ange sont de deux sortes, soit il annonce paisiblement le plan d’Amour de Dieu sur Isaac et Abraham (Andrea del Sarto, Le Caravage 1598 ), soit le plus souvent l’ange intervient pour retenir le bras armé d’Abraham (Pomponio Amalteo, Le Caravage 1603 et 1598, Pedro de Orrente, Domenichino, Stomer Mathias, Giovanni Battista Carlone, Laurent de La Hire, Giambattista Pittoni) parfois il semble être en lutte avec Abraham qui veut à tout prix obéir à Dieu et craint d’être détourné par un faux messager de Dieu ( Rembrandt : dans une eau forte sur papier de 1655, l’ange prend Abraham à bras le corps et lui tient les deux bras. Cet entêtement semble horrifier l’ange (Pomponio Amalteo).
Pour exprimer l’ordre de ne pas toucher à l’enfant, l’ange montre le ciel ( Laurent de La Hire, Rembrandt 1635, Giambattista Pittoni) ou il montre le bélier envoyé par Dieu en lieu et place d’Isaac. (Pomponio Amalteo, Le Caravage 1598 & 1603, Pedro de Orrente, Domenichino, Giovanni Battista Carlone ).
5. LE BELIER
§ Le bélier de substitution dont parle la Bible n’apparaît pas toujours soit parce que la scène précède le moment où Abraham met Isaac sur le bûcher (Coypel Antoine) soit parce que le peintre veut d'abord mettre en évidence l’ordre de Dieu de préserver Isaac (Rembrandt 1635 & 1655). Parfois le bélier devient un agneau ou un jeune mouton car Jésus dans l’iconographie chrétienne est « l’agneau de Dieu » livré sur la croix pour libérer l’homme du péché (Fresque paléochrétienne, Mantegna Andrea).
6. MIDRASH ET CORAN
L’iconographie chrétienne représente souvent Isaac comme un enfant ou un adolescent, alors que selon le midrash juif , Isaac aurait 37 ans au moment de cet épisode, c’est donc une victime consentante qui s’avance vers l’autel du sacrifice ; la cruauté du geste paternel s’en trouve atténuée, et Isaac, au même titre que son père, devient un modèle de foi. Dans la littérature midrashique, ce n’est plus Abraham mais Isaac qui devient le personnage central : « Si le saint, bénit soit-il, me demandait tous mes membres, je ne les lui refuserais pas. Lie-moi bien pour que je ne me débatte pas à cause de l’angoisse de mon âme de telle sorte qu’il se trouve une tare dans ton offrande et que je sois précipité dans la fosse de perdition. » En un parfait accord, les volontés du père et du fils se rejoignent. Une autre tradition midrashique s’appuie sur l’ambiguïté de l’expression « offrir en holocauste », littéralement « faire monter en montée », pour affirmer qu’Abraham, influencé par le contexte religieux de son époque, aurait mal compris l’ordre divin. Là où Dieu lui enjoignait de consacrer son enfant au ciel, Abraham a compris « faire monter en fumée », comme lorsqu’on consume la victime d’un sacrifice.
POUR UNE LECTURE PLUS FACILE AGRANDIR LE DOCUMENT SUIVANT AU MAXIMUM EN CLIQUANT DESSUS
Sur ce point, le texte coranique se rapproche de la tradition rabbinique : le fils est un adulte volontaire. C’est en songe ou en vision qu’Abraham se voit immoler son fils. Il raconte ce rêve à son fils (« qu’en penses-tu ? ») qui s’offre sans hésiter. « Nous lui avons alors annoncé une bonne nouvelle : La naissance d’un garçon, doux de caractère. Lorsqu’il fut en âge d’accompagner son père, Celui-ci dit : « Ô mon fils ! Je me suis vu moi-même en songe, Et je t’immolais ; qu’en penses-tu ? » Il dit : « Ô mon père ! Fais ce qui t’est ordonné. Tu me trouveras patient, Si Dieu le veut ! » Après que tous deux se furent soumis, Et qu’Abraham eut jeté son fils, le front à terre, Nous lui criâmes : « Ô Abraham ! Tu as cru en cette vision et tu l’as réalisée. C’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien : Voilà l’épreuve concluante. » Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel. Nous avons perpétué son souvenir dans la postérité : « Paix sur Abraham ! » Coran sourate 37, 101-109.
Comme dans la vision midrashique, le père autant que le fils sont consacrés pour leur foi sans faille. C’est l’interprétation qu’Abraham fait de sa vision, confortée par celle de son fils, qui est à l’origine de l’acte sacrificiel. Cette dimension onirique (absente du texte biblique) est souvent commentée par les exégètes musulmans comme Ibn ’Arabî 3 qui interprète que c’est en fait un bélier qui est apparu sous les traits de son fils. Selon certains soufis, l’épreuve d’Abraham consisterait à donner son vrai sens à la vision, qui n’est pas d’immoler son fils mais de le consacrer à Dieu, ce en quoi il est récompensé : «Ô Abraham ! tu as cru en cette vision et tu l’as réalisée ; c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien ; voilà l’épreuve concluante » (Coran 37, 103). C’est la foi conjuguée du père et du fils qui sauve ce dernier des flammes. On rejoint ici l’interprétation judaïque.
Conclusion :
Depuis la nuit des temps l’enfant est au cœur de la vie des sociétés humaines, il est porteur de leur avenir et de la perpétuation des traditions et des héritages. Comme la jeunesse il a donc une place symbolique qui peut conduire, au nom du salut de la société qu’il personnifie, à son sacrifice, contraint ou volontaire. L’enfant-martyr – qui peut être un adolescent, un jeune homme ou une jeune femme - est donc au cœur de l’expérience politique de nombreuses sociétés dans lesquelles un système social est menacé – le sacrifice de l’enfant est censé éradiquer le déclin – ou naissant - le sacrifice souvent volontaire d’un enfant pour une idée nouvelle, embelli par la tradition, la légende ou la propagande, vient fonder, enraciner le nouveau système -.
L’enfant-martyr revêt donc une valeur politique et même géopolitique car l’épisode – qui prend souvent l’allure dune « affaire d’Etat » - s’inscrit dans une société, un pays et un temps donnés.
1 http://expositions.bnf.fr/parole/pedago/fiche_4.pdf
http://expositions.bnf.fr/livrarab/pedago/religions/sacrifice.htm
http://expomusees.orange.com/oeuvres-peintures-arts/?query=sacrifice+d%27Abraham
2 Pays de Moriyya, ou Moriah : lieu où se situe, selon la tradition, le Temple de Jérusalem.
3 Né à Murcie (sud de l’Espagne) en 1165 et mort en 1240 à Damas. Grand auteur mystique, maître du soufisme appelé aussi « le plus grand des maîtres », auteur de 846 ouvrages. Son oeuvre aurait influencé Dante et saint Jean de la Croix.